Le « dîner de cons » qui a scellé la haine entre Michel et le duo Magnette – Lutgen
Dimanche 13 juillet 2014, dans l’après-midi, Charles Michel réunit les responsables du PS, Elio Di Rupo et Paul Magnette, et du CDH, Benoît Lutgen, pour une réunion de la dernière chance, dans les locaux austères et défraîchis du MR à Namur…
Certains ont critiqué une immixtion de l’informateur dans les affaires régionales, mais l’initiative de la réunion viendrait en réalité d’Elio Di Rupo, à ce moment coformateur du gouvernement wallon avec Paul Magnette.
Sur la table, quelques mignardises. Charles Michel, seul, fait face à Benoît Lutgen et aux deux socialistes. L’informateur fédéral parlera plus tard d’un « dîner de cons ». « Ce fut une réunion au cours de laquelle on m’a pris pour un idiot », confirme-t-il. Il a l’impression que l’on se moque de lui, Benoît Lutgen et Paul Magnette échangeant même des SMS entre eux au cours de la discussion. « Elio Di Rupo, lui, était plus taiseux, il me donnait l’impression de ne pas vouloir abîmer la relation avec moi, se souvient-il encore. Il était courtois alors que les deux autres étaient rigolards. Comme s’il se disait qu’un ou deux mois plus tard, il aurait besoin de moi, cela sautait aux yeux. »
Lucide, Elio Di Rupo raconte : « J’espérais qu’une étincelle se produise. Mais c’était à mon avis un des repas les plus gelant de ma vie. L’atmosphère devait être aussi froide que dans un frigo où on met de la viande chez les bouchers… C’était inimaginable, en particulier entre Benoît et Charles, mais je sentais aussi que cela ne prenait pas entre Charles et Paul. C’est un repas qui a été probablement déterminant dans l’orientation prise par Charles Michel. » Il ne se trompe pas. […]
« Je dois être honnête, nous dit Charles Michel, dix mois plus tard, dans la résidence du Premier ministre. J’avais déjà avancé alors sur la suédoise, et même s’ils avaient accepté la tripartite avec le MR à tous les niveaux de pouvoir, je ne suis pas certain que j’aurais pris… On était déjà trop loin dans le processus et j’étais déjà excité par l’autre option qui était plus innovante, même s’il restait des obstacles. »
Les extraits en primeur dans Le Vif/L’Express en vente dès ce jeudi. Avec :
– Sa jeunesse : premier en tout mais très mauvais perdant
– 2000 : l’année où il tue (une première fois) son père, Louis
– 2004 : les racines du ressentiment anti-PS
– 2004 : l’origine de la déchirure avec Reynders
– 2009 : la source de la haine de Magnette
– 2010 : le divorce crucial d’avec le FDF
– 2014 : le dimanche de rupture avec le PS et le CDH
– 2014 : la liquidation de Reynders
– 2015 : la réalisation d’un vieux rêve libéral
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