Carte blanche
La gestation pour autrui, la solution à l’inégalité devant l’infertilité (carte blanche)
Les Jeunes MR dénonçent le vide législatif belge concernant la gestation pour autrui (GPA) et présentent leurs propositions pour encadrer cette nouvelle forme de parentalité.
Nous, Jeunes MR, profitons du mois de mai qui vient de passer malgré une Pride annulée pour soutenir la communauté LGBTQI+. Nous dénonçons donc le vide législatif belge concernant la gestation pour autrui (GPA) et présentons nos propositions pour encadrer cette nouvelle forme de parentalité.
La GPA est un mode de procréation médicalement assisté (PMA) consistant à demander ou accepter qu’une femme extérieure aux auteurs du projet parental puisse porter un ou plusieurs de ses enfants. La pratique de la GPA est majoritairement pratiquée dans des contextes impliquant des couples hétérosexuels ne pouvant procréer. La GPA constitue aussi l’un des moyens existant pour les hommes homosexuels, en couple ou non, de parvenir à fonder une famille. La GPA est légalisée et encadrée dans un certain nombre de pays (dont Grèce, Portugal, UK, Pays-Bas, Russie, USA, Canada…). Elle ne fait pas l’objet d’une législation spécifique en Belgique et cette absence de cadre législatif crée une véritable insécurité juridique pour les couples qui y ont recours. Pourtant, recourir à une mère porteuse est toléré dès lors que cette pratique n’est pas en tant que telle constitutive d’une infraction pénale.
De ce fait, seuls quelques centres hospitaliers prennent en charge les patients qui veulent bénéficier d’une GPA tel que le Centre hospitalier régional de la Citadelle à Liège, des hôpitaux universitaires de Gand et d’Anvers ainsi que de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles. Chacun des centres examine ses propres dossiers au sein d’un comité éthique multidisciplinaire et prend ses décisions en fonction de critères qui lui sont propres. En particulier, les demandes émanant de couples homosexuels masculins ne sont pas toujours admises, créant une sorte de discrimination parmi différents couples.
De plus, l’apparition de nouvelles formes de parentalité confronte les pouvoirs locaux à des questions pour lesquelles ils n’ont pas de réponse certaine ou formelle. Les parents doivent inscrire leur enfant au registre national auprès de leur commune et faire établir la filiation avec le père biologique ainsi que la nationalité belge, le cas échéant. C’est là que cela se complique. L’absence de cadre législatif et administratif engendre des situations d’iniquité entre enfants nés par GPA en Belgique ou à l’étranger. En effet, selon la subjectivité de l’agent communal en charge, l’enregistrement du lien de filiation entre enfant et parent est accepté ou pas dans les registres communaux.
Pourtant, avec la loi du 5 mai 2014 le législateur a franchi une étape importante en permettant l’application des règles de droit civil en matière de filiation sur l’établissement de la filiation de la coparente permettant désormais à la compagne ou l’épouse d’une femme, de devenir la coparente de son enfant, de la même manière que pouvait l’être le père. Ainsi, deux femmes pourront désormais être, au même titre l’une que l’autre, parentes d’un enfant commun, impliquant par-là toutes les conséquences, notamment successorales, de la filiation. Ceci n’est pas le cas pour deux hommes, ce qui est discriminatoire par rapport aux couples de deux femmes ou d’un homme et une femme.
Dès lors, les enfants nés d’un couple homosexuel masculin ne peuvent voir leur double filiation paternelle établie que par le biais de l’adoption intrafamiliale, qui d’une part ne correspond pas au projet d’enfant initié par le couple et d’autres part ne remplit pas les critères de l’avis de la Cour Européenne des droits de l’Homme (CEDH) avec l’Affaire Menesson (France) – 10 avril 2019. Nous regrettons que cet avis ne soit pas garanti en Belgique alors que les retards des procédures d’adoption intrafamiliale s’élèvent à plus de 2 ans. N’oublions pas non plus l’arrêt du 10 août 2018 de la Cour d’appel de Bruxelles, parmi d’autres, qui considère qu’il est inutile de recourir à l’adoption alors que la reconnaissance du jugement étranger permet d’établir à son égard un lien de filiation qui est parfaitement conforme à l’origine et à l’identité des enfants. La jurisprudence va de plus en plus dans cette direction répondant au vide législatif existant.
Face à ce constat interpellant, notre jeunesse libérale veut mettre fin au flou juridique actuel entourant les procédures de reconnaissance de l’enfant né par GPA et la double filiation paternelle. Pour ce faire, nous proposons:
- Une circulaire ministérielle adressée aux administrations communales, ainsi qu’aux procureurs du pays, afin de clarifier et définir une procédure harmonisée sur l’ensemble du territoire national concernant l’enregistrement de l’enfant et de sa filiation à son parent biologique sur base de son certificat de naissance dûment traduit et apostillé et /ou du jugement de cessation des droits parentaux de la mère porteuse, en octroyant automatiquement la nationalité Belge le cas échéant. Ce jugement de cessation des droits parentaux de la mère porteuse empêche le nom et le prénom de cette dernière d’être sur l’acte de naissance et donc enregistrée au Registre National comme mère biologique de l’enfant.
- La modification des dispositions législatives en matière de filiation afin de reconnaître la double filiation paternelle, comme c’est le cas pour la double filiation maternelle, pour que le parent d’intention soit reconnu par l’administration belge comme parent légal au vu des documents étrangers lui reconnaissant ce statut (acte de naissance valable, jugement étranger apostillé), sans devoir passer par la procédure d’adoption intrafamiliale.
Sur le long terme, les Jeunes MR demandent le développement d’un cadre législatif clair et sûr permettant l’émergence d’une Gestation Pour Autrui altruiste. Dans ce modèle, une femme décide librement et de manière éclairée de mettre son corps et ses fonctions reproductives à disposition d’un projet parental qui n’est pas le sien et ce sans rémunération financière. Nous prenons comme exemple les bonnes pratiques développées au Canada pour organiser ce mode de procréation médicalement assistée. Nous voulons éviter une monétisation des fonctions reproductives du corps des femmes car elle est potentiellement source d’aliénation et d’exploitation.
De plus, nous voulons mettre un terme à l’inégalité devant l’infertilité qui prévaut à l’heure actuelle, tout en posant les sauvegardes nécessaires pour garantir l’intérêt supérieur de l’enfant, ainsi que les droits et devoirs des différentes parties concernées. Pour autant que la GPA soit strictement encadrée, il est possible de rencontrer les réserves formulées à l’égard de cette pratique sur le plan éthique et philosophique, de permettre à tout couple de pouvoir y accéder également en Belgique, de créer sa propre famille, de garantir une certitude juridique si le parcours est effectué à l’étranger et d’éviter des dérives qui ne sont pas acceptables.
Pour les Jeunes MR,
Semaille Laurie, Présidente
Dekeyser Damien
Di Turi Laure
Feller Eléonore
Hidalgo Laura
Liégeois Julien
Vangeluwe Nicolas
Verrue Soufiane
Wintquin Bénédicte
Zanaglio Andrea
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