Etienne Dujardin
La gratuité n’existe pas, c’est toujours le contribuable qui paie
Nous sommes à près de deux mois des élections et nous assistons à un festival de différents partis proposant des mesures de gratuité ou de subsides en tous genres.
Ecolo déclare vouloir la gratuité des transports en commun pour les chômeurs de moins de 25 ans. Le PS sort une proposition de gratuité pour la visite chez le médecin généraliste. Nous avons aussi eu droit à Madame Onkelinx qui propose 420 euros par mois aux chômeurs en formation en plus de leur indemnité normale. Ecolo proposait récemment, une idée d’allocation universelle à plusieurs milliards d’euros pour les 18 à 26 ans… Et on pourrait encore parler de la proposition socialiste des repas chauds gratuits à l’école sans compter toutes les mesures de gratuité proposées par le PTB ou même d’une étude demandée par le CDH pour analyser la faisabilité du transport gratuit pour tous à Bruxelles…
Limitons-nous ici à l’exemple de la gratuité des transports en commun en Bruxelles, c’est la fausse bonne idée par excellence. La Stib a un taux de couverture des dépenses par ses recettes qui était de seulement 41,5 % en 2017. Le prix du ticket de transport est déjà largement financé par le contribuable. Les jeunes, les seniors, les personnes fragilisées ont déjà des tarifs très préférentiels. Se passer aujourd’hui des 200 millions d’euros de recettes annuelles ne permettra pas de financer le développement de l’entreprise comme elle le mérite. Enfin, l’exemple de la gratuité a déjà été testé à Hasselt et abandonné depuis.
Il faut en finir avec cette idée de François Hollande : « C’est gratuit, c’est l’Etat qui paie« . Rien n’est gratuit, au final toutes les dépenses publiques ne sont financées que par le portefeuille des contribuables. Toutes ces propositions de gratuité lancées à quelques mois des élections pour attirer l’électeur ne feront que créer les gilets jaunes de demain à savoir les gens de la classe moyenne et populaire qui travaillent, et qui ne sont pas assez riches pour pouvoir vivre confortablement sans se soucier du lendemain, mais pas assez fragilisés pour pouvoir profiter de toutes les aides dont jouissent les plus faibles. À un moment donné, le système craque, les pièges à l’emploi sautent aux yeux, les personnes qui touchent de bas salaires se demandent si cela vaut encore la peine de travailler lorsqu’elle voit combien d’autres sont aidés en termes de mobilité, d’allocation, de logement, de service gratuit en tous genres.
Pour payer toutes ces dépenses publiques supplémentaires et toutes les propositions de gratuité évoquées, l’Etat doit soit augmenter les taxes, soit creuser la dette déjà très lourde pour les générations futures. Au début des années 2000, les dépenses publiques étaient de 42,5 % du PIB. En 2018, elles s’élevaient à 53,2 % selon des chiffres Eurostat. À titre de comparaison, l’Allemagne est à un ratio de 44 % du PIB en dépense publique et ce pays ne semble pas moins bien géré ni administré.
Au lieu de vendre du rêve, de multiplier les propositions démagogiques, de creuser encore le fossé avec le Nord du pays où il n’y aura jamais de majorité fédérale pour les points ci-dessus qui concernent ce niveau de pouvoir, la seule façon de rendre du pouvoir d’achat aux gens est de réduire les dépenses publiques, de baisser les impôts en priorité des travailleurs à bas revenu, de dégager des marges à réinvestir dans l’économie pour favoriser la croissance et, via cette dernière, permettre d’avoir les recettes publiques nécessaires pour financer le fonctionnement de l’Etat et les mécanismes de solidarité. Il est urgent d’arrêter de céder à la démagogie, la séquence électorale « gratuité » que nous vivons depuis quelques jours est tout simplement infaisable sans alourdir la charge fiscale des travailleurs déjà lourde dans ce pays.
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