Procès des attentats de Bruxelles: le taxi qui a conduit les terroristes à l’aéroport raconte
Le montage vidéo de la reconstitution du trajet de taxi qui a emmené les deux kamikazes et l’accusé Mohamed Abrini à l’aéroport de Zaventem le 22 mars 2016 a été diffusé mercredi matin devant la cour d’assises de Bruxelles. Selon le témoignage du chauffeur de taxi, Ibrahim El Bakraoui faisait la conversation, tandis que les deux autres passagers – Najim Laachraoui et Abrini – semblaient soit stressé, soit ailleurs.
La reconstitution a eu lieu le 19 mai 2016 sur le site des Casernes à Etterbeek. Elle n’a pas pu se faire sur la voie publique car l’accusé Abrini y assistait.
Le chauffeur de taxi est revenu sur plusieurs éléments, notamment sur son arrivée au 4, rue Max Roos.
Alors qu’il ne trouve pas le nom de réservation (Serra) sur la sonnette, il appelle la centrale de taxis pour obtenir le numéro de téléphone qui a commandé le véhicule. Il sonne, à deux reprises, sans avoir de réponse. Il s’apprête à partir quand un homme lui crie d’un étage élevé qu' »ils arrivent ».
« Je sors du taxi, j’ouvre le coffre (…) J’attends, mais j’active mon taximètre. Ils prennent leur temps pour sortir », explique-t-il ce jour-là.
C’est Ibrahim El Bakraoui qui arrive en premier et place son sac en tissu noir dans le coffre, bien droit. Puis Abrini, suivi de Laachraoui.
Le premier explique au chauffeur de taxi qu’ils vont à l’aéroport, mais ne semble pas bien situer la géographie de la Région, il s’étonne notamment que la voiture passe par l’Otan pour rejoindre Zaventem.
C’est El Bakraoui qui fait la conversation, les deux autres (la version diffère d’une audition à la reconstitution) semblent pour l’un stressé, pour l’autre dans ses pensées. Il affirme au chauffeur qu’ils sont étudiants, venus à Bruxelles pour des vacances, puis digresse sur les Américains. « Ils ont amené la violence dans le monde (…) T’as vu ce qu’ils font aux Noirs aux États-Unis?! », lance-t-il au chauffeur, lui-même noir.
Une fois arrivé à destination, chacun prend sa valise, refusant à nouveau l’aide du chauffeur. Abrini, présenté alors comme « l’homme au chapeau », va chercher un charriot. El Bakraoui salue le chauffeur d’un « peut-être qu’on se reverra un jour ».
En quittant Zaventem, le chauffeur roule toutes fenêtres ouvertes sur l’autoroute « tellement ça puait » dans la voiture. Il reçoit une autre commande, depuis Schaerbeek vers la place du Jeu de Balle. C’est avec sa cliente qu’il entend qu’il y a eu des explosions à l’aéroport, il lui fait part de ses doutes sur les trois personnes qu’il a transportées avant elle. « Elle me dit: si t’as des doutes, il faut aller voir la police. » Et c’est comme ça qu’il se retrouve, dès 8h20, dans un commissariat des Marolles.