Le gouvernement Arizona compte seulement 4 femmes . BELGA PHOTO HATIM KAGHAT

L’Arizona, «un gouvernement qui n’aime pas les femmes»: l’absence de parité largement critiquée

L’opposition a vivement critiqué le gouvernement De Wever pour son manque de parité et de diversité. Sur 14 ministres fédéraux, seulement 4 sont des femmes.

« Où sont les femmes? »: le « slogan » est facile mais efficace. Paul Magnette, président du PS, a ainsi relayé sa critique du nouveau gouvernement de Bart De Wever, via les réseaux sociaux. Le Carolo accompagne son interrogation de la première photo de l’exécutif au complet, juste après sa prestation de serment auprès du roi Philippe, mais dont les couleurs ont été modifiées pour faire penser à un cliché vieux de plusieurs décennies. « Back to the 1970s », ajoute-t-il. 

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Quatre femmes cachées par les hommes

Le gouvernement de Bart De Wever, dont les derniers noms ont seulement été annoncés lundi matin, interroge par sa présence très limitée de femmes: elles sont quatre en tout et pour tout, sur 15. Et parmi elles, aucune vice-Première. Elles semblent d’ailleurs quelque peu disparaitre dans l’ombre et derrière les statures placées au premier rang, sur la photo prise au Palais royal et relayée par Paul Magnette.

La jeune Eleonore Simonet, benjamine du nouvel exécutif, est à moitié cachée par l’imposant Jan Jambon, on la devine à peine, sous les encombrants ornements encadrant les marches. À ses côtés, Anneleen Van Bossuyt ne jouit pas vraiment d’une meilleure visibilité.  Un détail qui n’a pas échappé au socialiste, qui enfonce le clou: « Même en 1974, sous le gouvernement Tindemans, on ne cachait pas les femmes au second rang », affirme-t-il, photo d’époque à l’appui. 

Au-delà du symbole et du manque de parité, il y a dans l’accord de gouvernement lui-même des signes d’un gouvernement « qui n’aime décidément pas les femmes », selon Paul Magnette: « Attaque frontale sur la pension des femmes, vide intersidéral sur l’IVG, suppression des quotas assurant la présence des femmes dans les hautes fonctions », liste-t-il. 

La cheffe de groupe PTB à la Chambre fait le même constat, et reprend d’ailleurs sur les réseaux sociaux la même photo (non modifiée cette fois). « Ce casting ministériel est à l’image du recul de ce gouvernement en ce qui concerne les droits des femmes », balance-t-elle. « Pour les droits des femmes, ce sera carrément une traversée du désert », ajoute l’élue: mesures sur les pensions et flexibilisation du travail qui toucheront plus fortement les femmes, « porte fermée » au débat sur l’IVG, etc. 

Aucune femme dans le Kern

Le coprésident d’Ecolo, qui bascule comme le PS dans l’opposition, a lui aussi estimé que le recul des femmes au gouvernement était « effrayant et dangereux ». « Comme la parité linguistique, il nous FAUT la parité femmes/hommes au gouvernement ! », martèle Samuel Cogolati dans un message posté sur Bluesky. « C’était l’une des grandes avancées de la Vivaldi (…) Dingue qu’en 2025, ce ne soit pas déjà contraint par nos lois. » Le gouvernement d’Alexander De Croo comptait, dans ses derniers mois d’existence, 9 femmes sur 21 postes. Et il avait au moins une femme au kern, avec Petra De Sutter, et Sophie Wilmès également en début de législature. Ici, « tous les Vice-Premiers sont des hommes? », commente Samuel Cogolati. « Ils vont travailler dans quel siècle? » L’écologiste reste malgré tout fairplay, et souhaite « bonne chance au nouveau gouvernement ». « Plusieurs ministres sont de grande qualité: malgré les punchlines, j’espère qu’ils apporteront du cœur, de la nuance et sauront résister au court-termisme et à la brutalité ambiante », ajoute-t-il. 

Du côté de DéFI, la présidente Sophie Rohonyi avait qualifié dès dimanche le nouveau gouvernement de « réactionnaire« , entre autres pour son manque de femmes dans le kern. « La parité doit s’appliquer tant au niveau du gouvernement qu’au niveau du Kern », suggère le Conseil des femmes francophones de Belgique, présidé par la même Sophie Rohonyi. « Comment croire en la volonté du nouveau gouvernement d’agir contre le plafond de verre s’il ne montre même pas l’exemple en son sein? »

Malgré les critiques et les craintes, l’ex-président du parti, François De Smet, tient à souligner la qualité de certains acteurs qui montent au gouvernement: il cite Maxime Prévot, Vanessa Matz et Jean-Luc Crucke, les trois ministres Engagés, « des personnalités politiques compétentes et bienveillantes ». 

Manque de diversité aussi

La dominante masculine de la nouvelle équipe dérange également au nord du pays. Basculé dans l’opposition, le parti écologiste Groen regrette « un gouvernement d’hommes, pour les hommes ». « On est de retour au 20e siècle », ajoute Meyrem Almaci, ex-présidente du parti et députée, via communiqué.  Cette dernière note également le manque de diversité dans l’équipe, estimant qu’il est bien facile pour Bart De Wever de dire « dommage ». « Il aurait très bien pu aussi transférer Zuhal Demir », observe Meyrem Almaci. Selon elle, l’accord de gouvernement « illustre ce manque de sensibilité à la diversité« . Unia va ainsi voir son financement amputé de 25%. L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes sera soumis à un audit de la Cour des Comptes. Un « exercice de revanche de la N-VA sur la politique d’égalité des chances », estime-t-elle. 

Un gouvernement trop masculin, uniforme et blanc, donc, mais aussi trop flamand dans ses principales compétences, selon certains. Une nouvelle pique de Paul Magnette: « Impôts, pensions, santé, justice, pouvoir d’achat…Tout ce qui concerne la vie quotidienne des Belges est dans les mains de ministres flamands. Y avait-il des Francophones dans la négociation? »

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