La défédéralisation de l’aide au développement: «un mauvais calcul» selon le CNCD-11.11.11
Le rapport du CNCD-11.11.11 alerte sur les effets secondaires négatifs que provoquerait une défédéralisation de l’aide au développement, discutée par la coalition Arizona
La défédéralisation partielle de l’aide au développement voulue par le formateur Bart De Wever et discutée dans les négociations de la coalition Arizona est «dogmatique» et «va encore fragmenter l’aide alors que l’on a besoin de l’harmoniser», alerte le secrétaire général du CNCD-11.11.11, Arnaud Zacharie. La coupole d’ONG présente jeudi son rapport annuel sur la coopération belge au développement.
Une défédéralisation qui ferait pire que mieux
Il en ressort que, bien qu’elle soit jugée plutôt pertinente et bien ciblée, l’aide publique au développement (APD) belge reste toujours à un niveau inférieur aux objectifs internationaux. L’an dernier, elle a stagné, même un peu reflué. Si le montant qui lui a été alloué a augmenté de 86 millions d’euros (à 2,6 milliards d’euros), elle ne représente plus que 0,44% du revenu national brut (contre 0,45% l’année précédente). La Belgique est «un mauvais élève du nord-ouest» et fait moins bien que ses voisins, même si elle a – contrairement à de nombreux pays – cessé de comptabiliser comme aide au développement des frais qui n’en sont pas, tels que les coûts des étudiants étrangers ou l’accueil des réfugiés ukrainiens.
L’objectif international, que la Belgique s’est engagée à respecter d’ici 2030, est de consacrer 0,70% de son RNB à l’APD. Mais la proportion du revenu national brut consacrée stagne depuis des années et les besoins en financement pour atteindre les Objectifs de développement durable sont énormes. Le CNCD-11.11.11 tire donc la sonnette d’alarme: «les budgets pour la coopération au développement ne doivent pas être réduits, mais au contraire augmentés dans le courant de cette législature».
Les négociateurs de la prochaine coalition gouvernementale envisageraient désormais d’opération une défédéralisation des compétences (coopérations universitaire et communale, entre autres) vers les entités fédérées, soit 630 millions de coûts sur cinq ans. Un budget qui n’est pas prévu dans les accords ou négociations en cours de ces entités. En conséquence, si un tel transfert a lieu «soit les compétences transférées vont disparaître, soit leur poursuite va impacter toutes les autres», résume-t-on au CNCD-11.11.11.
Réduire encore les budgets, déjà trop faibles vu les objectifs internationaux, est «un mauvais calcul», poursuit Arnaud Zacharie. «On est tous dans le même bateau, même si on est pas à la même place», résume-t-il. «Investir dans le financement climatique, dans l’éradication de maladies transmissibles, dans la prévention de conflits ou dans la stabilité économique mondiale sont dans notre intérêt aussi. Nous ne pouvons pas résoudre les problèmes mondiaux en pensant qu’ils s’arrêtent à nos frontières.»
Défédéraliser l’aide au développement ne la rendra pas plus efficace, bien au contraire, appuie le CNCD.11-11-11, arguant de la lourdeur administrative supplémentaire pour les acteurs du secteur. La penser en variable budgétaire, c’est oublier «l’effet boomerang», «tout le pourtour de l’Europe étant en crise», notamment.
«Un virus venu de l’autre bout du monde nous a confinés pendant deux ans», rappelle Antoinette van Haute, principale auteure du rapport du CNCD. A l’opposé des négociations en cours, la coupole d’ONG plaide donc pour un renforcement de l’APD et un respect des engagements internationaux en la matière. Elle appelle aussi, entre autres, à refinancer la prévention des conflits et la consolidation de la paix – un thème qui a vu son financement belge se réduire à peau de chagrin en 10 ans et qui est pourtant un investissement des plus rentables, avec une économie future de 16 dollars pour chaque dollar investi aujourd’hui, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).