Joyce Azar
Le Belang sur tous les fronts
Mener une campagne électorale sur les réseaux sociaux ne coûte pas forcément de l’argent. Le Vlaams Belang (VB) l’a compris : il est aujourd’hui facile de profiter gracieusement des avantages qu’offre notamment Facebook en matière de propagation de messages populistes et polarisants.
Depuis quelques semaines, le parti flamand d’extrême droite diffuse des vidéos illustrant des actes de violence perpétrés au nord du pays par des personnes d’origine étrangère. Peu importe si les faits sont datés, ou si les auteurs ont depuis été condamnés, l’essentiel étant de colporter massivement une idée, et de peser dans le débat social.
Aux manettes de ce battage : notamment le très expérimenté Dries Van Langenhove qui, par l’unique force des réseaux sociaux, était parvenu à fonder un petit empire d’identitaires radicaux dénommé Schild & Vrienden. Récemment, la jeune tête de liste VB en Brabant flamand a partagé sur sa page Facebook une vidéo où l’on voit un jeune dans une station du prémétro anversois asséner deux coups de pied à la tête d’un homme d’une soixantaine d’années. Les images, d’une rare violence, ont été partagées des centaines de milliers de fois, un succès qui a mené le VB à diffuser d’autres petits films du genre à ses 360 000 abonnés. Filip Dewinter l’admet : son parti est à l’affût de ce type de vidéo. » Rien n’est plus puissant qu’une image « , estime la figure de proue du Belang. Et d’ajouter : » En les diffusant sur les réseaux, notre parti veut réveiller les gens. »
La méthode fonctionne à merveille : les séquences, souvent stimulées par l’algorithme de la plateforme de Mark Zuckerberg, font le buzz. Une viralité qui, dans la foulée, contamine les médias traditionnels et se répand dans le débat politique. Poussés à réagir ou à prendre position, les partis se retrouvent happés par le thème préféré de la droite extrême : la sécurité.
L’influence conférée par le Net au VB a eu des conséquences à d’autres niveaux. Alors que le nord du pays s’apprêtait à adopter la taxe kilométrique sous la prochaine législature, le ministre flamand de la Mobilité, Ben Weyts (N-VA), a soudainement fait machine arrière, après avoir porté et soutenu la mesure durant plusieurs années. L’une des raisons de ce virage : une campagne menée par le Vlaams Belang auprès des automobilistes de l’A12 et diffusée sur les réseaux. » Notre pression fonctionne ! « , s’est réjoui le parti sur Facebook. Une victoire de plus pour la formation de Tom Van Grieken, également à l’origine, quelques mois plus tôt, du durcissement de ton de la N-VA concernant le Pacte sur les migrations.
Doucement mais sûrement, le VB pèse à nouveau dans le débat politique. Tom Van Grieken a de quoi se réjouir : d’après un sondage utilisé dans le cadre du test électoral de la VRT et du Standaard, les Flamands sont de plus en plus tentés par les positions politiques extrêmes, de droite comme de gauche. Le 1er mai prochain, le parti poursuivra son offensive de charme sur le terrain, en organisant sa propre fête des travailleurs à Ninove. Car le VB est aussi un fervent défenseur de mesures économiques dites progressistes. Du moins pour les bénéficiaires qu’il considère comme » nos gens « , » onze mensen « , soit des Flamands de souche.
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