La fondation Roi Baudouin prend ses distances avec Pierre-Édouard Stérin, tout comme le fonds philanthropique que celui-ci a cofondé (Info Le Vif)
Les valeurs réactionnaires du milliardaire et philanthrope français, qui vit en Belgique, ne sont «pas en adéquation avec celles portées par la Fondation Roi Baudouin», dit celle-ci, rappelant qu’elle entend promouvoir «une société juste et inclusive». La Nuit du bien commun, cofondée par le milliardaire, et qui était jusqu’ici soutenue par la fondation Roi Baudoin, prend également ses distances.
Épinglé par la presse française pour sa propension à promouvoir des valeurs réactionnaires et pour son soutien (pas si) secret au Rassemblement National (RN) via un projet baptisé Périclès, le milliardaire français Pierre-Édouard Stérin, qui vit en Belgique, y cultive un réseau aussi discret qu’actif. Lequel, comme l’a décrit Le Vif, passe par une entente plus que cordiale avec l’Institut Thomas More, think-tank libéral-conservateur franco-belge, à la tête duquel se trouve l’avocat belge Aymeric de Lamotte, par ailleurs proche du milliardaire, chargé de piloter des procédures juridiques contre les «nouvelles intolérances» que seraient le «wokisme» ou «l’islamo-gauchisme». Une «guérilla juridique» décrite par Stérin et ses proches via le projet Périclès, et qui a déjà abouti à plusieurs procédures en France, comme en Belgique. Ainsi d’un recours contre l’Evras (éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle) concocté par le collectif «Justitia», hébergé au sein de l’Institut Thomas More et piloté, formellement, par Aymeric de Lamotte.
Le bien commun, jusqu’en Belgique
Mais, outre ses investissements en Belgique — par exemple pour acquérir les Atelier de la Meuse, à Liège, via son fonds Otium Capital, en partenariat avec Arnaud Montebourg —, Pierre-Édouard Stérin est aussi actif en matière philanthropique, lui qui a mis sa fortune au service du Fonds du bien commun, une structure lancée en 2021, qui «accompagne des projets de toutes inspirations, porteurs de valeurs positives et soucieux d’améliorer notre société». Des valeurs promues jusqu’en Belgique: fin novembre dernier s’est ainsi tenue à Flagey la seconde édition de «Bruxelles pour le bien commun» –émanation de la Nuit du bien commun, structure fondée en 2017 et dont M. Stérin est un des fondateurs–, une soirée conçue comme «le rendez-vous incontournable de la philanthropie».
Cette suspension est en vigueur jusqu’à ce qu’une discussion ait lieu, à court terme, avec les initiateurs de La Nuit du Bien Commun Bruxelles. En fonction des conclusions de celle-ci, la possibilité d’effectuer des dons en faveur de La Nuit du Bien Commun Bruxelles, via la Fondation Roi Baudouin, pourrait être définitivement arrêtée.
Fondation Roi Baudouin
L’événement est soutenu par la Fondation Roi Baudouin, qui permet à La Nuit du Bien Commun Bruxelles, de collecter des dons en ligne via un «Cercle de donateurs» hébergé au sein de la Fondation. Mais la lecture de divers articles «à propos de Pierre-Edouard Stérin et de son Fonds pour le Bien Commun», a conduit à la suspension en juillet dernier de la possibilité de collecter ces dons en ligne via la Fondation Roi Baudouin, nous est-il revenu, la Fondation assurant par ailleurs prendre «très au sérieux les accusations portées à l’encontre de Monsieur Stérin, dont les valeurs ne sont pas en adéquation avec celle portées par la Fondation Roi Baudouin, fondation indépendante et pluraliste qui vise notamment à promouvoir une société juste et inclusive.»
«Cette suspension est en vigueur jusqu’à ce qu’une discussion ait lieu, à court terme, avec les initiateurs de La Nuit du Bien Commun Bruxelles. En fonction des conclusions de celle-ci, la possibilité d’effectuer des dons en faveur de La Nuit du Bien Commun Bruxelles, via la Fondation Roi Baudouin, pourrait être définitivement arrêtée», explique, auprès du Vif, la Fondation.
Du côté des opérateurs de la Nuit du bien commun, structure philanthropique par ailleurs associée à Pierre-Édouard Stérin sur d’autres projets, dont la Maison du bien commun, le milliardaire n’est clairement plus en odeur de sainteté. «Il n’a pas volé la marque mais il a fait un truc invraisemblable en termes de communication (NDLR: en réutilisant, quatre ans plus tard, le terme ‘bien commun’ pour sa propre fondation). La Nuit du bien commun est un fonds indépendant dont je suis l’opérateur, j’ai un conseil d’administration qui a sa propre vision stratégique», lâche Stanislas Billot de Lochner, tout en reconnaissant que sa proximité avec le milliardaire est surtout «devenue un problème majeur quand j’ai découvert comme tout le monde qu’il y avait des activités plus politiques et plus orientées…» «Je suis tombé de ma chaise (…) avant j’estimais que c’était un type de centre-droit, genre filloniste», conclut, dépité, Stanislas Billot de Lochner.
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