Alain Destexhe
L’arbre du parti « Islam » qui cache la forêt de l’islam
Dans la polémique sur le parti Islam, c’est la N-VA qui, comme souvent, a vu juste en affirmant que ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. Le problème de l’islamisation rampante de certaines communes et quartiers est beaucoup plus grave que l’existence de ce parti.
Il était sans doute salutaire de dénoncer à nouveau le parti Islam, mais pour ceux qui voulaient savoir, il n’y a rien de neuf. Dès 2012, ce parti, dont les trois élus refusent de serrer la main des femmes (qui s’en émeut ?), préconisait déjà l’interdiction de la mixité dans les transports en commun mais aussi les écoles, les salles de sport ou les piscines ainsi que le port du voile dès l’âge de 12 ans et, plus grave encore, l’autorisation du mariage, dès l’âge de 12 ans ! Tout ceci était déjà connu il y a six ans, pourquoi dès lors ceux qui crient au loup n’ont-ils rien fait depuis ?
La gravité des propos de Redouane Ahrouch, le même qui tenait les propos de 2012, ne doit pas nous conduire à des solutions simplistes — l’interdiction de ce parti — qui ne réglera rien et risque d’avoir, par contagion, des effets liberticides sur la liberté d’expression (certains réclament déjà l’interdiction de la soi-disant islamophobie, assimilée à du racisme, ensuite ce sera le tour du Vlaams Belang et qui ensuite ?). Si on peut l’interdire, tant mieux, mais cela ne règlera en aucun cas le problème, plus grave, de l’islamisation rampante.
L’islamisation rampante
Alors que les propos du parti Islam ont suscité un tollé, la semaine précédente une autre information passait quasiment inaperçue : le fait que des sportives d’un club de football féminin jouent chaque semaine en portant un voile dans l’indifférence générale, jusqu’au moment où un arbitre s’en est inquiété car cette pratique est contraire au règlement. La RTBF a traité le sujet[1] sur le mode « elles ont bien le droit de le faire », sans donner la parole à ceux qui auraient pu dénoncer le risque de communautarisme.
Ce genre de dérives, quotidiennes, insidieuses, tolérées, me paraît beaucoup plus dangereux pour notre société que l’hypothétique succès d’un parti Islam alors que les trois partis de gauche (PS, cdH et Ecolo) sont déjà, à Bruxelles en tous cas, en pleine dérive communautariste, acceptant en catimini une concession après l’autre.
Outre le port du voile dans le sport, citons la prolifération de voiles dans les rues et dans certaines écoles, le jour de l’Aïd-El-Kebir qui devient de fait un jour de congé malgré l’obligation scolaire, l’absentéisme des jeunes filles au cours de sport et d’excursion scolaire, la difficulté d’enseigner la biologie qui ne serait pas conforme à l’enseignement du prophète, la disparition du porc dans les menus scolaires, le refus des nus dans l’histoire de l’Art, la Shoah qui n’est plus abordée dans la plupart des écoles à majorité musulmane alors qu’elle fait partie des obligations du programme, tout cela sans même parler d’un antisémitisme quasi généralisé. Une étude de la VUB a d’ailleurs démontré qu’une moitié des jeunes musulmans de Bruxelles était ouvertement antisémite. Ces dérives, contraires à nos lois et à nos usages, ne font hélas, ni l’objet de Unes, ni du moindre débat politique dans la presse ou les assemblées parlementaires.
« Ne pas voir, ne pas entendre, ne rien dire »
Plus grave que le parti Islam qui a recueilli 3 317 voix à Molenbeek et Anderlecht en 2012 sont les convictions réelles des plus de 700 000 musulmans de Belgique, qui seront bientôt plus d’un million et peut-être même deux millions en cas de migration importante (et 18% de la population dans ce cas), selon les projections du Pew Research Center.
En Belgique, on préfère généralement ne pas savoir, faire comme les trois singes « ne pas voir, ne pas entendre, ne rien dire ». Le discours dominant, rassurant, voudrait que le fondamentalisme islamiste et, bien sûr, le terrorisme ne toucherait qu’une infime minorité de nos compatriotes musulmans et que les autres vivraient leur religion de façon paisible en bons citoyens. Mais en est-il bien ainsi ? Les quelques enquêtes à ce sujet sont plutôt inquiétantes.
Les lois religieuses au dessus des lois du pays ?
Ce n’est pas un hasard, si nous sommes le pays qui a engendré, rapporté à la population, le plus de djihadistes en Syrie. Selon une étude sur les musulmans en Europe du Berlin Social Science Center[2], 66% des musulmans de Belgique pensent que les musulmans doivent retourner vers les racines de leur foi, 82% qu’il n’y a qu’une seule interprétation du Coran et 70% que les règles religieuses sont plus importantes que les lois du pays (sic). Plus récemment, en France, une étude de l’Institut Montaigne révélait que 28% des croyants musulmans en France avaient adopté un système de valeurs clairement opposées aux valeurs de la République. Fin mars, dans Le Figaro, 100 intellectuels français lançaient un appel contre « le séparatisme islamiste ».
N’y aurait-il pas une urgence à faire des études similaires en Belgique pour connaître l’ampleur du phénomène fondamentaliste et des pratiques de l’islam contraires à nos valeurs ? La Belgique échapperait-elle, par miracle, à ce phénomène ?
Ouvrir les yeux
Il est grand temps d’ouvrir les yeux. Grâce à l’action de la police et de la justice, nous sommes peut-être — je dis bien peut-être — en train de vaincre le terrorisme islamiste. Mais, nous ne sommes nulle part dans la lutte contre l’islamisme et le fondamentalisme religieux. Je comprends l’émotion suscitée par le parti Islam. Si on peut l’interdire tant mieux, mais cela ne réglera rien. Le défi de l’islam (la religion, le système politico-juridique) dans les formes qu’il prend dans une grande partie du monde musulman et en Europe) est, chez nous, beaucoup plus grand. Ne nous y trompons pas ! C’est à ce défi là que nous devons nous attaquer. Et c’est, précisément, ce que nous ne faisons pas.
[1] JT RTBF 19h30, Football féminin en salle, en portant le voile, Avril 2018 [en ligne]. Disponible sur : https://www.rtbf.be/auvio/detail_football-feminin-en-salle-en-portant-le-voile?id=2328742,[Consulte? le 09 avril 2018].
[2] KOOPMANS R., Fundamentalism and out-group hostility. Muslim immigrants and Christian natives in Western Europe in : WZB Mitteilungen, Décembre 2013, [en ligne], Disponible sur : https://wzb.eu/en/press-release/islamic-fundamentalism-is-widely-spread, [Consulte? le 09 avril 2018].
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