Joyce Azar
« Le retour du Vlaams Belang, la fausse surprise électorale »
« C’est le premier jour de la prochaine campagne électorale, et ça s’annonce merveilleusement bien pour le Vlaams Belang. » Réjoui, Filip Dewinter, figure de proue de l’extrême droite flamande, au soir du 14 octobre.
Au nord du pays, son parti est, avec Groen, l’une des deux formations ayant le plus progressé aux communales. Le seul aussi à n’avoir reculé nulle part. Dans plusieurs communes, dont Denderleeuw, Sint-Niklaas ou Schoten, le VB est arrivé premier ou deuxième. A Ninove, il est même à deux sièges d’une majorité absolue, avec 40 % des suffrages. Des résultats auxquels peu de monde s’attendait. D’aucuns estimaient même que le Belang était cliniquement mort. Certains facteurs, pourtant, laissaient présager un retour en force du parti de Tom Van Grieken.
Habituellement, les thèmes qui dominent une campagne tendent à influencer le résultat électoral. Le phénomène s’est confirmé en Flandre, où les débats ont principalement tourné autour de la mobilité, de la pollution de l’air, de la migration et de l’identité. En misant sur ces deux derniers sujets, la N-VA s’est tiré une balle dans le pied. Au fil des mois, ses représentants ont contribué à réveiller des sentiments xénophobes, qui profitent aujourd’hui à leur principal adversaire. Un cordon sanitaire a ainsi été brisé : celui autour des idées du VB, » qui sont devenues mainstream grâce à Theo Francken « , comme l’a remarqué avec gratitude Tom Van Grieken. Or, comme le rappelle, d’un ton amusé, Filip Dewinter, » l’original est toujours mieux que la copie « .
Le VB parvient de nouveau à séduire de nouvelles recrues. Parmi elles, sans doute, des jeunes, statistiquement vulnérables aux discours extrémistes.
Le Vlaams Belang a-t-il pour autant récupéré les voix siphonnées depuis des années par le parti de Bart De Wever ? Rien n’est moins sûr. Si, dans certaines communes, on remarque que les pertes du second coïncident avec les avancées du premier, les deux formations ont progressé simultanément dans d’autres localités, comme Alost ou Turnhout. L’effet de vases communicants ne serait donc pas systématique. Ce qui démontre que la Flandre vire incontestablement vers la droite dure. Et que le VB parvient de nouveau à séduire de nouvelles recrues. Parmi elles, sans doute, des jeunes, statistiquement vulnérables aux discours extrémistes. Cette année, ils étaient 300 000 à voter pour la première fois. Et c’est probablement sur les réseaux sociaux, où la campagne a battu son plein, que leur premier contact avec les politiques s’est tissé. Tout bénéfice pour le Belang, de loin le parti flamand le plus populaire sur Facebook, avec plus de 240 000 abonnés.
Comme dans la majorité des pays nordiques, la Flandre ne semble plus échapper à la vague populiste et identitaire qui fait trembler l’Union européenne. A 32 ans, Tom Van Grieken surfe habilement dessus, par un discours antisystème et antimigration, mais aussi par des thèmes sociaux porteurs : chômage, pensions, pouvoir d’achat, protectionnisme… Des domaines où la N-VA se révèle trop libérale pour les citoyens les plus défavorisés et les laissés-pour-compte. Si, au lendemain du 14 octobre, on ne peut pas parler de marée brune, les avancées du Vlaams Belang sont de mauvais augure : le parti obtient traditionnellement de moins bons scores aux élections locales…
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