Le MR et le CDH prolongent la valse des changements de nom des partis
Georges-Louis Bouchez, président du MR, veut un label rappelant la fierté libérale. Maxime Prévot, président du CDH, entend marquer le renouveau humaniste. Le marketing politique est devenu une nouvelle façon d’exister.
Le MR pourrait être rebaptisé « Mouvement des libertés ». C’est ce que laisse entendre La Libre ce mercredi matin, en évoquant des sources internes au parti.
« Nous sommes revenus à une ère beaucoup plus idéologique, en partie en raison de la pression des formations populistes,souligne l’une d’entre elles. On peut ne pas aimer ce genre d’idées mais, quand on évoque le Parti socialiste, tout le monde voit de quel courant politique on parle. Il faut par conséquent rappeler qui nous sommes: des libéraux. »
Georges-Louis Bouchez, président du MR, a déjà affirmé sa volonté de changer le nom du parti, en conservant l’idée de « mouvement », et met en permanence l’accent dans sa communication sur la « fierté » d’être libéral« .
Le @MR_officiel porte son nom depuis 20ans. Il est aux yeux de bcp de membres essentiel de changer le nom du parti afin de souligner la référence aux libertés et au libéralisme. La proposition de @GLBouchez de rebaptiser le #MR en Mouvement des libertés va dans le bon sens !
— José Vanobost (@JoVanobost) August 18, 2021
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José Vanobost, président des Jeunes MR bruxellois, estime déjà que « la proposition de Georges-Louis Bouchez va dans le bon sens« .
Ce sera une rupture avec l’option de « Mouvement réformateur » choisie en 2002 sous feu Daniel Ducarme, père de Denis, alors président du parti. « Parler des réformateurs plutôt que des libéraux semblait plus neutre et rassembleur à une époque où les différences entre la gauche et la droite s’estompaient en apparence », précise-t-on encore. Un retour aux sources du « parti de la liberté et du progrès », en abandonnant l’étiquette de parti. La volonté, comme à Mons, consiste aussi à tenter d’ouvrir les portes du parti à des élus d’autres formations politiques.
Certains s’opposent toutefois, en interne, à un tel changement. Denis Ducarme, candidat déçu de Georges-Louis Bouchez à la présidence du MR, est de ceux-là: « Après une crise, il importer de garder les mêmes références« , plaide-t-il à La Libre.
Au CDH aussi, on change
Au CDH aussi, bien mal en point depuis des années, le processus de refonte du parti est en cours. Avec changement de nom à la clé, au début de l’année prochaine.
« On a pu associer 20.000 personnes avec la plateforme Il fera beau demain« , se réjouissait récemment Maxime Prévot, président du CDH, à L’Echo. Il y a donc une attente pour un mouvement politique plus participatif et moins empêtré dans les vieilles pratiques. On va réunir les gens et aller à leur rencontre, avec la volonté, fin janvier début février, d’organiser la convention nationale pour qu’un nouveau mouvement politique prenne le relais du CDH avec une doctrine plus en phase avec notre temps. »
Le CDH avait vu le jour sous la présidence de Joëlle Milquet, en 2002 également, à l’issue d’un profond travail de réflexion idéologique, à l’issue duquel le label « chrétien » avait été abandonné. Une révolution, alors. Alain Raviart, porte-parole du CDH d’alors et d’aujourd’hui, rappelait cette semaine dans Le Soir qu’il s’agissait du moment le plus fort de sa carrière, mais regrettait une communication ayant alors donné l’impression que le parti était « scotché » au PS.
DeFI est le troisième larron des changements de nom du côté francophone: il a délaissé son nom de FDF en 2010 pour cesser de donner une image strictement communautaire et francophile.
Une forte tradition en Flandre
Du côté francophone, ces trois partis poursuivent une tradition qui vit surtout en Flandre, où la plupart des formations ont changé de nom avec la volonté de donner une image de renouveau politique.
Le dernier en date n’est autre que le parti socialiste flamand du jeune président Conner Rousseau. Après avoir changé de label de SP à SP.A (pour Anders, Autrement), il a désormais abandonné toute référence explicite au socialiste dans le nom: le voilà devenu Vooruit. De nombreux socialistes francophones avaient regretté cette mutation.
Avant cela, le CVP est devenu CD&V en 2001, mais en conservant le label chrétien: Christen-Democratisch en Vlaams. Le PVV est devenu VLD en 1992, puis Open VLD en 2007: Open Vlaamse Liberalen en Democraten. Les deux partis insistent sur leur identité flamande, mais ont fortement chuté dans leurs résultats électoraux depuis.
La Flandre a aussi été marquée, il est vrai, par la disparition de la Volksunie en 2001, avec des transfuges vers les autres partis et la naissance de deux nouveaux partis: Spirit et la N-VA. Le premier s’est allié au SP.A, tandis que le deuxième vit la carrière que l’on sait depuis une alliance rompue avec le CD&V d’Yves Leterme.
A l’heure où le désir de politique s’essoufle chez les citoyens, le changement de nom est une opération marketing, souvent désireuse de montrer une rupture de ton et de pratiques. Le risque est d’éviter que ce ne soit perçu comme une entourloupe ou que l’on considère ce changement comme une opération purement cosmétique.
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