Ibrahim Farisi
Ibrahim Farisi © Belga

Procès attentats de Bruxelles: Me Carrette adresse une lettre émue à Ibrahim Farisi

Les plaidoiries de la défense se sont achevées au procès des attentats du 22 mars 2016, devant la cour d’assises de Bruxelles. Les avocats d’Ibrahim Farisi ont demandé l’acquittement pour leur client.

Les plaidoiries de la défense se sont achevées mardi matin au procès des attentats du 22 mars 2016, devant la cour d’assises de Bruxelles, avec la plaidoirie empreinte de beaucoup d’émotion de Me Xavier Carrette et de Me Sophie Berger, les conseils d’Ibrahim Farisi. Ils ont demandé au jury de suivre le ministre public et d’acquitter leur client sur toute la ligne, et non pas seulement au bénéfice du doute. « Après la décision (du jury), promets-moi de tout faire pour revivre », a déclaré Me Carrette à l’Anderlechtois de 34 ans.

  Le cas d’Ibrahim Farisi, dernier des dix accusés du procès des attentats à Bruxelles, est particulier. L’homme n’a été renvoyé devant la cour d’assises que pour participation aux activités d’un groupe terroriste. C’est donc le seul à ne pas devoir répondre des assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste. Mais encore, les procureurs fédéraux ont réclamé, au terme de leur réquisitoire, l’acquittement de l’intéressé, estimant que les charges sont insuffisantes pour le déclarer coupable.

   Me Carrette et Me Berger ont donc pris la parole mardi sans plus d’adversaire contre eux, la partie civile n’ayant pas non plus réclamé la culpabilité d’Ibrahim Farisi. Les deux avocats ont « simplement » insisté sur ce qui a été requis pour leur client, allant un cran plus loin en soutenant que ce dernier doit être acquitté non pas au bénéfice du doute mais avec la certitude qu’il est innocent.

   Pour Me Berger, il n’est tout simplement pas plausible de penser que l’accusé savait qui avait séjourné dans l’appartement de son frère Smail, avenue des Casernes à Etterbeek, et donc qu’il savait que ce logement a servi de planque aux auteurs des attentats. Pour rappel, Ibrahim Farisi a été filmé dans l’immeuble qui abrite cet appartement, le lendemain des attaques terroristes, en train d’aider son frère à le vider.

   « Le constat est terrible », a résumé Me Berger. « À un moment donné, vous, moi, on peut être pris dans un engrenage. Toutes ces petites choses de rien du tout peuvent, à un moment donné, laisser croire à quelqu’un que ces actions s’inscrivent dans un projet innommable qui est de tuer aveuglément des personnes. Et la conséquence de cet engrenage pour Ibrahim, ce sont sept mois de privation de liberté sous un régime carcéral strict. Ce sont surtout sept ans. Cela fait sept ans qu’il porte sur lui une étiquette terroriste avec toutes les conséquences sociales, psychologiques et professionnelles que vous pouvez imaginer. »

   L’avocate a ensuite lu la lettre que son confrère et associé, Me Carrette, a écrite pour Ibrahim Farisi. Une missive que le pénaliste bruxellois n’a pu lire lui-même, pris par l’émotion. « Nous sommes presque au bout du chemin. Le chemin a été long mais, au final, la vérité va triompher« , a couché sur le papier le pénaliste. Il a raconté comment il a vu son client « dépérir, sombrer dans une profonde dépression » après avoir été inculpé dans un dossier relatif à des crimes parmi les plus graves que la Belgique ait connus. « J’ai assisté à ta descente aux enfers, impuissant. La lueur dans tes yeux n’était plus la même. »

   L’avocat a terminé par ces mots: « je te demande de me faire une toute dernière fois confiance. Après la décision (du jury), promets-moi de tout faire pour revivre. »

   Mardi en fin de matinée, la présidente de la cour a également lu le projet de questions sur lesquelles le jury va devoir délibérer dès jeudi soir au plus tôt. Ce sont au total quelque 300 questions relatives à la culpabilité des dix accusés qui devraient être soumises aux jurés. Ceux-ci devront ensuite, avec l’aide des trois magistrats du siège, motiver chacune de leurs réponses.

   Mardi après-midi, la parole a été donnée aux procureurs pour leurs répliques. Les deux magistrats, Paule Somers et Bernard Michel, ont réaffirmé leurs arguments. Ils ont confirmé qu’ils demandent aux jurés d’établir qu’Oussama Atar, qui fait défaut, et les sept accusés détenus, sont co-auteurs des attentats. Et ils ont confirmé demander aux jurés d’établir que tous ceux-ci, ainsi que Smail Farisi, ont fait partie d’un groupe terroriste.

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