Joyce Azar

L’apprentissage du néerlandais doit cesser d’être perçu comme un parcours ennuyeux semé de difficultés

Joyce Azar Journaliste VRT-Flandreinfo et co-fondatrice de DaarDaar

Dans la ville française de Dunkerque, les élèves d’une école maternelle auront désormais cours en néerlandais deux fois par semaine.

Objectif : offrir à ces futurs adultes une chance accrue de trouver un emploi en Flandre. La nouvelle a fait le tour des médias du nord du pays. Certains lecteurs ont sans doute ricané :  » Si même les Français s’y mettent, qu’attendent les Belges francophones ?  » Alors que le néerlandais est obligatoire dans l’enseignement bruxellois, ce n’est toujours pas le cas en Wallonie. Le nouveau gouvernement régional a annoncé vouloir  » étudier la possibilité de rendre le néerlandais ou l’allemand obligatoire comme deuxième langue « . Un premier pas. Encore faut-il trouver les profs, actuellement en pénurie, et parvenir à susciter l’intérêt des élèves. Parallèlement à l’apprentissage de la grammaire qui, pour beaucoup, n’est pas une sinécure, des démarches plus ludiques pourraient s’avérer efficaces. Et les possibilités sont nombreuses.

On pensera notamment aux séries, qui captent l’attention des jeunes durant de longues heures. En visionnant In Vlaamse velden en version originale sous-titrée, ils suivront par exemple le parcours épique d’une famille flamande qui tente de survivre durant la Grande Guerre. La comédie Eigen Kweek les plongera dans le monde rural d’agriculteurs se convertissant à la culture du cannabis, alors que Beau Séjour les fera profiter d’une ambiance polar digne des meilleures séries scandinaves. Sur les plateformes musicales, c’est en chansons que le néerlandais pourrait parvenir à imprégner le cerveau de nos ados, grâce au célèbre groupe pop-rock Bazart, ou encore au rappeur Tourist LeMC. Pour les plus jeunes, un tout nouveau jeu, promu par les Diables Kevin De Bruyne et Dries Mertens, permet de jouer au Memory en apprenant de nouveaux mots. Quant à ceux qui veulent s’informer, rien de tel que le site wablieft.be qui propose des articles d’actualité dans un langage simple et accessible.

Egalement instructif : le programme In dialoog, récemment lancé par le musée des Beaux-Arts de Gand (MSK). L’établissement est le premier en Flandre à proposer des  » cartes de conversation « . Accompagnés d’un guide, les visiteurs sont amenés à découvrir la riche collection de l’établissement, et à s’exprimer en néerlandais sur ce qu’ils ont vu. Une manière subtile d’éveiller l’intérêt pour l’art, tout en apprenant, entretenant ou améliorant ses connaissances linguistiques. Car pratiquer un idiome reste l’un des meilleurs moyens de l’acquérir.

Pour que le néerlandais améliore son image auprès des jeunes francophones, son apprentissage doit cesser d’être perçu comme une contrainte, un parcours ennuyeux semé de difficultés ou comme une condition sine qua non à l’obtention d’un emploi, d’un logement social ou d’un certificat d’intégration. Une approche récréative pourrait faire ses preuves tout en élargissant les horizons culturels de la prochaine génération. Les langues ouvrent des fenêtres sur le monde. Celle de Vondel offre une vue imprenable sur une région voisine… que certains perçoivent déjà comme un pays étranger.

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