Le palmarès des députés wallons
Le Vif/L’Express passe au crible le travail des 233 élus francophones à la Chambre, au Sénat, aux parlements wallon, bruxellois et communautaire. Enseignement majeur de la première édition de ce classement annuel : ceux qui ne cumulent pas les mandats sont les plus actifs. Voici le bilan à l’assemblée wallonne.
Ils sont 75 francophones au parlement wallon (29 PS, 19 MR, 14 Ecolo, 13 CDH et 1 indépendant). La moyenne de la productivité parlementaire pointe à 51,6.
En tête de notre palmarès : le socialiste Edmund Stoffels, loin devant, suivis de Willy Borsus, Jean-Luc Crucke, Gilles Mouyard et Sybille de Coster-Bauchau, 4 députés libéraux, seuls dans l’opposition.
En queue de peloton : Maurice Mottard, député-bourgmestre PS, Christian Dupont, député-bourgmestre PS, ex aequo avec Serge Kubla, député-bourgmestre MR et Maggy Yerna, député-échevine PS. Viennent ensuite Marcel Neven, député-bourgmestre MR, Marcel Cheron, sénateur-député Ecolo, Alfred Gadenne, député-bourgmestre CDH, et Benoît Langendries, député CDH. Viennent ensuite quelques députés wallons « à temps-partiel » : Jean-Charles Luperto, président PS du Parlement de la Communauté française et maïeur, André Bouchat, député-bourgmestre CDH ou encore Virginie Gonzalez Moyano, députée-échevine PS, et Françoise Fassiaux- Looten, députée-bourgmestre PS.
Si l’on passe au crible les chiffres par formation politique, on constate que sur 29 députés PS, à peine 6 pointent au-dessus de la moyenne. Edmund Stoffels reste, au sein du PS, le député le plus productif et fait donc exploser la moyenne. Il est suivi de Graziana Trotte, députée-échevine, et de Claude Eerdekens (PS), député-bourgmestre. Leurs collègues Ecolo sont 2 sur 14 à franchir la moyenne. Stéphane Hazée est le député Ecolo le plus productif. Sur les 13 CDH, 1 dépasse la moyenne : il s’agit de Maxime Prévot, député-bourgmestre. Quant aux 19 parlementaires MR, 9 se classent au-dessus de la moyenne, dont 4 dans le top 5.
Notre méthode
Ce classement, calculé à partir des comptes rendus et des données collectées sur les sites des différentes assemblées, demeure un bon baromètre. Il offre aux électeurs un indicateur assez précis de la participation des députés aux travaux législatifs. Pour autant, les chiffres ne sont pas toujours à prendre pour argent comptant : ces statistiques favorisent les députés qui ont une structure importante derrière eux et les sont généralistes. Par contre, les spécialistes sont souvent défavorisés : ils ne prennent la parole que sur leur sujet, où ils sont souvent incontournables.
Les chiffres se focalisent aussi sur les individus, alors qu’il y a une dimension collective dans le travail parlementaire. Enfin, les chiffres ne montrent pas que ce sont souvent les assistants parlementaires qui écrivent les questions, qu’il est plus difficile pour un député n’appartenant à aucun groupe de prendre la parole en séance ou que les élus doivent aussi assurer leur travail dans leur localité…
Cela dit, « ce type d’exercice pointe les députés qui ne font rien », déclare Jean Faniel, politologue au CRISP, qui commente les résultats : les moins bien classés peuvent difficilement contester leur étiquette de cancre. Et notre classement laisse apparaître des parlements divisés en trois : ceux des bons élèves, des « peut mieux faire » et des médiocres. Les bons élèves ne sont pas les médiatiques. Ils appartiennent très souvent à l’opposition et bien souvent ne sont pas des « cumulards ». Les « peut mieux faire » se classent dans le milieu du classement, en ne brillant donc pas par leur activité sans pour autant démériter. Enfin, il y a les médiocres dissimulent leur inactivité derrière des textes co-signés ou des questions écrites. Ce sont souvent aussi des politiciens professionnels, qui occupent d’autres fonctions, qui les éloignent de l’hémicycle, qui clament que le cumul seul leur donne l’expérience de terrain et la proximité avec les électeurs.
L’activité est à observer avec le taux de présence. Il mérite toutefois des nuances : il suffit, en effet, de venir « pointer » aux votes, quitte à décamper illico, pour être comptabilisé, de faire simplement acte de présence en commission, et se consacrer en réalité à des tâches « privées » (ou qui relèvent de leurs mandats locaux)…
Pour chaque député, les critères suivants ont été comptabilisés depuis septembre 2012 jusqu’à juin 2013 : le nombre de propositions de loi, de résolution, de décret ou d’ordonnance, le nombre d’amendements, le nombre de questions écrites, orales, d’interpellations, le nombre de rapports écrits, les interventions dans les débats. Le classement est obtenu par l’addition des critères, et une moyenne permet de les comparer. Notre classement prend également en compte les présences aux séances plénières. Le classement général permet ainsi d’évaluer pour chaque élu l’investissement réel et l’assiduité.
Les tableaux (Chambre, Sénat, Parlement wallon, Parlement bruxellois et Parlement de la fédération Wallonie/Bruxelles) et l’analyse de Jean Faniel, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.
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