Procès des attentats de Bruxelles: les premiers récits du « chaos » à l’aéroport de Zaventem

La cour d’assises de Bruxelles a entendu mercredi matin le témoignage du responsable de la police à Zaventem et du chef de peloton de la mission de surveillance militaire ‘Vigilant Guardian’ en poste à l’aéroport. Dans deux récits bien différents, les deux hommes évoqué le chaos qui régnait dans les heures qui ont suivi les deux explosions.

Ce n’est pas le son d’un avion ? », raconte s’être interrogé le policier lors de la première explosion, à 07h58, avant que la seconde détonation le persuade qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Il fonce alors dans le hall ou règne « un chaos total » et tente de venir en aide aux victimes. Il explique avoir éteint la jupe en feu d’une victime et découvert un enfant de 10-11 ans en état de choc dans les toilettes.

 Durant toute la journée, il se coordonnera avec les services de secours et le service de déminage de l’armée (SEDEE) afin d’évacuer le hall, malgré le plafond effondré, et de sécuriser les lieux, en localisant la 3e bombe afin que le SEDEE puisse la faire exploser sous contrôle.

 L’homme ne rentre chez lui que vers 22h00 après ce qu’il décrit comme « le trajet le plus long de ma vie » en raison des « flashbacks » qui l’assaillaient. Il raconte également comment sa fille de 14 ans a voulu dormir devant la porte de sa chambre pour l’empêcher de retourner au travail le lendemain.

 Dans un style beaucoup plus technique et moins dans le ressenti, le capitaine en charge du peloton de la mission de surveillance militaire Vigilant Guardian en poste à l’aéroport a expliqué avoir d’abord cru qu' »un bus avait percuté le conteneur du poste de commandement ». La seconde explosion lui a aussi fait comprendre que quelque chose de grave se déroulait.

 Le militaire a ensuite narré, dans une longue et factuelle présentation, la manière dont il a géré ses hommes et comment il a coordonné leurs actions avec les autres services. Il évoque notamment « une zone de guerre, un endroit où il n’y a plus de norme, où règne le chaos ».

 « Je suis convaincu que nous avons sauvé des vies ce jour-là », dira-t-il encore, avant de comparer les blessures de certaines victimes à des blessures de guerre.

 Les témoignages ont été précédés d’un avant-propos lu par les trois juges d’instructions en charge de l’enquête a l’époque. Ceux-ci ont notamment expliqué que la présentation de l’enquête avait été séparée en trois phases afin de rendre plus digeste pour les jurés ce dossier de « 300 cartons » qui représentent « des dizaines de milliers de pages ». L’objectif de cet exposé dont la préparation a pris deux ans, était de le rendre « le plus pédagogique possible », ont affirmé les magistrats.

 L’audience a débuté peu après 09h00 mercredi matin avec les réglages habituels de début de séance. La présidente de la cour, Laurence Massart, a notamment présenté un agenda provisoire de la suite du procès avec la présentation de l’enquête jusqu’au 30 janvier, puis l’audition des parties civiles, dont les victimes, du 13 février au 9 mars. Ce sera ensuite au tour des accusés.

 Deux parties civiles supplémentaires ont également été constituées, portant leur nombre total à 1.070.

Les accusés Mohamed Abrini et Osama Krayem ont une nouvelle fois demandé à être reconduits en cellule dès l’ouverture de l’audience afin de protester contre leurs conditions de transfert de la prison de Haren au Justitia, non loin de là, où a lieu le procès. Salah Abdeslam, malade depuis plusieurs jours était à nouveau absent. Il a refusé de comparaître et a souhaité se faire représenter par son avocat. Sollicités, ses avocats ont refusé de commenter le motif de cette absence.

 Les témoignages des juges d’instructions, policiers, militaires et services de secours devraient reprendre cet après-midi. Leurs prises de parole sont prévues pour quatre à cinq semaines.

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