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Le Premier mai de toutes les divisions

Olivier Mouton Journaliste

Un MR arrogant face à un PS frustré, des partis de gauche francophones en vive concurrence et un front commun syndical en lambeaux : la fête du Travail est à l’image du chaos politique actuel. La preuve, aussi, que la stratégie libérale du « diviser pour régner » fonctionne.

Le Premier mai sera explosif ou ne sera pas. Cette année, le contexte de tensions tous azimuts dans le monde francophone portera à un nouveau sommet ce moment de folklore politique. Entre MR et PS, rien ne va plus depuis la formation des gouvernements et la naissance de majorités asymétriques, l’été dernier. A gauche, les partis rivalisent de surenchères pour capter la colère des travailleurs affectés par la crise. Syndicalement, le front commun vacille sous les coups de boutoir gouvernementaux, avec les élections sociales de 2016 en ligne de mire.

Le paysage politique, complètement chamboulé, n’en finit plus de transgresser les règles du jeu belges et de brouiller tous les repères.

Aussi, c’est désormais à Jodoigne que les regards se tournent cette année, là où le MR organise pour la 25e fois une fête lancée à l’époque par Louis Michel, furieux de voir les socialistes monopoliser cet électorat crucial. Mot d’ordre : le vrai parti du travail, c’est nous ! C’est là que Charles Michel et les siens vont sublimer leur audace d’avoir rejoint le gouvernement fédéral comme seul francophone, en présence d’une importante délégation de l’Open VLD « car nous sommes l’axe de stabilité de la Belgique actuelle ». Là, aussi, que la CSC manifestera pour exprimer son mécontentement et montrer paradoxalement où les feux de l’actualité doivent se braquer. « Au début, on nous prédisait la pire catastrophe, souligne Olivier Chastel, président du MR, au Vif/ L’Express. Mais nous engrangeons de façon sereine les points de notre accord de gouvernement. Nous avons une ligne et nous avançons. Notre programme est exclusivement socio-économique, pour doper l’emploi et relancer l’activité, meilleures manières de sauvegarder la sécurité sociale. »

Au PS, on a tendance à hausser les épaules, même si l’embarras est perceptible. Car oui, regrette-t-on pour l’heure dans les rangs socialistes, la croisade « kamikaze » des libéraux francophones se déroule mieux qu’annoncé. Avec un Elio Di Rupo resté longtemps meurtri de ne pas avoir retrouvé le 16 et une Laurette Onkelinx démontée au Parlement, le PS semble frustré, en quête d’un nouveau souffle. « Non, nous ne sommes pas dans une position difficile, se défend-on au boulevard de l’Empereur, même si nous avons entendu les nombreuses critiques des médias affirmant que l’on exagère. »

Le PS continuera donc à dénoncer avec virulence et tous azimuts les mesures « profondément injustes » prises par le gouvernement Michel. « Et nous sommes convaincus que le temps nous donnera raison ». S’ajoute à cela une frustration : « Il est très difficile de faire exister le fait régional. Quand nous annonçons une décision importante, il y a trois journalistes présents dans la salle. » Pour autant, le PS compte bien montrer sa capacité à représenter une alternative. A gauche, toute ! « Il existe d’autres voies que l’austérité pour sortir de la crise, clame-t-on à sa tête. Il faut cesser de croire que ces mesures antisociales sont obligatoires comme la droite le prétend. » Tout un symbole : la garde des Sceaux française, Christiane Taubira, dernière rebelle gauchiste du président Hollande, sera présente à la tribune du Premier mai à Bruxelles aux côtés de Laurette Onkelinx. Message subliminal : non au néoréalisme libéral de Manuel Valls.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • le PTB en embuscade- la FGTB tiraillée comme jamais
  • Marc Goblet : « Je suis fatigué de ces accointances politiques que l’on me prête »
  • – la nouvelle attaque en règle de la CSC
  • la stratégie du MR : diviser pour régner

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