Procès des attentats: le parquet fédéral demande la condamnation d’Abdeslam comme « coauteur »
Comme attendu, le parquet fédéral a demandé, lors de son réquisitoire, à ce que Salah Abeslam soit condamné en tant que coauteur d’assassinats terroristes et de tentatives d’assassinats terroristes lors des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016.
Dans ses réquisitions devant la cour d’assises chargée de juger ces attaques djihadistes, la procureure Paule Somers s’est attachée à démontrer que la participation aux activités d’un groupe terroriste était établie dans le chef de l’accusé français, tout comme les assassinats terroristes et les tentatives d’assassinats terroristes.
Salah Abdeslam a décidé « en connaissance de cause » de participer à « n’importe quelle attaque » de la cellule terroriste dont il faisait partie, a estimé la procureure fédérale Paule Somers devant la cour d’assises de Bruxelles. Elle poursuit son réquisitoire sur la culpabilité de l’accusé au procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles et Zaventem.
Salah Abdeslam affirme avoir été tenu à l’écart des projets d’attentat lorsqu’il était avec les membres de la cellule à Bruxelles entre la fin 2015 et son arrestation en mars 2016. Pour le ministère public, accepter de ne pas tout savoir n’atténue pas sa responsabilité. « Cette ignorance acceptée ne peut être invoquée à son avantage pour laisser cette participation (à un assassinat terroriste, NDLR) impunie », a déclaré Paule Somers, s’appuyant sur la jurisprudence.
Mais l’hypothèse de l’ignorance semble peu probable aux yeux de la procureure. « Salah Abdeslam a passé trois mois et demi avec ses frères hautement radicalisés. Il est lui-même radicalisé et veut venger la mort de son frère (Brahim, décédé à Paris, NDLR). Il écrit des lettres d’adieu à ses proches. Il y a des armes de guerre dans toutes les caches et le drapeau de l’EI accroché aux murs. Le projet d’attentat est certain, il le connaît », a résumé la procureure.
Elle est revenue sur la division de la cellule, qui séjournait auparavant en entier dans une planque rue du Dries à Forest. Une partie du groupe est envoyée dans un nouvel appartement à Schaerbeek, rue Max Roos. L’objectif de cette division est de dissiper les tensions et de mener à bien le projet d’attaques, en confectionnant notamment les explosifs, selon la procureure. « Dans chaque planque, il y a un émir (Mohamed Belkaïd d’un côté et Najim Laachraoui de l’autre). Dans chaque planque, il y a un combattant aguerri (Sofien Ayari et Osama Krayem), et, dans chaque planque, il y a quelqu’un qui connaît la Belgique (Mohamed Abrini à Max Roos et Salah Abdeslam rue du Dries) », a exposé Mme Somers.
En outre, des armes se sont trouvées dans les deux appartements, une par membre de la cellule. Paule Somers a relevé la présence d’un rouleau à pâtisserie dans le logement forestois. « La défense a soulevé que Mohamed Belkaid avait une expérience de pâtissier à son actif. Mais les militaires nous ont appris que cet ustensile sert à aplatir le TATP en vue de son séchage. » Dans la planque rue Max Roos, des traces d’explosifs ont d’ailleurs été retrouvées sur un rouleau à pâtisserie similaire, a-t-elle souligné.
Le fait que Salah Abdeslam soit resté dans l’appartement de la rue du Dries et n’ait jamais séjourné à la rue Max Roos ne change rien à son implication, semble vouloir démontrer Paule Somers. L’accusé avait été arrêté dans la foulée d’un raid policier dans la planque de Forest, quelques jours avant les attentats du 22 mars.