Aurélie Wehrlin
La culotte anti-viol est-elle un pousse-au-crime?
Présentée comme une protection pour les femmes lorsque les « choses tournent mal », la culotte anti-viol crée la polémique. Et pour cause.
Elaboré par deux New Yorkaises sans doute pleines de bonnes intentions, et grâce à des technologies de pointe (indécoupable, indéchirable, verrouillé par cadenas à combinaison), il n’en reste pas moins que ce sous-vêtement censé immuniser contre le viol questionne.
Peut-on imaginer porter ce type de culotte tous les jours ou serait-il possible de prévoir les situations de viol probable ou potentiel? Dans ce cas-là, est-il judicieux de stigmatiser les situations de la vie courante comme autant de moments dangereux (sortie en discothèque peuplée de prédateurs, voyage en terre inconnue donc hostile, etc) sans tomber dans un cliché contre-productif quand on sait que 3 viols sur 4 sont commis par des personnes connues?
D’autre part, peut-on imaginer qu’un violeur se laisse refroidir par ce type de sous-vêtement? Que devant la résistance, il lâcherait sa proie et passerait son chemin, pour peut-être s’en prendre à une autre victime qui ne serait pas aussi bien équipée. On peut aussi spontanément voir dans cette culotte nouvelle génération un motif de frustration supplémentaire pour l’agresseur, qui face à ce sous-vêtement barrage, pourrait redoubler de violences à l’encontre de la porteuse.
Enfin, comment ne pas voir cet objet ni plus ni moins qu’une ceinture de chasteté high-tech, qui préserverait les jeunes filles et jeunes femmes de la tentation. Un signe rétrograde quant à l’évolution des mentalités et l’éducation, notamment sur la question des rapports homme/femme par les jeunes générations dont certaines manifestations contemporaines sont par bien des aspects décourageantes.
De l’avis de beaucoup, le viol est par définition un acte incontrôlable, sur lequel la victime n’a aucun pouvoir, en amont, ni aucune prise. La preuve, joggeuses et clubbeuses, pourtant dans des états d’esprit et des tenues aux antipodes, constituent des cibles. Le violeur est seul dans sa tête et il y a fort à parier qu’il ne se laisserait pas décourager par un code à 4 chiffres. Même si l’on souhaiterait qu’un tel verrouillage dissuade les pires desseins.
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