Qatargate: Eva Kaili, Marc Tarabella et Pier Antonio Panzeri sont maintenus en détention
La chambre du conseil de Bruxelles a décidé, jeudi soir, le maintien en détention préventive d’Eva Kaili, de Pier Antonio Panzeri et, un peu plus tard, de Marc Tarabella également. Tous trois sont inculpés et placés sous mandat d’arrêt dans l’enquête sur des faits de corruption présumés au sein du Parlement européen. L’avocat de Marc Tarabella a déjà annoncé qu’il fera appel de cette ordonnance de la chambre du conseil..
La chambre du conseil n’a donc pas suivi la demande des avocats d’Eva Kaili, l’ancienne vice-présidente du Parlement européen. Ceux-ci avaient demandé sa remise en liberté, éventuellement moyennant certaines conditions, voire la possibilité pour elle d’exécuter sa détention provisoire sous la modalité du bracelet électronique. « Notre cliente est dans une situation très difficile. Elle est séparée de son enfant depuis plus de deux mois« , avait déclaré jeudi en fin d’après-midi Me Sven Mary.
« Elle n’est pas seulement la vice-présidente du Parlement européen, elle est aussi une femme et il ne peut être fait d’elle une sorte de symbole. Si les conditions d’application de la détention préventive ne sont pas remplies, elle doit être libérée. Dans tous les cas, il ne peut y avoir de risque de collusion, la presse étant mieux informée du dossier que les avocats de la défense », avait-il lancé, ironique.
Quant à Pier Antonio Panzeri, ses avocats n’avaient pas fait de demande de remise en liberté, disant s’en référer à la sagesse de la chambre du conseil. L’ex-député européen a obtenu le statut de repenti dans ce dossier, et a dès lors accepté de collaborer activement à l’enquête.
Enfin, concernant l’eurodéputé Marc Tarabella, son avocat n’a donc pas été suivi non plus par la chambre du conseil. Celui-ci avait plaidé la remise en liberté, sans conditions, de son client, répétant qu’il était innocent. « Il n’y a actuellement rien dans le dossier qui justifie que M. Tarabella soit sous mandat d’arrêt », avait déclaré Me Maxim Töller.
« Il n’y a aucune trace d’argent suspect. Nous avons demandé à un expert judiciaire de faire une analyse et il apparaît que, sur les comptes de M. Tarabella, il n’y a pas trace de la somme de 140.000 euros qu’il aurait reçue. Cette affirmation contre M. Tarabella provient uniquement de Pier Antonio Panzeri« , avait-il exprimé. Or, selon Me Töller, la procédure concernant le recours à un repenti n’a pas été respectée, car les déclarations de Panzeri ont déjà été ajoutées au dossier alors que son statut de repenti n’a pas encore été homologué.
Me Töller a également rappelé que son client a toujours émis le souhait d’être entendu et qu’il avait voté lui-même sa levée d’immunité parlementaire. « Et maintenant, il est privé de liberté sous prétexte que ce serait absolument nécessaire« , avait-il lancé. « On pourrait avoir l’impression que la détention préventive dans ce dossier est utilisée pour mettre les gens sous pression ».
L’avocat de Marc Tarabella a par ailleurs déposé une requête en récusation du juge d’instruction en charge de l’enquête, Michel Claise, estimant que ce dernier ne mène pas ses investigations à charge et à décharge. Le magistrat instructeur a désormais deux jours pour décider s’il accepte ou non de se déporter.
En cas de refus, l’avocat a encore la possibilité de faire examiner sa demande par la cour d’appel. Me Töller a déjà annoncé qu’il fera appel de la décision de la chambre du conseil. Marc Tarabella comparaîtra donc devant la chambre des mises en accusation dans quinze jours.