Procès des attentats de Bruxelles: les enquêteurs se penchent sur les relations entre El Haddad Asufi et Ibrahim El Bakraoui

Les relations entre Ali El Haddad Asufi et Ibrahim El Bakraoui étaient au cœur, jeudi matin, de l’audience de la cour d’assises de Bruxelles chargée du procès des attentats du 22 mars 2016 à l’aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek.

La juge d’instruction Berta Bernardo Mendez et une enquêtrice de la DR3, section antiterroriste de la police judiciaire fédérale, sont notamment revenues sur la rencontre des deux hommes sur les bancs de l’école et sur l’aide qu’avait apportée Ali El Haddad Asufi à son ami, futur kamikaze de Zaventem. L’accusé est l’un de ceux à avoir été le plus souvent interrogé, à une vingtaine de reprises, a glissé la juge d’instruction Bernardo Mendez en préambule de la présentation, après que les accusés Osama Krayem, Mohamed Abrini et Salah Abdeslam eurent demandé à retourner en cellule.

   Ali El Haddad Asufi a connu Ibrahim El Bakraoui à l’école et est resté en contact avec lui après leurs scolarités respectives. C’est aussi à cette même école qu’il apprend à connaître l’accusé Smail Farisi, celui qui a sous-loué son appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek à Ibrahim El Bakraoui.

   Lors de sa première audition, l’accusé explique avoir observé un changement dans le comportement de ce dernier après la sortie de prison de ce dernier pour des braquages, fin 2014-début 2015. D’un profil de délinquant, il apparaît davantage comme radicalisé, dit l’accusé aux enquêteurs. Le futur kamikaze de l’aéroport affiche ainsi une position favorable à la philosophie de l’organisation terroriste État Islamique (EI), selon les déclarations d’Ali El Haddad Asufi, qui ajoute que, d’après lui, Oussama Atar, le cousin des frères El Bakraoui – et le chef de la cellule terroriste, aux yeux des enquêteurs – pourrait avoir influencé Ibrahim dans ce sens.

   Dans une seconde audition, le 9 juin 2016, Ali El Haddad Asufi nuance ses premiers propos et dit ne pas avoir cité Ibrahim comme l’un de ses proches en lien avec l’État islamique, car ce dernier n’était plus un ami proche, à ses yeux, depuis la période 2015/2016. Quant à l’affirmation selon laquelle Oussama Atar pourrait être à l’origine de la radicalisation du futur kamikaze, il dira alors qu’il s’agit plutôt d’une intuition.

   À l’issue de cette seconde audition, Ali El Haddad Asufi a été placé sous mandat d’arrêt par la juge d’instruction Berta Bernardo Mendez et inculpé de participation aux activités d’un groupe terroriste, d’assassinats dans un contexte terroriste et de tentatives d’assassinats dans un même contexte. L’enquêtrice de la DR3 a ensuite expliqué comment Ali El Haddad Asufi avait apporté son appui à Ibrahim El Bakraoui lors de ses deux tentatives avortées de se rendre en Syrie. Notamment en le convoyant jusqu’à l’aéroport de Schipol Amsterdam, aux Pays-Bas, et en le mettant en contact avec son frère, Khalid El Bakraoui, lors de son arrestation à la frontière turco-syrienne.

   Après cette première tentative ratée et son expulsion de Turquie vers la Belgique, Ibrahim El Bakraoui essaie à nouveau de se rendre en Syrie avec l’aide d’Ali El Haddad Asufi. Les deux hommes décollent de Paris en direction de la Grèce le 18 juillet et passent une nuit dans un hôtel à Athènes. L’accusé revient le lendemain, seul. Ibrahim El Bakraoui sera, lui, arrêté par la police grecque – car il voyage avec de faux papiers – et ne parviendra finalement pas à rejoindre la Syrie. « On peut constater que M. Ali El Haddad Asufi a apporté un appui dans les tentatives de départ d’Ibrahim El Bakraoui. Il l’a véhiculé, a voyagé avec lui et l’a aidé à entrer en contact avec son frère », a résumé la juge d’instruction Berta Bernardo Mendez.

   À la pause de mi-journée, l’avocat d’Ali El Haddad Asufi, Me Jonathan De Taye, a regretté que la presque totalité de la présentation ait été consacrée à des faits hors de la période infractionnelle du dossier des attentats à Bruxelles. « Il est 13h15 et nous n’avons fait que parler de Paris », a-t-il déploré dans les couloirs du Justitia, où se tient le procès.

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