Carl Devos
La vraie réforme de l’Etat ? C’est dans les têtes
Plus la Wallonie prendra confiance, plus Bruxelles s’en émancipera, et plus la Flandre s’approchera du confédéralisme auquel elle aspire.
L’économie flamande est en perte de vitesse par rapport à d’autres régions européennes et réalise un score médiocre sur des indicateurs importants. Depuis peu, la Wallonie lui dame le pion sur plusieurs critères. Il faut que la Flandre prenne l’initiative si elle veut éviter de s’enfoncer toujours plus, y compris dans son autosatisfaction et sa résignation. On n’ira pas jusqu’à dire que les prestations du gouvernement flamand sont mauvaises, elles sont juste insuffisantes. Les lacunes ne concernent pas seulement un manque de soutien de la croissance économique : le fait que les réformes annoncées – comme celle de l’enseignement, d’une assurance hospitalisation flamande ou d’une prime régionale à l’enfance – tardent à être mises en oeuvre prouve le manque de force de frappe du gouvernement Peeters II, tout comme l’échec de grands travaux d’infrastructure, tels qu’Uplace près de Bruxelles ou le Lange Wapper autour d’Anvers. Le gouvernement flamand ne bénéficie pas de la cohésion interne nécessaire pour mettre en oeuvre une politique efficace. Et pour l’heure, le sens de l’urgence n’est pas aussi élevé que celui que ressentait la Wallonie il y a de nombreuses années.
Aujourd’hui, certains politiciens wallons prennent confiance et cette fois, il ne s’agit plus d’une confiance de façade. Cette fois, le redémarrage paraît plus structurel. Des administrateurs tels que Jean-Claude Marcourt et Rudy Demotte ainsi que le plan Marshall 2.Vert incarnent cette Wallonie nouvelle.
Il est trop tôt pour affirmer que cette amélioration est définitivement sur les rails, et que tout ne peut qu’aller mieux. Pour autant, tous les problèmes de la Wallonie ne sont pas résolus ou sur le point de l’être. Il reste de très nombreux défis. Peut-être que cette amélioration est en soi son principal facteur de menace. Qui sait, peut-être la Wallonie va-t-elle s’embourber sur le plan administratif dans une tentative de mieux réguler ? Qui sait, peut-être le succès va-t-il engourdir la force de frappe du Sud du pays et le précipiter dans l’autosatisfaction par excès de fierté ?
Ce qui importe, c’est que les deux Régions évoluent l’une vers l’autre et en arrivent, malgré les différences persistantes, à se trouver sur un pied d’égalité. Une telle évolution est cruciale dans le développement de la nouvelle Belgique : qui se ressemble s’assemble mieux. La prochaine réforme de l’Etat confiera de nombreuses compétences et de nombreux moyens aux Régions, mais la vraie réforme confédérale se trouve dans la tête : dans le chef des ministres-présidents qui, ensemble, informent de ce dont ils ont besoin un niveau fédéral en rétraction. Tel est le rêve copernicien de Kris Peeters. Et plus la Wallonie prend confiance, plus ce rêve a des chances d’aboutir.
Rudi Vervoort accède maintenant au poste de ministre-président bruxellois. L’homme doit garder le contrôle du gouvernement bruxellois entre les mains du PS. Pour ce faire, il devra s’engager dans la voie du renouveau, à l’instar de ses collègues wallons. Il devra améliorer les relations avec la Flandre et se demander si la Fédération Wallonie-Bruxelles ne constitue pas un frein à cette amélioration et donc à la position de Bruxelles comme troisième Région à part entière. S’il y parvient, ce n’est pas la N-VA qui mènera la Belgique aux portes du confédéralisme, mais les trois ministres-présidents.
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