La Belgique a enregistré 39.000 demandes d’asile en 2023, dont un grand nombre de Palestiniens
Ce sont près de 40.000 personnes qui ont demandé l’asile en Belgique, en 2023. Parmi elle, des Palestiniens et des Palestiniennes, dont les demandent ont fortement augmenter depuis le début du conflit avec Israël.
39.615 personnes ont demandé l’asile en Belgique l’an dernier, une hausse notable (de 12%) par rapport à 2023, communique, jeudi, le cabinet de la secrétaire d’Etat à l’Asile et la migration, Nicole de Moor. Le nombre de personnes issues des territoires palestiniens a fortement augmenté (+74%) parmi les demandeurs. Elles sont d’ailleurs le premier groupe en termes de nationalité, devant la Syrie, l’Érythrée et la Turquie.
Sans surprise, la situation géopolitique dicte les mouvements migratoires. La guerre dans la bande de Gaza, déclenchée en octobre 2023, a poussé de nombreux Palestiniens à l’exil en 2024. L’an dernier, 3.281 Palestiniens ont ainsi reçu le statut de réfugié en Belgique, tandis que 331 se sont vus opposer un refus et que ce statut a été retiré ou abrogé à une personne, ressort-il des données présentées jeudi par le Commissariat général aux réfugiés et apatrides.
« Tous les Palestiniens (qui ont introduit une demande, NDLR) ne fuient pas Gaza », ajoute le directeur général de l’Office des étrangers, Freddy Roosemont, en conférence de presse. « Ils viennent parfois d’Égypte, du Liban… » « Plus de la moitié (NDLR: 64%) des réfugiés palestiniens avait déjà obtenu une protection dans un autre pays », embraye Nicole de Moor (CD&V).
De manière générale, une très grande part des 39.615 demandeurs d’asile, soit 15.685 personnes, avaient déjà entamé une procédure dans un autre pays européen, ce qui peut se vérifier avec les empreintes digitales, enregistrées au moment de la demande.
Le premier pays d’enregistrement
Selon le « règlement Dublin« , c’est le premier pays d’enregistrement (et non la Belgique) qui est censé être responsable du traitement de la demande. Dans les faits, on sait que l’application de ce principe a toujours été parcellaire, entre autres parce qu’il fait peser une charge disproportionnée sur les principaux pays d’entrée, Grèce et Italie en tête. En Belgique l’an dernier, 85% des personnes qui avaient déjà obtenu une protection internationale l’avaient acquise en Grèce, selon l’Office des étrangers.
La législation actuelle permet normalement de déclarer irrecevables les demandes d’asile de réfugiés reconnus (et donc de ne pas les traiter). Dans la pratique, cependant, la jurisprudence du Conseil du contentieux des étrangers garantit que deux tiers des demandes sont traitées et que près de la moitié des demandes sont reconnues, parce que les prestations sociales en Grèce sont considérées comme insuffisantes et inaccessibles par cette juridiction indépendante.
« Je m’oppose depuis longtemps à cette pratique car le système tourne fou », a insisté la secrétaire d’Etat. « Nous devons faire comprendre très clairement aux gens qu’après une décision dans un pays, il ne sert à rien d’essayer à nouveau en Belgique. » Pourquoi certains, déjà reconnus comme réfugiés, tentent-ils alors une nouvelle fois leur chance en Belgique? L’explication est double, selon les autorités.
Notre pays dispose déjà d’une grande communauté palestinienne, sur laquelle les nouveaux arrivants peuvent s’appuyer. Ensuite, le Conseil du contentieux des étrangers octroie dans de nombreux cas « quand même un permis de séjour », a complété la secrétaire d’État. Le nouveau Pacte européen sur la migration et l’asile, définitivement adopté en mai dernier, et qui devrait connaitre ses premiers effets d’ampleur en 2026, devrait changer la donne et clarifier les règles quant au principal pays responsable de la demande, espère le cabinet de Moor.
«Un cessez-le-feu ne signifie pas la paix»
Entre-temps, un cessez-le-feu entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas devrait entrer en vigueur dimanche midi dans la bande de Gaza. Suspendre le traitement privilégié dont bénéficient les Palestiniens n’est toutefois pas à l’ordre du jour, a confirmé la commissaire générale aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), Sophie Van Balberghe. « Un cessez-le-feu ne signifie pas la paix et nous connaissons la situation, notamment sanitaire, à Gaza », a-t-elle précisé.
De plus, l’agence de l’Onu chargée d’aider les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, n’est pas pleinement en mesure de fournir cette aide, a rappelé Mme Van Balberghe. Israël a en effet décidé d’interdire, à partir de fin janvier, les activités de l’UNRWA dans la bande de Gaza, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Il y a eu un peu plus d’1,13 million de demandes d’asile dans l’UE en 2023, parmi lesquelles 1.049.550 premières demandes. Le principal pays pour ces premières demandes est l’Allemagne, qui comptabilise à elle seule 329.000 primo-demandeurs sur 2023. Comme la Belgique, le pays fait face à des « doubles demandes », notamment de Syriens. Pour 2024, il y aurait une légère baisse du nombre total de demandes à l’échelle européenne. La Belgique fait cependant partie d’une poignée de pays où une hausse est observée.