Le prédicateur Morris Cerullo en Belgique : j’y étais et tout est vrai
Les locaux de la fondation Olangi Wosho sont situés à quelques mètres de la station de métro Jacques Brel, dans une impasse industrielle à l’abri des regards. Le 12 juillet, plusieurs dizaines de voitures familiales y étaient garées. Leurs passagers étaient là pour écouter le prédicateur Morris Cerullo.
À l’extérieur de la salle, des hommes en costumes noirs portant l’insigne « Ordo Vigilantia Milano » sécurisent l’accueil. À l’intérieur de la salle, des volontaires en tenue noir et jaune, badgés « Protocole » placent les fidèles. Sur chaque siège — nous y reviendrons — une enveloppe. Partout où va le regard, il y a des banderoles qui proclament » Jésus-Christ est seigneur » ou « L’éternel est mon berger ». Au fronton de la salle : « lieu de rencontre entre l’homme et Dieu ».
C’est le pasteur local qui prend la parole en premier. Il emmène l’assemblée de prières en cantiques. Les « alléluia » et « amen » fusent spontanément. Certains utilisent des sifflets ou des cornes de brume. Les décibels ont raison d’un spectateur qui ne semble pas être un habitué préfère quitter la salle. Toute l’assistance est invitée à défiler au pied de l’autel pour déposer une offrande. Dans les paniers quelques petits billets et des enveloppes.
Enfin, le « docteur » Cerullo arrive. Aucun titre universitaire dans la biographie de ce self-made-man. Il a 86 ans, son mariage avec « Mama » (également présente) aura bientôt 66 ans. Sa voix est frêle. Il parle doucement. Il dit qu’il a converti en un soir 200 000 musulmans indonésiens, réunis dans un stade (le plus grand stade indonésien compte 80 000 places). En fond de scène, debout, Marc Masson, son fils spirituel, traduit son discours. Très vite, l’énergie revient dans la voix du prédicateur. Entre l’énergie en V.O. et l’énergie de l’interprète, il ne manque qu’un changement de fond musical pour se croire à un concert de rap.
Impossible d’être imperméable à la ferveur des fidèles. Paumes tournées vers le ciel, dans un dialogue divin en tête à tête, intense au point de ne pas se rasseoir après avoir été encouragé à « parler les langues », la salle (500 personnes environ) est incandescente.
Voilà qu’apparait sur l’écran géant une photo de jambe mangée par une vilaine vascularite. Ce serait celle de Morris Cerullo. Il a prié, il a senti une intervention divine et… le voilà qui retrousse une jambe de son pantalon : sa jambe est guérie. Seuls les pasteurs présents seront autorisés à la toucher.
Vient le moment de l’enveloppe que chacun a trouvé sur son siège. À 86 ans, ce n’est pas pour lui que Morris Cerrulo construit un centre à San Diego, c’est pour les fidèles. C’est donc en quelque sorte pour eux-mêmes qu’ils sont vivement encouragés à verser 100 euros ou plus. Toutes les instructions pratiques sont dans l’enveloppe. Le centre coutera 160 millions de dollars et il manque 30 millions pour un paiement en cash. Pourquoi ne pas se tourner vers les banques ? « Nous avons la banque du ciel ! » Ma voisine, une petite dame âgée, glisse (au moins) un billet de cent dollars dans la sienne.
L’assemblée prend congé. Station Jacques Brel, le métro arrive plus vite que le retour à une réalité factuelle.
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