Procès des attentats de Bruxelles: Smail Farisi et Ibrahim El Bakraoui sous la loupe des enquêteurs
La personnalité et le rôle de l’accusé Smail Farisi et du kamikaze Ibrahim El Bakraoui seront examinés à la loupe par les enquêteurs lundi, devant la cour d’assises de Bruxelles chargée du procès des attentats du 22 mars 2016 à l’aéroport de Zaventem et de la station de métro Maelbeek. La totalité de l’audience précédente, jeudi, avait été consacrée à Ali El Haddad Asufi.
Alors que le programme actuel prévoyait que la présentation de l’enquête s’attarde également sur Ibrahim Farisi, l’avocat de ce dernier, Me Xavier Carrette, a fait savoir à la cour qu’il avait une indisponibilité lundi et qu’il souhaitait que la partie concernant son client soit déplacée. Après quelques arrangements, il a été décidé de reporter la présentation d’Ibrahim Farisi au 2 février et de consacrer la journée de lundi uniquement à son frère et à Ibrahim El Bakraoui.
Smail Farisi est le deuxième d’une fratrie de cinq. Il passe toute son enfance à Anderlecht où vit sa famille. L’accusé, qui comparait libre au côté de son frère Ibrahim, décrit son enfance comme heureuse.
Sa scolarité n’est pas particulièrement reluisante, il double une fois puis change d’école et passe en 3e à l’institut René Catigny, où il fera la connaissance d’Ali El Haddad Asufi, Youssef El Ajmi et Ibrahim El Bakraoui, avec lequel il se lie d’amitié. Les deux hommes continuent à se fréquenter après l’école mais se perdent de vue en 2004-2005, selon Smail Farisi.
L’accusé obtient son diplôme de technicien en informatique en 2003 mais n’a jamais travaillé avant son arrestation. Il développe peu à peu une addiction à l’alcool et aux jeux, qui, d’après lui, le poursuivent toujours.
En 2015, le CPAS d’Etterbeek l’aide à prendre en location l’appartement de la rue des Casernes, où il acceptera de loger Ibrahim El Bakraoui à la demande d’Ali El Haddad Asufi, faisant de facto de ce logement une planque, puis un « appartement conspiratif ».
Après les attentats du 22 mars 2016, Smail Farisi et son frère Ibrahim procèdent au vidage des lieux.
Devant la cour d’assises, Smail Farisi est défendu par Me Sébastien Courtoy.
De son côté, Ibrahim El Bakraoui est né à Bruxelles, il est l’ainé d’une famille de trois enfants. Durant son parcours scolaire chaotique, il fait la connaissance de Smail Farisi, Ali El Haddad Asufi et Youssef El Ajmi.
Après sa scolarité, il se fait connaitre des forces de polices pour un comportement délinquant et violent. Il fait d’ailleurs un séjour en prison pour des braquages. Il y croise Mohamed Abrini et y recevra la visite de ses deux amis Ali El Haddad Asufi et Youssef El Ajmi ainsi que de son cousin, Oussama Atar, soupçonné d’avoir contribué à sa radicalisation.
En effet, lorsqu’il sort de prison en 2014, Ibrahim El Bakraoui a changé de comportement, il est plus strict dans sa religion, adopte une posture plus radicale, porte des tenues traditionnelles et refuse de serrer la main aux femmes, notamment. Plusieurs accusés, dont Osama Krayem et Ali El Haddad Asufi, ont témoigné auprès des enquêteurs de son engouement pour la cause de l’État Islamique.
En 2015, il tente par deux fois de se rendre en Syrie pour combattre avant d’être convaincu par son cousin Oussama Atar de rester en Europe où « les combats allaient venir à lui ».
Ibrahim El Bakraoui est vu par les enquêteurs comme le leader de la cellule terroriste responsable des attentats à Bruxelles. Le 22 mars 2016, il se fait exploser à 07h58 dans le hall des départs de l’aéroport de Zaventem. Najim Laachraoui en fait de même quelques secondes plus tard. Son frère, Khalid El Bakraoui, déclenchera sa bombe environ une heure plus tard dans le métro bruxellois.
L’audience de mardi sera consacrée, comme prévu, aux kamikazes Khalid El Bakraoui et Najim Laachraoui. Le cas de Mohamed Abrini sera abordé mercredi avant une journée qui, initialement dédiée à la présentation d’Osama Krayem, sera finalement consacrée à Ibrahim Farisi et Bilal El Makhoukhi. Le reste des « entités » (les accusés, NDLR) seront abordées la semaine suivante en commençant, le lundi 6 février, par Osama Krayem, suivi, mardi 7, d’Hervé Buyingana Muhirwa, Sofien Ayari et, si le planning le permet, de Salah Abdeslam. Sinon, son cas sera exposé le mercredi au matin, tout comme celui d’Oussama Atar. L’après-midi du 8 février sera dédiée aux premières questions des parties sur l’exposé des enquêteurs et juges d’instruction, entamé le 21 décembre dernier et qui aura donc duré environ un mois.
Au total, 10 hommes, dont un fait défaut, sont jugés devant la cour d’assises de Bruxelles pour les attaques perpétrées à l’aéroport de Zaventem et dans le métro à la station Maelbeek, qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés.