« Le marché du travail a besoin de talents âgés »
« Trop d’entreprises pensent encore qu’elles vont trouver des perles rares », déclare Fons Leroy, directeur général du VDAB, l’office flamand de la formation et de l’emploi. « Mais elles feraient mieux de poser des exigences réalistes pour leurs postes vacants et de façonner elles-mêmes les perles rares », ajoute-t-il. Il répond aux questions des lecteurs de Knack.
J’ai travaillé pendant près de 30 ans à la Fédération des représentants de commerce, un métier en pénurie. Pourtant, l’un de nos membres de 59 ans ne trouve pas de travail. Que pouvez-vous faire contre la stigmatisation dont sont victimes les chômeurs plus âgés ? (Rachel Eyskens, Anvers)
Le but de notre campagne, ‘Op talent staat geen leeftijd’ (Le talent n’a pas d’âge) est de vaincre les préjugés classiques par des faits. Les travailleurs âgés sont-ils trop chers ? Ils ne sont pas si coûteux, car il y a beaucoup de compensations de la part du gouvernement. De plus, ces personnes peuvent être déployées plus rapidement, grâce à leur expérience. Sont-ils absents plus souvent ? C’est également faux : les travailleurs âgés sont même moins souvent absents que les jeunes.
J’ai un profil très recherché. J’aimerais déléguer les travaux à ma maison à des personnes peu qualifiées, mais cela n’est pas très intéressant sur le plan financier. La main-d’oeuvre ne devrait-elle pas devenir de toute urgence plus flexible et moins chère ? (Jan Paulussen, Suisse)
Il est vrai que les salaires et les conditions de travail peuvent être améliorés, en particulier dans les emplois peu qualifiés. Récemment, le Voka a proposé un « jobkorting » (NDLR : une remise d’impôt aux travailleurs) pour ces emplois. Et avec le deal pour l’emploi, le gouvernement veut rendre le travail plus attrayant en réformant les allocations de chômage. Notre système de titres-services contribue déjà à rendre le travail peu qualifié plus attractif. Mais pour rendre les emplois intéressants, il ne suffit pas de les rémunérer. Les entreprises doivent également investir dans la formation, le travail faisable, les possibilités de carrière, etc.
Les employeurs imposent-ils des exigences trop élevées aux candidats ? Ou bien les nombreux contrats temporaires sont-ils les coupables ? (Marleen De Pré, Lokeren)
Il est vrai que les exigences en matière de postes vacants ont énormément augmenté au fil des ans. Trop d’entreprises pensent encore qu’elles vont trouver des perles rares. Mais mieux vaut faire des demandes réalistes et façonner ses propres perles rares. Il est beaucoup plus efficace de former les personnes talentueuses au travail. Il y a aussi beaucoup de talents, mais ils sont parfois dans les groupes souvent ignorés : les travailleurs plus âgés, de couleur, les handicapés… Il y a effectivement plus de contrats temporaires. C’est fort lié à la crise financière et économique : les employeurs sont devenus incertains sur le long terme. Les jeunes, en particulier, doivent souvent travailler longtemps sous contrat temporaire. Nous devons veiller à ce que cela ne débouche pas sur des carrières de contrats temporaires successifs, car cela priverait les gens de perspectives.
Je suis diplômé du supérieur et j’ai plus de 55 ans. Au cours des quatre dernières années, j’ai postulé plus de 5500 fois, mais moins d’1% des employeurs m’ont répondu. Les demandeurs d’emploi plus âgés ne suscitent-ils vraiment aucun intérêt ? (Wim Van Dooren, Wachtebeke)
Depuis l’introduction du régime de retraite anticipée dans les années 1970 jusqu’au début des années 2000, les demandeurs d’emploi plus âgés ont été délibérément mis à l’écart pour donner plus de possibilités aux jeunes. Il y avait alors trop peu d’emplois. Mais les nouvelles évolutions démographiques ont complètement inversé cette tendance : les entreprises ont besoin de travailleurs de tout âge. Pour les personnes dans cette situation, je n’ai qu’un seul message : n’abandonnez pas. Il y a beaucoup de postes vacants, il y a trop peu de jeunes candidats, et on a donc vraiment besoin de travailleurs plus âgés.
Dans une économie 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, les transports publics ne devraient-ils pas également fonctionner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur toutes les lignes ? (Peter Braet, Kieldrecht)
Bien sûr, une économie 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ne signifie pas qu’il faille travailler partout et en tout temps. Heureusement, il y a de plus en plus d’emplois indépendants de temps et de lieu. Mais cela ne change rien au fait que nous constatons de moins en moins de mobilité parmi les demandeurs d’emploi. Les demandeurs d’emploi de longue durée et les groupes dits « inactifs » – les jeunes filles allochtones et les personnes âgées, par exemple – n’ont souvent pas de permis de conduire, et encore moins une voiture. De plus, ce sont souvent eux qui trouvent des emplois qui nécessitent de nombreux déplacements (comme le nettoyage) ou de shifts de matin et de soir (comme la restauration ou les ventes à l’aéroport). L’adaptation des transports publics aux réalités économiques doit donc être une priorité.
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