© GettyImages

Procès des attentats de Bruxelles: l’audience marquée par les images macabres des victimes de Maelbeek

L’explosion dans la station de métro Maelbeek le 22 mars 2016 était au centre des débats devant la cour d’assises de Bruxelles lundi, avec la présentation des premières constatations judiciaires effectuées sur place. L’audience a été marquée par la diffusion de photographies des restes des corps des victimes mortelles, au nombre de 16. Des images parfois très dures à regarder pour l’assistance et notamment pour les parties civiles.

Signe de la difficulté à endurer la diffusion de ces images, Me Adrien Masset, qui représente plusieurs parties civiles, a demandé, à la reprise de l’audience lundi après-midi, que l’enquêtrice et le technicien du laboratoire judiciaire nomment les personnes dont les corps étaient montrés avant que les photographies n’apparaissent sur l’écran. Ceci pour permettre d’avertir les proches présents dans la salle.

Au cours d’un long exposé, les deux témoins ont détaillé la manière dont ils avaient procédé pour recueillir la masse de pièces à conviction, concentrées dans un petit espace, les forçant à quadriller la zone et à parfois relever couche par couche les indices entassés. Les nombreuses photographies diffusées attestent de la violence de l’explosion, qui a fait autant de morts qu’à Zaventem (16) alors que la charge était moindre, avait déjà souligné en matinée un officier du service de déminage de l’armée, le Sedee. Sièges éventrés ou même disparus, sol effondré, toit arraché, portes pendantes… Les dégâts matériels étaient nombreux. Boulons et écrous, utilisés pour renforcer la force de la bombe selon le Sedee, sont retrouvés éparpillés dans la station.

La violence de l’explosion est également visible sur les victimes qui ont perdu la vie dans cette rame de métro : les corps retrouvés sont lacérés, brûlés, éventrés, amputés. On ne retrouve parfois que certains fragments.

   L’officier du Sedee venu témoigner en matinée ainsi que l’ancienne commissaire judiciaire et le technicien du laboratoire judiciaire ont également exposé au jury leur ressenti face à cette masse d’éléments à inventorier mais aussi quant au choc psychologique que représentait le travail dans cette station de métro remplie de corps humains et de débris.

   L’ancienne cheffe d’équipe à la police criminelle a décrit cet état comme une « apnée émotionnelle », qui a permis aux équipes de rester concentrées sur leur mission : récolter des preuves. Il était cependant parfois compliqué de maintenir cette posture, comme lorsque les téléphones des victimes ont commencé à sonner, emplis de messages inquiets de proches, après avoir été réduits au silence par la saturation des réseaux. Le démineur a également souligné la difficulté de prendre suffisamment de distance face la situation pour tenir le coup psychologiquement, tout en se mettant à la recherche d’éléments personnels permettant d’identifier les victimes.

   Avant la présentation des témoins, la question des fouilles à nu systématiques, avec génuflexions, avait une nouvelle fois été discutée à l’entame de l’audience lundi matin, les avocats de la défense dénonçant une nouvelle fois qu’elles étaient toujours pratiquées et rejetant les justifications apportées par la police. Certains ont pointé des erreurs dans les motivations apportées par la police, comme Me Vincent Lurquin selon lequel la police justifie la fouille de son client, Hervé Bayingana Muhirwa, notamment par une condamnation liée aux attentats de Paris, où il n’était pourtant pas accusé. Me Virginie Taelman, qui défend Bilal El Makhoukhi, a de son côté annoncé qu’un huissier serait dépêché mardi matin à l’aube à la prison de Haren pour constater la procédure de transfert.

   La journée de mardi devrait être consacrée aux premiers devoirs d’enquête effectués à Zaventem et Maelbeek, ainsi qu’à l’intervention du service d’identification des victimes (DVI) et au témoignage d’un pompier et de la police des chemins de fer. Les attentats de Paris seront aussi évoqués très brièvement, tandis qu’une ligne du temps retracera les différentes planques occupées par les auteurs des attentats

Contenu partenaire