La seconde main: une tendance qui devient la norme
Les achats de seconde main sont en vogue. Selon l’étude récente de l’institut Crossborder la vente de seconde main sera 1,5 fois plus importante que la mode rapide (fast fashion) d’ici 2028. Les jeunes, surtout, modifient leurs habitudes de consommation, en étant plus attentifs à leur empreinte écologique.
La fast fashion est la production bon marché et la consommation frénétique de vêtements. Les collections sont renouvelées plusieurs fois par saison, voire par mois. En somme, c’est une mode jetable, peu soucieuse de l’impact sur la planète. Et les nouvelles générations sont désireuses de trouver des alternatives. Parmi elles, la slow fashion (production de collections à plus petite échelle et donc plus éthique) et la seconde main.
La vente en seconde main et les plateformes de vente entre particuliers prennent une place de plus en plus importante sur le marché de la mode. Cross-Border a établi un classement des dix meilleures plateformes commerciales transfrontalières opérant en Europe. Vinted, le plus grand marché en ligne d’Europe dédié à la mode d’occasion, atteint la 5e place du classement, avec 25 millions d’utilisateurs dans le monde.
Une prise de conscience générationnelle
Les jeunes tirent le marché vers le haut ; l’étude Cross-Border affirme que « la génération Y et la génération Z sont à l’origine de cette croissance ». Les 18-37 ans achèteraient 2,5 fois plus d’articles d’occasion que les autres tranches d’âges. On préfère aujourd’hui l’usage à la possession. Quelles sont les origines d’un tel engouement ?
En 2020, le rapport publié par l’Australian Strategic Policy Institute dévoilait le travail forcé des Ouïghours ; il aura l’effet d’une bombe sur le marché de la mode. Plus de 83 firmes multinationales sont concernées et accusées d’esclavage moderne, dont les bien connues Zara, H&M, Adidas, Nike, etc.
Plusieurs scandales de ce type ont éclaté ces dernières années, avec pour effet l’éveil des consciences sur l’impact écologique et humain désastreux du secteur de la mode.
La mode reste aujourd’hui la deuxième industrie la plus polluante de la planète, après celle du pétrole. Le seul moyen d’agir pour ceux qui souhaitent changer les choses? Utiliser sa carte bancaire différemment.
Plus largement, dans de nombreux secteurs, l’achat de seconde main, autrefois réservé aux plus démunis, est désormais un acte engagé et revendiqué. Alors qu’il était impensable qu’un cadeau soit d’occasion, les dernières années sont marquées par la volonté des consommateurs de s’inscrire dans l’économie circulaire. La résistance « au neuf » est un moyen pour les nouvelles générations de reprendre le pouvoir face à une société de la consommation à tout crin.
Ce changement peut aussi en partie s’expliquer par la facilité de cette tranche d’âges à utiliser les différents outils numériques. Internet joue un rôle considérable dans le secteur de la seconde main ; il permet de faire se rencontrer l’offre et la demande.
Mais la vente d’occasion ne se passe pas uniquement sur internet. Les fripes et différents boutiques physiques vintage se multiplient également.
Une tendance renforcée par la crise sanitaire
La période de confinement a été l’occasion pour de nombreux consommateurs de revoir leurs priorités. Avec cette prise de conscience, couplée d’une baisse du pouvoir d’achat, les ventes d’articles d’occasion ont bondi.
La crise sanitaire a été particulièrement dure pour les étudiants sur le plan financier et la seconde main est devenue une aubaine pour leur porte-monnaie. Désormais, il est possible de meubler son Kot, de s’habiller et de téléphoner uniquement avec de l’occasion.
En 2020, selon un sondage mené par Kotplanet, 92 % des étudiants belges avaient déjà consommé des produits d’occasion. Et 20 % d’entre eux achetaient de la seconde main au moins une fois par mois.
Lola Buscemi
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