Renaud Duquesne
Le MR est-il « Galant » ?
« Le Livre de Jacqueline Galant, « Je vous dis Merde « , ne laisse pas indifférent, surtout au sein du Mouvement Reformateur.
Nous serons tous d’accord pour dire que la liberté d’expression, qui plus est chez les libéraux, est un bien sacré inviolable. Chacun est libre de s’exprimer sur son vécu personnel et, en l’espèce, Jacqueline Galant est libre de le faire sur la douloureuse expérience qui a été la sienne en tant que ministre de la Mobilité.
À chacun sa liberté d’être juge de son action et d’en tirer les conclusions qu’il lui sied.
On aime ou on aime pas Jacqueline Galant. Et c’est très bien ainsi. Il est en effet toujours inquiétant de faire l’unanimité. Mais il ne faut jamais oublier le respect dû à la personne et à ce qu’elle est et représente.
Force donc est de constater que son message dénote dans un milieu politique où tout est codifié et ou l’allégeance souvent imposée ou induite, au Chef et au Parti, brime les envies de s’exprimer librement.
On a déjà fait comprendre à Jacqueline Galant, si on a bien lu divers journaux et regardé les JT, qu’elle devait faire attention à son avenir si elle persistait dans son attitude et que tout ce qu’elle publiait dans son livre n’était que victimisation. On a même été jusqu’à parler de vulgarité. Comme si exprimer son humanité, ces blessures et ces désillusions étaient vulgaire. On rêve. En un mot: ça ne se fait pas de dire ce que l’on pense en politique, surtout quand on a des responsabilités, et encore moins d’exprimer des émotions.
On est donc toujours étonné d’entendre dire que, pour réussir en politique, on se doit d’être un poisson froid, impitoyable, dénués de sentiments et de passion.
Comment ce dogme, qui a la vie dure, est-il compatible avec le rôle d’un homme ou d’une femme politique qui se doit d’être proche des gens, de leurs attentes et de faire en sorte de les rendre heureux par les politiques menées ?
Est-ce à dire que l’on doit faire confiance à des êtres cyniques pour être gouvernés ?
À des gouvernants dépourvus d’états d’âme pour qui l’expression d’un vécu difficile est un acte de faiblesse ?
Ne faut-il pas commettre des erreurs pour grandir ?
Ne dit-on pas que l’on apprend de ses erreurs et de ses amis… dans un sens ou dans l’autre ?
Il y eu des tensions au MR. Et on ne va pas nous faire croire que le parti est devenu le monde des Bisounours. On sait que, ses meilleurs ennemis, on les trouve en son parti. Venir le nier revient à trahir une réalité bien établie et connue de tous. Mais qui veut-on tromper en le niant ?
Par ailleurs, Jacqueline Galant n’a-t-elle pas été aussi la cible permanente d’une attaque coordonnée ?
Est-il illégitime d’en être meurtrie ? Mais bien sûr elle a tort, car on doit être un bloc de glace lorsque l’on fait de la politique.
Le plus grand défaut de Jacqueline Galant, aux yeux de certains, n’est-il pas d’être à l’image des gens qui le lui rendent bien ?
Ne peut-on pas imaginer que cette expérience soit salutaire pour la suite de son engagement ?
Jacqueline Galant s’est sûrement rendu compte que le combat politique devait être réinventé et sortir des sentiers battus.
L’avenir nous le confirmera. Au lieu de la clouer au pilori, on ferait mieux donc de la juger sur ses actes futurs.
Personnellement, je dois l’avouer, j’ai été choqué par les propos tenus par certains à son égard. Parce qu’ils sont en grande partie injustes, excessifs et dénués de réflexions.
Au point qu’on peut se poser la question : le plus grand défaut de Jacqueline Galant, aux yeux de certains, n’est-il pas d’être à l’image des gens qui le lui rendent bien ? Elle est une élue du peuple. Elle fait des scores formidables aux élections communales et aux élections fédérales dans une région où le rouge domine. Elle vient de gagner l’élection sans contestation possible pour la présidence provinciale de son arrondissement face à Georges-Louis Bouchez le trublion du MR. Ses électeurs la soutiennent ainsi que beaucoup d’adhérents du parti.
Le MR est bien content de profiter de ses scores pour constituer des majorités et exercer le pouvoir.
N’est-ce pas à tous ceux-là que « l’on dit merde » en la faisant passer pour ce qu’elle n’est pas ?
Et moi, dois-je avoir peur de dire que c’est une personne que j’apprécie ?
Vais-je déplaire, moi le libéral de toujours seulement soucieux du devenir de ses idées et du MR ?
Non, car je ne suis pas le seul à l’apprécier et la seule chose qui me guide, ce sont mes idées et mes convictions.
Je n’ai pas de plan de carrière et on ne me « tient » d’aucune manière.
Je ne fais la cour à personne si ce n’est à celles et ceux qui croient en un monde où la politique ne pratique pas l’anathème et l’exclusion. Pas dans mon intérêt personnel, mais pour réveiller les consciences et celles et ceux qui sont désabusés par le spectacle offert.
Madame Galant, vous n’êtes pas parfaite et vous avez sûrement commis des erreurs. Mais vous le savez. Et c’est un avantage, sur beaucoup de vos collègues politiques.
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