Michael Freilich, député N-VA. © Belga

L’attaque en règle d’un député N-VA contre les « tabous francophones »

Olivier Mouton Journaliste

Critiqué lui-même après la mise à l’honneur de deux collaborateurs par le parlement flamand, Michael Freilich s’en prend au « passé non digéré » des liaisons dangereuses des francophones avec l’extrême droite. Mais sa sortie n’est pas à l’abri des caricatures.

Michael Freilich, député fédéral N-VA, est faché à l’encontre des francophones et il le fait savoir en les attaquant en retour. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le parlementaire nationaliste s’en prend au « passé non digéré » des francophones dans leurs relations avec l’extrême droite: il évoque notamment le leader rexiste Léon Degrelle, la Légion SS wallonne ou le bras droit du docteur Mengele. Mais son discours n’est pas toujours dénué d’approximations et certains ne manquent pas de le relever.

https://twitter.com/MichaelFreilich/status/1359058074422693888Michael Freilich, MPhttps://twitter.com/MichaelFreilich

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« Une attaque virulente et lâche contre ma personne vient de paraître dans la presse francophone, entame-t-il, et ce après une publication pour le 50e anniversaire du parlement flamand. Pour le surplus, on demande que je démissionne de la N-VA. »

Il poursuit: « Je n’ai aucune leçon à recevoir de francophones arrogants qui considèrent tous les Flamands comme des racistes ou qui se considèrent comme meilleurs. Au moins, la Flandre a accepté son passé et ose le regarder droit dans les yeux, et ose reconnaître ses erreurs. La Belgique francophone n’en est pas encore à ce stade. »

Il énumère: « La parti nazi Rex de Léon Degrelle n’est considéré que comme une aberration dans la marge. Mais ce n’était certainement pas le cas: Rex avait des milliers d’adeptes. Il en va de même avec la Légion wallonne du waffen SS et le meurtre de milliers de Juifs dont on ne parle jamais. Quid des nombreuses archives qui ont disparu après la guerre? Et je suis convaincu que la plupart des citoyens qui ne savent pas que le bras droit du Docteur Mengele à Auschwitz était un médecin wallon. Il est grand temps que les francophones regardent également cette histoire sans tabou. »

Diffusé en néerlandais, sous-titré en français, le message est fort.

Deux collabos à l’honneur

L’occasion de cette attaque en règle n’est autre que la mise à l’honneur de August Borms et Staf De Clercq, deux sympathisants nazis et collaborateurs notoires avec l’occupant allemand, à l’occasion du 50e anniversaire du parlement flamand. L’affaire avait toutefois été évoquée également dans la presse flamande, comme en témoigne la chronique de Marc Reynebeau, historien et journaliste au Standaard, que nous avions publiée.

Quant à l’article de presse le visant personnellement, il émane en réalité du site du Centre communautaire laïc juif. Visant la revue publiée à cette occasion, un billet d’humeur souligne: « Il n’a plus qu’à espérer, bien naïvement, que le Parlement flamand se décide à détruire les 20.000 exemplaires achetés de Newsweek et de voir au minimum une centaine d’intellectuels, recteurs d’université en tête, protester contre cette infamie qui les déshonore. On pourrait encore espérer que Michaël Freilich, le très médiatique député juif de la N-VA, en vienne à dénoncer ses collègues, sinon carrément démissionner de ce parti, héritier pour partie de la collaboration. »

« Personne ne nie ou marginalise Degrelle ou d’autres, réagit en outre, ulcéré, Jérémy Tojerow, militant PS. Et plus important, personne ne le banalise non plus, en le faisant figurer dans la galerie des personnalités qui ont contribué à l’émancipation de ceci ou cela, ou en lui dédicaçant des noms de rue. » Quant au « tabou » que représenteraient ces sujets, il le réfute en évoquant notamment n reportage récent de la RTBF sur le bras droit du docteur Mengele.

https://twitter.com/jeremietoj/status/1359096443844390921Jérémie Tojerowhttps://twitter.com/jeremietoj

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