Le plus grand danger pour la N-VA reste la N-VA
Le parti nationaliste n’en mène pas très large. Ce ne sont pas ses performances électorales qui le donnent à penser, mais ses prestations politiques. La formation de Bart De Wever a en effet atteint les limites de ses ambitions.
Depuis quelque temps, hormis la remarquable opération menée contre l’ACW (le mouvement ouvrier chrétien flamand), le parti qui défie le système politique tout entier fait davantage parler de lui par ses déclarations que par ses idées ou ses analyses. Il y a eu d’abord l’interview « en électron libre » de Geert Bourgeois, l’un des fondateurs de la N-VA, proclamant que le séparatisme en restait l’objectif. Ensuite, la déclaration de Jan Peumans (président du parlement flamand) en Serbie sur le fédéralisme belge, « unique et riche en enseignements ». Même Bart De Wever n’a pas réussi à clarifier le tableau. Selon le président, totalement absorbé par l’administration de la métropole anversoise, on peut à la fois aimer la Belgique et voter N-VA. Une affirmation défendable sur le plan intellectuel mais qui suscite l’impression que le parti ne sait plus trop ce qu’il veut. Ou qu’il veut trop de choses à la fois.
La N-VA entend améliorer l’efficacité à tous les niveaux politiques du pays. Qui ne le veut pas ? Ben Weyts (vice-président) a déclaré que « confédéralisme » signifie « trouver des solutions propres à des problèmes propres ». Or, c’est une définition qui figure dans tous les manuels consacrés au fédéralisme. Pour la N-VA, une compétence ne peut être maintenue au niveau fédéral que si cette approche favorise l’efficacité. Jamais un parti flamand n’a prétendu le contraire. Mais que veut donc le parti nationaliste ?
Lorsqu’il s’agit pour lui de recoller les morceaux après le discours musclé de Geert Bourgeois, De Wever affirme que la N-VA veut « une évolution », y aller « pas à pas », et « éviter le chaos » à tout prix. Des mots qui contrastent avec la teneur d’une interview parue dans De Standaard le 2 février dernier : « Nous nous dirigeons en 2014 vers une confrontation totale, inédite. La N-VA est un parti qui, après les élections, veut un moment comme nous n’en avons jamais connu. Nous voulons une révolution copernicienne du système. Et les autres partis estiment qu’ils font du bon boulot. Cela mènera immanquablement à un clash en 2014. »
Une confrontation totale, inédite, une révolution fracassante du système, un clash… mais aussi une évolution pas à pas… Cette fois encore, le raisonnement se défend sur le plan intellectuel. Mais le plus grand danger pour la N-VA reste la N-VA : le parti souffre des maux inévitables qui accompagnent la croissance et qui, dans son cas, sont encore aggravés par un succès inédit. En effet, la tête du parti a tellement à faire qu’elle n’aura bientôt plus le temps de s’occuper de sa propre formation. Plus importante encore est l’ambition que le parti s’est imposée : la N-VA a fait d’elle-même l’enjeu des élections. Elle doit dès lors se hisser bien au-delà des 30 %, et s’orienter même vers la norme Bourgeois (40 %). Pour plaire au plus grand nombre possible, le parti semble devenir prudent et vouloir manger à tous les râteliers.
Heureusement, la N-VA a face à elle les autres partis qui, ensemble, symbolisent « Le Système Belge ». Le dégoût à l’égard de ce système bancal qui ne peut pas garantir l’avenir de notre prospérité constitue l’hormone de croissance du succès de la N-VA. Et elle surpasse en force ses propres faiblesses.
Retrouvez la chronique de Thierry Fiorilli les lundis et mardis à 7 h 20 sur Bel-RTL Matin.
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