La Belgique trop peu ambitieuse en renouvelable et efficacité énergétique
La Belgique est trop peu ambitieuse sur le plan du développement des énergies renouvelables. Il s’agit de l’un des constats de la Commission européenne, qui a publié mercredi une évaluation des Plans nationaux énergie climat (PNEC) définitifs de chaque État membre de l’UE.
Dans son PNEC, chaque pays décrit la manière dont il compte diminuer, dans les prochaines années et jusqu’à 2030, ses émissions de gaz à effet de serre, tout en augmentant la part du renouvelable dans son bouquet énergétique et en améliorant son efficacité énergétique. Par rapport à ses plans provisoires, la Belgique a cependant revu à la baisse son ambition 2030 quant à la part de renouvelable dans sa consommation finale brute d’énergie, à 17,5%. Un niveau « non-ambitieux », tranche la Commission, qui recommandait de viser 25% en 2030.
Et sur la route de 2030, l’objectif intermédiaire de 2020 (13%) a quant à lui déjà de grandes chances de ne pas être rencontré. La Belgique fait partie des trois États membres (avec la France et la Pologne), sur les 27, qui « risquent fort de ne pas y arriver ». Les derniers chiffres définitifs sur la part de renouvelable dans la consommation finale brute sont de 2018: 9,4%.
Trop peu d’ambition
La Commission n’en reste pas là dans ses critiques, estimant par ailleurs que la Belgique a une ambition « basse » sur le plan de l’amélioration de l’efficience énergétique. Prendre cet objectif comme principe premier dans l’adoption de politiques ne se fait pas de manière structurelle en Belgique, note la Commission.
Le PNEC de la Belgique avait été bouclé fin décembre 2019, et été officiellement notifié en janvier dernier, avec encore des modifications en février. Entre-temps, la nouvelle Commission européenne a mis sur la table son « Green Deal » et son objectif d’une Europe neutre en carbone pour 2050. Le nouveau gouvernement fédéral d’Alexander De Croo a affirmé son soutien à cette nouvelle trajectoire. Dans l’accord de gouvernement, le nouvel exécutif s’engage entre autres à « adapter sa contribution au Plan National de l’Energie et du Climat (PNEC) », à adopter l’objectif de -55% de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 1990), qui est le nouvel objectif intermédiaire défendu par la Commission, et à doubler les capacités d’éolien offshore en mer du Nord.
Les PNEC actuels sont basés sur des objectifs climatiques européens qui n’ont pas encore formellement été revus à la hausse en ligne avec le Green Deal. Dans l’actuelle répartition des objectifs, la Belgique vise -35% d’émission de gaz à effet de serre en 2030, par rapport à 2005, hors secteurs couverts par le système d’échange de quotas d’émission (« secteurs non-ETS »). Il est cependant attendu que la Belgique s’écarte de 0,6 point de pourcentage de cet objectif.
Poids de la lasagne institutionnelle belge
La lasagne institutionnelle belge ne manque pas d’avoir des conséquences sur le plan national de la Belgique. La Commission remarque généralement un manque de cohérence dans le document et le manque d’une vision commune, le pays passant parfois à côté d’opportunités de synergies entre les entités fédérées, comme dans la conversion au gaz riche.
« En m’appuyant sur l’accord du gouvernement fédéral, je vais, en étroite concertation avec mes homologues fédéraux et régionaux, examiner comment améliorer notre coopération, et accroître et accélérer nos efforts », a réagi la nouvelle ministre du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal, l’Ecolo c.
Elle prend également note des recommandations que la Commission formule pour le plan national de réformes et d’investissement que le pays devra bientôt soumettre dans le but d’avoir des financements issus de la « Facilité pour la reprise et la résilience ». Cette « facilité », l’un des piliers du plan de relance post-coronavirus de l’UE, réserve une manne potentielle de 5,1 milliards (prix 2018) de subsides pour la Belgique pour les trois prochaines années. Pour en bénéficier, il faudra cependant établir un plan précis exposant à quoi sera dépensé l’argent, avec au moins 37% des fonds qui devront être liés aux objectifs climatiques. La Commission pointe déjà pour la Belgique la nécessité d’augmenter les rénovations de l’immobilier (via une simplification des procédures de permis, entre autres), et le soutien à la mobilité durable (entre autres par l’abandon de la fiscalité favorable aux voitures de société).
« Il est nécessaire d’inclure les bons projets dans le plan de redéploiement national attendu par la Commission », abonde Zakia Khattabi. Elle place déjà en priorité la rénovation des bâtiments publics et les rénovations énergétiques, les énergies renouvelables, les investissements dans le transport durable, ainsi qu’une « fiscalité qui tient compte du défi climatique à relever ».
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