Joyce Azar
« Le harcèlement, la peste scolaire »
Pesten. Ce verbe néerlandais définit on ne peut mieux un fléau qui touche toutes les sphères de notre société : le harcèlement. Quotidiennement, les médias relatent des histoires glaçantes, des récits qui concernent parfois nos mômes.
Récemment encore, un garçon de 12 ans a été attaché à un poteau et brutalisé dans une école néerlandophone de Saint-Gilles. Harcelée » pour sa maigreur « , une ado de 14 ans a sauté du 4e étage de son collège à Woluwe-Saint-Lambert, en plein cours de maths. A l’ombre des projecteurs, un écolier flamand sur cinq est aujourd’hui victime de harcèlement. Un sur vingt subit cet enfer au quotidien. Pour contrer le phénomène, la Semaine flamande contre le harcèlement est organisée depuis plusieurs années. Grâce à une ribambelle d’actions et une campagne bien ficelée, les plus récentes éditions sont parvenues à véritablement imprégner tous les secteurs de la jeunesse.
L’un des symboles emblématiques de l’action a été lancé l’an dernier. En apposant quatre points sur son poing, tout citoyen signale son adhésion au manipest, un document en ligne l’engageant à respecter quatre obligations : désapprouver et refuser de participer au harcèlement à l’école, oser en parler, n’exclure personne et défendre les victimes du phénomène. Sous le hashtag #Stipit, des centaines de milliers de photos d’inconnus et de célébrités arborant le fameux signe avaient déferlé sur les réseaux sociaux.
Dans les écoles, les clubs sportifs et les mouvements de jeunesse, les actions foisonnent pour sensibiliser les jeunes.
Cette année encore, le succès est au rendez-vous. Durant toute la semaine, la campagne Move tegen pesten (bouger contre le harcèlement) est au coeur des programmes de la chaîne télé pour enfants, Ketnet (VRT). Dans les écoles, les clubs sportifs et les mouvements de jeunesse, les actions foisonnent pour sensibiliser les jeunes. Sur YouTube, la chanson Stip na stip, hymne de la campagne, a été le clip vidéo le plus regardé en Belgique en 2018. Des vidéos moins plaisantes aussi sont diffusées : pour cette nouvelle édition, l’organisation WAT WAT a recueilli de nombreux témoignages poignants, comme celui d’Angel, 16 ans, qui s’est vu forcé d’avaler des déchets de compost, » parce que les gros, ça mange tout « .
Durant une semaine donc, la Flandre est mobilisée contre un ennemi commun. Les organisateurs sont toutefois conscients que le harcèlement scolaire ne sera pas freiné en l’espace de sept jours. L’association Kies kleur tegen pesten, qui chapeaute le mouvement, a élaboré un plan de prévention active pour lutter structurellement, tout au long de l’année, contre le harcèlement au sein des institutions concernées. De son côté, le jeune réalisateur Jorrit Ferket, lui-même ancienne victime de harcèlement, vient de lancer une plateforme d’aide destinée aux enfants et aux parents. Ces démarches s’avèrent utiles alors que le phénomène est fortement exacerbé par Internet, où trolls et autres » ligues du LOL » perpétuent des comportements agressifs et dégradants qui peuvent mener à des troubles psychiques, physiques, ou au suicide. De la cour de récré aux réseaux sociaux, tous les moyens doivent être déployés pour protéger les enfants d’aujourd’hui, et éduquer les adultes de demain.
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