Claude Demelenne
Le CDH survivra-t-il jusqu’en 2030? (carte blanche)
Le CDH est le grand malade du paysage politique francophone. Tôt ou tard, il sera mangé tout cru par le MR de Georges-Louis Bouchez.
En 2030, la Belgique fêtera ses 200 ans. Il y aura peut-être un absent de marque aux cérémonies officielles : le CDH. Le parti de Maxime Prévot est en effet au plus mal. Le pronostic vital est engagé. Relégué partout dans l’opposition, le CDH risque de sombrer définitivement lors du prochaines élections.
Le constat est terrible. Le CDH n’est plus que le 5ème parti en Wallonie et le 6ème à Bruxelles, où il a failli tomber sous la barre des 5%, lors du dernier scrutin. La chute est continue : en trois élections législatives (2010, 2014 et 2019) le CDH a perdu plus d’un tiers de ses voix. Les sondages sont cauchemardesques. Ils prédisent une quasi disparition du parti humaniste à Bruxelles et une accélération de son déclin historique en Wallonie.
La reconstruction, mission impossible
Mis sur la touche par les futurs partenaires du gouvernement « Vivaldi / Avanti », le CDH a l’ambition de se reconstruire. C’est une mission impossible. Dans l’opposition, les humanistes tourneront en rond comme des lions en cage. Ils parviendront difficilement à se faire entendre. D’abord, à cause de leur compagnonnage envahissant avec le PTB. Celui-ci fera beaucoup de bruit sur les bancs de l’opposition. Le parti marxiste sortira la kalachnikov pour descendre les projets du gouvernement. Avec leurs petites carabines en bois, les cinq élus du CDH à la Chambre feront pâle figure.
Si le CDH ramera dans l’opposition, c’est aussi parce que, sur le fond, il n’aura sans doute pas grand chose à reprocher au futur gouvernement. Celui-ci appliquera, pour l’essentiel, une ligne centriste qui a tout pour plaire au CDH. Maxime Prévot et ses troupes feront donc semblant de s’opposer à une politique fédérale qu’ils appliqueraient avec entrain si Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez ne leur avaient pas claqué la porte au nez.
Un oiseau pour le chat
Aujourd’hui, le grand parti centriste, en Belgique francophone, c’est le MR. Il n’y a pratiquement plus de place pour le CDH. C’est d’autant plus vrai depuis la percée de Sophie Wilmès. La toujours Première ministre s’est imposée comme une personnalité globalement centriste, tout sauf une politicienne de droite bornée. C’est une évidence, une part non négligeable des électeurs du CDH se sentent proches du libéralisme soft de Sophie Wilmès. Son éclosion rapide aggravera l’hémorragie pour le CDH. Bon nombre d’humanistes n’attendent qu’une chose : se jeter dans les bras accueillants de la « grande Sophie ».
Georges-Louis Bouchez a une occasion en or de réaliser son rêve : phagocyter le CDH à l’horizon 2024. Au plus tard, en 2030. Pour ce faire, il fera patte douce. Par delà ses foucades, il ne faut pas sous-estimer le président du MR. L’homme est un fin stratège. Il sent que le CDH n’est plus qu’un oiseau pour le chat. Si les libéraux veulent contester le leadership socialiste en Wallonie et à Bruxelles, ils doivent réussir l’opération « CDH requiem ». Ils ne manquent pas d’atouts, dont le principal est sans doute le flou idéologique du parti humaniste à la recherche d’une identité de plus en plus introuvable.
Quelle spécificité pour le CDH ?
La chance du MR – et le problème existentiel du CDH – c’est qu’on ne discerne plus très bien quelle est encore la spécificité du parti de Maxime Prévot. Même sur la question de l’avortement, le CDH est un parti « ouvert » au débat. Il y a belle lurette qu’il n’est plus ce repaire de « cathos réacs » dénoncé jadis par les anti-calotins du PS. Le CDH se dit « humaniste ». Certes, mais tous les partis démocratiques ne sont ils pas « humanistes » ? Maxime Prévot a annoncé un changement de nom. Sans doute une condition nécessaire pour un hypothétique renouveau, mais elle est loin d’être suffisante.
Un parti qui ne compte plus
La dégringolade du CDH peut sembler injuste, car même affaibli, ce parti conserve dans ses rangs de nombreux élus de qualité, notamment à l’échelon local. Il n’empêche que le CDH apparaît désormais comme un parti de losers, un parti qui a fait son temps.
Le CD&V a ajouté un clou au cercueil du CDH, en principe son parti-frère, en n’exigeant pas sa présence autour de la table de négociations pour former un gouvernement fédéral. Cette attitude du CD&V est tout à fait incompréhensible. Amoins qu’elle n’acte définitivementla relégation du CDH au rang de parti poids plume de la scène politique, un parti qui ne compte plus et sur lequel plus personne ne compte pour construire la Belgique de demain. Et qui, tôt ou tard, sera mangé tout cru par le MR de Georges-Louis Bouchez.
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