Anne-Sophie Bailly
Procès des attentats de Bruxelles: pour faire un pas plus loin
Le megaprocès des attentats de Bruxelles a commencé. Il sera long. On parle de six à neuf mois. Ce temps long est nécessaire. Pour la Justice, pour l’Etat de droit, pour les victimes.
Après un retard au démarrage dû à des travaux d’adaptation des boxes des accusés, le procès des attentats de Bruxelles s’est enfin ouvert dans l’enceinte du Justitia, à Haren (Bruxelles). Un procès-fleuve et historique pour la Belgique, dont le verdict n’est pas attendu avant l’été 2023, au mieux. Six mois sûrement, neuf mois peut-être. Le temps sera long et il devra l’être.
Il devra l’être pour que les zones d’ombre qui subsistent après la tenue du procès des attentats de Paris soient potentiellement levées, qu’il s’agisse de la provenance des armes utilisées par les terroristes, leur localisation actuelle ou encore du rôle exact d’Oussama Atar, le «cerveau» de ces attaques. Pour qu’on tente d’appréhender cette mécanique de l’horreur, qui pousse des petits délinquants en perte de repères à être embrigadés dans un parcours de radicalisation captif à l’issue fatale ou à assurer un soutien logistique à des kamikazes potentiels.
Ce mégaprocès peut permettre de faire un pas vers l’acceptation des faits. Pour que ces terroristes ne gagnent pas deux fois.
Ce temps long doit tout autant permettre de conforter notre Etat de droit, dans lequel chaque accusé, si incompréhensibles, terribles ou violents que soient les actes qu’il ait pu poser, a droit à une défense et à une justice la plus sereine possible.
Surtout, ces mois de débats devraient permettre aux victimes des attentats, ceux et celles qui les ont vécus dans leur chair ou dans leur cœur, qui sentent aujourd’hui encore les odeurs de ce matin de mars, qui entendent toujours les bruits de Zaventem ou les silences de Maelbeek, qui repassent en boucle ces images d’horreur, d’enfin avancer. Après la violence du choc des attaques, la colère et la peur qui les ont suivies, prendre part aux débats, être confronté aux accusés, peut en effet constituer un moyen de faire un pas vers l’acceptation des faits, indispensable pour clore un douloureux chapitre et en entamer un autre plus paisible, vivant, porteur de promesses. Cela afin que ces terroristes ne gagnent pas deux fois. En ayant réussi à mener à terme leur expédition mortifère et en confisquant le reste de la vie de ces voyageurs, témoins, premiers intervenants…
Ces mois d’audiences, de témoignages doivent permettre cela. De faire ce pas et par là rendre hommage aux 32 victimes de l’aveuglement idéologique, dont la vie s’est arrêtée brutalement le 22 mars 2016.
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