Joseph Ndwaniye
Le métro bruxellois, chantier perpétuel
Les nombreux chantiers simultanés dans le métro de la capitale ont un impact sur le quotidien des usagers.
«C’est toujours la même chose, et on paie des impôts pour ça !», s’exclamait le passager du métro que je venais de croiser. J’ai vite compris l’origine de sa colère; l’escalator que j’avais l’habitude d’emprunter était à l’arrêt. Il était 22 heures et je rentrais de ma première journée de travail après une longue interruption. Je pris mon mal en patience et décidai d’emprunter l’escalier pour rejoindre le premier palier, comptant utiliser le deuxième escalator qui débouchait sur la place. Pas de chance, il était aussi à l’arrêt. Distrait le matin, je n’avais pas vu les affiches censées prévenir les navetteurs: «Installation en cours d’un nouvel ascenseur. Du 14 /03/2022 au 31/12/2024».
Habitant non loin d’une station de métro, et une autre jouxtant mon lieu de travail, j’ai fait de la Stib (Société des transports intercommunaux de Bruxelles) une alliée que je n’ai jamais trahie depuis bientôt quatre décennies. Oubliés les bouchons, les conducteurs agressifs. Pour autant, elle demande parfois beaucoup de patience au navetteur fidèle. La constante évolution pour améliorer l’offre de lignes et surtout le confort, principalement pour les personnes à mobilité réduite (installation d’ascenseurs, signalisation pour les mal-voyants…) entraîne temporairement des difficultés d’accès. Temporaire peut signifier plusieurs années: presque trois ans pour la station Simonis! Un deuxième chantier tout aussi important a démarré presque simultanément dans la station Parc (du 25/04/2022 au 31/12/2024). Et pour couronner le tout, un troisième dans la station Porte de Namur (du 01/10/2023 au 30/06/2024).
Ces chantiers qui s’ajoutent aux pannes fréquentes entraînent des discussions animées entre navetteurs et suscitent des interrogations: pourquoi démarrer autant de chantiers de grande envergure en même temps? Ne gagnerait-on pas de temps en se concentrant sur un chantier ou deux à la fois? A-t-on suffisamment pensé à l’impact des travaux sur le quotidien des usagers et justement sur celui des personnes à mobilité réduite? Tout cela doit avoir une explication technique rationnelle. J’ai trouvé un début de réponse dans les propos récents de la porte-parole de la Stib diffusés dans la presse bruxelloise. Certains escaliers mécaniques ont besoin d’une maintenance complète. La durée de ce type de chantier s’expliquerait par les délais de livraison de certaines pièces de rechange qui ne sont pas de stock. Sur les 578 escalators que compte le réseau, environ 280 arrêts sont recensés… par jour. La plupart ne nécessitent heureusement pas d’intervention d’un technicien.
Pour vérifier, j’ai décidé un soir de m’arrêter à chacune des 17 stations qui me séparent de mon domicile. Constat: huit escalators en panne dans un seul sens. J’ai répété l’opération une semaine plus tard. Constat: même nombre de pannes (pas toujours dans les mêmes stations). C’est bien d’innover, moderniser… mais les inévitables perturbations, parfois pour plusieurs années, entraînent un stress que l’usager de tous les jours cherche justement à éviter. En ce début de 2024, j’ai l’impression que ces chantiers se sont multipliés. Le constat est le même pour la voirie en surface. Hasard du calendrier ou peut-on y voir un lien avec les élections à venir? Sur mon trajet, tout devrait être rentré dans l’ordre fin 2024. Encore un peu de patience. Mais d’ici-là, à d’autres endroits, d’autres ouvrages auront vu le jour avec, je l’espère, le maximum de précautions pour diminuer les perturbations, et dans l’espace et dans la durée.
Pourquoi démarrer autant de chantiers de grande envergure en même temps?
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