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Le coronavirus a-t-il fait disparaitre les embouteillages ?

Marie Gathon Journaliste Levif.be

Les navetteurs ont pu le constater depuis la rentrée et le retour (partiel) au bureau, les embouteillages n’ont pas repris leur niveau d’avant le confinement. Un changement structurel s’est-il opéré ? « Il y aura un avant et un après covid sur nos routes », assure Benoit Godard, porte-parole de VIAS.

Constate-t-on moins de trafic sur les routes depuis la rentrée et le retour progressif au bureau ?

En septembre, nous avons constaté qu’il y avait toujours 30% de véhicules en moins sur les routes à Bruxelles par rapport à avant le confinement. La tendance était un petit peu moindre en Flandre, où on était plutôt autour des 20 %.

Mais depuis le début du mois d’octobre, les choses changent quelque peu. Si en septembre, beaucoup de travailleurs ont recommencé à aller au bureau, au moins à temps partiel, maintenant avec les nouvelles mesures sanitaires, la tendance va sans doute s’inverser. De plus en plus de gens vont retourner en télétravail dans les semaines qui viennent.

30 % de trafic en moins, celui suffit à désengorger les routes ?

La circulation est actuellement moins dense que lors du mois d’octobre de l’année dernière, mais tout n’est pas rose. Théoriquement, c’est au mois d’octobre qu’il y a le plus de monde sur les routes et qu’il y a le plus d’embouteillages. Cela s’explique par plusieurs facteurs : généralement la météo est assez maussade (vent, pluie, etc.). Les chaussées sont très glissantes. C’est donc un mois où il y a aussi systématiquement beaucoup d’accidents. Ce qui accroit les embouteillages. C’est également une période où personne ne prend congé.

C’est aussi à ce moment-là que l’on termine les travaux pour l’hiver. Les usagers ont certainement constaté qu’il y avait pas mal de zones de travaux sur nos routes.

La limitation de vitesse à 100 km/h sur le Ring a-t-elle un impact sur la mobilité à Bruxelles ?

Oui parce qu’elle est globalement très bien respectée. Cela peut être une tendance positive, car on a moins cet effet accordéon qui crée justement les embouteillages.

Par contre, il reste le problème des gens qui changent constamment de bande. Cela allonge les embouteillages.

Est-ce que c’est un changement structurel pour la mobilité globale ?

Oui. C’est clair qu’il y aura un avant et un après covid. Avec le confinement, beaucoup de personnes ont découvert les réunions virtuelles. Mais ils se sont aussi rendu compte que ça fonctionnait très bien et que ça leur faisait gagner beaucoup de temps. Maintenant, c’est déjà ancré dans les habitudes et les gens continueront, même après la crise.

Tous les indicateurs sont au vert, si je puis dire ?

Il y a quand même un contre effet à la diminution du trafic. Nous constatons que les gens roulent plus vite. Lors du marathon de vitesse qui a eu lieu ce mercredi, plus de 4% des conducteurs ont été flashés, alors que l’an dernier c’était 2 % . Dans nos statistiques du baromètre de la sécurité routière, on constate que le nombre d’accidents a baissé de 30 % alors que le nombre de tué n’a pas diminué dans les mêmes proportions. Parce que les accidents ont été plus graves à cause de la vitesse. C’est un effet négatif de la diminution du trafic.

Qu’en est-il du vélo ? A-t-il pris plus de place dans la mobilité ?

En septembre 2020, nous avons constaté une augmentation de 40 % de vélos par rapport à septembre 2019 à Bruxelles.

Beaucoup de personnes ont acheté un vélo pendant le confinement et vont continuer à s’en servir. Peut-être moins pendant les mois d’hiver. Ils ne vont pas non l’utiliser uniquement pour leurs trajets domicile-travail, mais aussi pour leur loisir ou pour faire un déplacement qu’ils auraient normalement fait en voiture. On ne peut pas nier que le nombre de cyclistes a augmenté. Et selon moi, il va rester à un niveau beaucoup plus élevé qu’avant le confinement.

Est-ce que les émissions de CO2 vont diminuer de manière proportionnelle ?

Dès qu’il y a moins de voitures, il y a moins d’émissions de CO2. Mais si les voitures qui sortent roulent plus vite, cela risque de compenser en partie cette diminution.

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