« Ceux qui votent pour le Vlaams Belang et le PTB, ce sont les mêmes électeurs »: ce qu’il faut retenir du débat Bouchez-Depraetere
Un débat Vif/Knack a opposé Georges-Louis Bouchez (MR) et Melissa Depraetere (Vooruit), ce 14 décembre dès 20h. Voici le compte rendu du débat.
La gauche flamande vs. la droite wallonne : jamais Georges-Louis Bouchez et Melissa Depraetere, nouvelle présidente de Vooruit, n’ont été amenés à s’affronter. Leur première confrontation se fera devant un Bozar rempli : tous les tickets mis en vente pour cet événement organisé par Le Vif et Knack ont trouvé preneur. Voici ce qu’il fallait en retenir;
Sur le pouvoir d’achat
La Vivaldi a pris une série de mesures d’urgence pour pallier la baisse du pouvoir d’achat (baisse de TVA, chèques énergie…). Mais il y a eu aussi beaucoup de critiques sur ces mesures, notamment d’économistes.
« En temps de crise, il faut prendre des décisions rapides et faire des choix. Et nous l’avons bien fait. C’est en Belgique que le pouvoir d’achat est le mieux protégé« , réagit Melissa Depraetere.
Mais fallait-il revoir la fiscalité sur l’énergie? « Notre problème, c’est qu’on a un niveau de dépenses publiques trop élevés. Dès qu’on a une crise, c’est catastrophique. » Il souhaite augmenter le taux d’emploi, notamment en Wallonie et à Bruxelles. « Il y a un problème qui est autre que la fisalité ou le niveau de salaire. Si on diminue les dépenses publiques et qu’on augmente le taux d’emploi, on peut baisser l’impôt pour chacun.«
« Plus y a de riches, plus l’ensemble du pays peut aller mieux. Je préfère ça plutôt que d’être dans le misérabilisme qui est le vôtre », déclare Bouchez à l’intention de Melissa Depraetere.
Sur l’énergie
Georges-Louis Bouchez souhaite un mix entre le nucléaire et le renouvelable. Selon lui 80% de l’énergie consommée en Belgique vient de l’étranger. « Si on n’arrive pas être autonome sur la plan énergétique au niveau européen, on va avoir une série de problèmes. Il faut une indépendance énergétique, et avoir la mainmise sur les prix. »
Melissa Depraetere partage son avis sur le fait de multiplier les sources énergétiques, en misant sur l’innovation et la technologie. Mais à l’inverse des Verts dit-elle, Vooruit se bat pour que la facture énergétique soit abordable et pour les investissements plus durables. « La différence entre les verts et nous, c’est que nous voulons aborder l’environnement de manière collective. Avoir des pompes à chaleur, c’est bien beau, mais c’est impayable pour la plupart des gens », poursuit la président de Vooruit.
Concernant le climat, Bouchez ne veut pas un quota CO2, comme les Engagés le veulent, par exemple. Pour lui, il faut travailler sur l’aménagement du territoire (plus d’étalement urbain…), le mix énergétique, des investissements de type industriels comme la captation de CO2 et une autre politique commerciale.
Pour Depraetere, la rénovation de l’habitat est un point crucial. « On se repose trop sur les gens, qui n’ont pas toujours les moyens.«
Sur l’immigration
Selon Melissa Depraetere, Vooruit a trois priorités pour faire face à la crise de l’accueil. « Tout d’abord, nous devons accueillir moins de personnes pour que cela reste viable. En outre, il n’y a pas de répartition équitable en Europe en ce qui concerne la distribution – cela aussi doit s’améliorer. Enfin, les procédures d’asile en Belgique peuvent durer jusqu’à sept ans, de sorte que les demandeurs d’asile occupent une place d’accueil pendant tout ce temps ».
Le président du MR émet des critiques envers les ordres de quitter le territoire (OQT) qui ne sont pas appliqués: « Que les dignitaires de ces pays ne reçoivent plus le droit de venir en Europe ».
« On est en faveur d’une migration mieux encadrée. Que les personnes reçoivent tout de suite des formations, qu’on les mette à l’emploi. Il faut moins accueillir, mais mieux accueillir« , précise Bouchez.
« Tout le monde doit recevoir une chance », notamment en ce qui est de l’apprentissage de la langue en vue d’accéder à l’emploi, répond la présidente de Vooruit.
Sur l’extrémisme
Pourquoi y a-t-il une telle différence entre l’extrême-droite, qui a du succès en Flandre, mais qui est quasi inexistante en Wallonie? Pour Melissa Depraetere, les partis extrêmes, comme le Vlaams Belang, se positionnent sur des thématiques sociales, comme la migration et le pouvoir d’achat. « Le VB essaie de s’approprier ces thèmes », mais sur les réseaux sociaux, ils montrent un autre visage. « Ils essaient de tenir une carotte devant l’électeur et le leurrer. Ils ne votent jamais pour le chauffeur qui a du mal à vivre, mais toujours pour les grandes fortunes.«
« On a le PTB », rétorque Bouchez, pour qui il n’y a pas de différence avec ce parti et l’extrême-droite.. « Ceux qui votent pour le Vlaams Belang et le PTB, ce sont les mêmes électeurs. » Pour lui, il y a trois raisons à cela:
- Les gens de la classe moyenne considèrent que leurs enfants vont vivre moins bien qu’eux: « Quand vous perdez l’espérance, vous posez des choix radicaux, de rejet, de colère »
- La crédibilité de la classe politique : « On m’interdit, côté francophone, de débattre avec Tom Van Grieken, qui n’a jamais été condamné pour des propos racistes. Or quelqu’un l’a été chez Vooruit, mais là je peux débattre »
- Les leçons de morale : « On est dans une société où il y a des choses qu’on ne peut pas dire. Il faut avoir un discours vrai, être crédible, rendre de l’espérance par les mesures. »
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