La crise énergique secoue la majorité
« On fait face à 5 à 10 hivers difficiles, mais nous avons aussi l’occasion de faire un saut en avant de 20 ans en se détachant des combustibles fossiles, malgré toutes les difficultés », affirme le Premier ministre Alexander De Croo, revenu dimanche dans le cadre de l’émission De Zevende Dag (Eén, VRT) sur le débat actuel sur les prix de l’énergie et l’approvisionnement.
La question du prolongement de plusieurs réacteurs nucléaires n’est jamais très loin, même si le libéral met en garde contre la tentation de limiter le débat à cet élément.
Le gouvernement fédéral est en négociations avec Engie pour la prolongation des deux réacteurs les plus récents, Doel 4 et Tihange 3. Il vise un accord définitif avec l’opérateur d’ici fin de l’année, pour redémarrer ces réacteurs en novembre 2026 pour une durée de 10 ans.
Mais plusieurs partis plaident parallèlement pour la prolongation d’autres réacteurs. Comme le MR, dont le président Georges-Louis Bouchez a répété sur le plateau de l’émission « C’est pas tous les jours dimanche » prôner la prolongation de « 5 réacteurs, pour 10 à 20 ans ».
Les microbulles d’hydrogène observées dans les parois des cuves de Doel 3 et Tihange 2 ne sont pas une raison valable pour empêcher une prolongation, martèle le libéral. « Elles sont surveillées, n’ont jamais évolué, et selon l’AFCN (l’Agence fédérale de contrôle nucléaire, NDLR) ne présentent pas de risque », indique-t-il.
Le co-président d’Ecolo Jean-Marc Nollet, des mêmes rangs écologistes que la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen), rappelle quant à lui que la question d’une éventuelle prolongation de Doel 3 et Tihange 2, « pour quelques mois », a été posée à Engie. « Sur Doel 3, ils nous disent ce n’est pas possible. Sur Tihange 2, ils sont encore à l’analyse. Il n’y a pas de blocage », assure-t-il. La priorité des écologistes est surtout d' »accélérer la transition énergétique » (vers le renouvelable) tout en protégeant la population, appuie-t-il.
En attendant, l’opposition ne se prive pas de tirer à boulets rouges sur la majorité. « On a le sentiment d’avoir des gouvernements à 2 de tension », lance Maxime Prévot, président des Engagés, toujours sur le plateau de « C’est pas tous les jours dimanche ». « Près de 40% des citoyens risquent de basculer dans le risque de pauvreté. (…) Il est temps que l’Etat plafonne les prix, on n’a pas besoin d’attendre l’Europe. D’autres pays l’ont fait« .
« A un moment, si l’Europe ne le fait pas, on le fera », répond Thomas Dermine, secrétaire d’Etat socialiste. Côté PS, on ne craint pas par exemple « de menacer de renationaliser une partie de l’énergie, comme la France le fait », ajoute-t-il.
« Plafonner veut dire que l’Etat va prendre en charge le complément. Ce n’est ‘assumable’ que si une contribution de crise permet de capter les surprofits » des entreprises énergétiques qui vendent leur électricité à prix d’or, tempère Willy Borsus (MR), vice-président du gouvernement wallon.
Comme annoncé par le fameux « codeco » énergie, l’idée qui tient la corde pour « écrémer » les « surprofits » est d’élargir à d’autres secteurs la contribution de répartition qui existe déjà pour quatre réacteurs nucléaires.
Pour le libéral Borsus, « le premier élément » à examiner est une modification des règles de fixation des prix, au niveau européen. « Tout ce qui va permettre en amont de faire baisser les prix ».
Vendredi 9 septembre, une réunion des ministres européens de l’Energie devrait déjà apporter une certaine clarté sur une éventuelle convergence des 27 dans ce dossier.
Intervenant dans le JT de milieu de journée de la chaîne flamande VTM, le président du CD&V Sammy Mahdi avance la même priorité (une action sur le mécanisme de formation des prix au niveau européen). Les chrétiens démocrates flamands rejoignent, sur le plan des aides au niveau national, l‘idée d’un tarif social pour la classe moyenne basse, a-t-il également indiqué.
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