La Sûreté de l’État met en garde contre l’extrémisme violent à l’idéologie « salad-bar »
La Sûreté de l’État met en garde, dans son rapport 2021-2022, contre la menace croissante de l’extrémisme de droite qui va de pair avec l’extrémisme anti-establishment.
L’aversion de « l’establishment » peut atteindre des proportions potentiellement violentes, comme l’a montré en 2022 le réseau des « doomsday preppers » qui se préparaient « à la fin de la société » et avaient stocké des armes et des munitions, rappellent les services civils de renseignement, dans un communiqué.
« Leur vision du monde est un salad-bar d’éléments extrémistes, d’extrémisme antigouvernemental, d’aversion de ‘l’establishment’ comme les politiciens, les universitaires, la presse (les ‘main stream media’), de pensée conspirationniste. Ces dernières années, les néonazis ‘purs’ sur le plan idéologique sont plutôt devenus l’exception dans ce milieu de ‘doomsday preppers’« , selon la Sûreté.
L’organe note également que la radicalisation touche de plus en plus les jeunes, un phénomène observable depuis le milieu de la dernière décennie. « Comme pour l’aversion du gouvernement, le covid a indéniablement joué un rôle d’accélérateur dans ce domaine. »
Dans son rapport, la Sûreté revient sur l’espionnage et l’ingérence dans les institutions internationales en Belgique, dont le scandale du « Qatargate » au Parlement européen est un exemple. « Il s’agissait de la première affaire de cette ampleur jamais transmise par la Sûreté aux autorités judiciaires belges dans ce cadre », note l’institution.
En 2022, la Sûreté de l’État a aussi coopéré sur l’identification des 21 espions russes expulsés par la Belgique. Avec l’expulsion de 19 officiers de renseignement par l’Union européenne, « l’opération d’expulsion russe est l’une des plus importantes depuis des décennies, tant pour notre pays que pour l’Union européenne ».
La Chine n’est pas oubliée: pour éviter qu’à l’avenir les investissements étrangers ne compromettent la sécurité nationale, la Belgique a mis au point un mécanisme de filtrage des investisseurs potentiels qui entrera en vigueur à l’été 2023, souligne la Sûreté. Mais d’ores et déjà, « l’imbrication de nos activités économiques avec la Chine est considérable, y compris dans des secteurs stratégiques. »
Le rapport aborde aussi les deux opérations de rapatriement réussies d’enfants et de leurs mères des camps en Syrie, ainsi que la question des « returnees » de la guerre en Ukraine. Il s’agit de combattants volontaires belges, pour lesquels la Sûreté doit s’assurer à leur retour qu’ils ne constituent pas une menace potentielle. « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’impact sur la sécurité dans notre pays en raison des ‘returnees’. La Sûreté de l’État reste attentive à une toute petite minorité d’entre eux. »
Pour le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, qui a lui-même connu des épisodes de protection renforcée en raison des menaces de la criminalité organisée, la Sûreté de l’État a obtenu des « résultats bluffants » cette année.
« La plus grande enquête de corruption jamais menée au niveau européen, des actions solides contre les espions étrangers et les extrémistes nationaux: il est clair pour tout le monde et certainement pour nos partenaires internationaux que les services de renseignement belges sont bien mieux armés. Maintenant que le nouveau code pénal rend également punissables l’espionnage et l’ingérence étrangère, cela deviendra encore plus évident à l’avenir », souligne-t-il, cité dans le communiqué.
Ces dernières années, la Sûreté de l’État a reçu des moyens pour engager 400 personnes d’ici 2024, ce qui doit lui permettre d’atteindre un effectif de 1.000 agents. « Nous serons encore mieux équipés pour faire face aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés, notamment en raison de notre position de service hôte des institutions européennes », a commenté Francisca Bostyn, l’administratrice générale ad interim de la Sûreté de l’État.
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