Procès des attentats de Bruxelles: le bail de la rue Max Roos a été signé deux mois avant les attentats
Le bail de location de l’appartement « conspiratif » de la rue Max Roos a été signé le 21 janvier 2016 entre Ibrahim El Bakraoui, sous une fausse identité, et le nouveau propriétaire de l’immeuble. Il a débuté le 1er février, a rapporté mardi matin devant la cour d’assises de Bruxelles le commissaire Thibault Bauwin.
Ce dernier, qui était enquêteur à la police judiciaire fédérale à l’époque des faits, a d’abord rappelé brièvement aux jurés comment l’adresse était arrivée dans l’enquête. C’est le témoignage du chauffeur de taxi ayant transporté les kamikazes et l’accusé Abrini à l’aéroport qui a permis très rapidement de s’y rendre. Après un bref rappel de la configuration des lieux, le commissaire Bauwin a entamé la chronologie de l’occupation des lieux.
C’est le 19 janvier qu’a lieu le premier contact (dont la police a une trace) entre le propriétaire et Ibrahim El Bakraoui, qui se présente comme « Miguel Dos Santos ». Deux jours plus tard, le 21, un bail locatif est signé entre les deux hommes. Le loyer s’élève à 650 euros + 100 euros de charges, et Ibrahim El Bakraoui s’acquitte des deux premiers mois de loyers (février/mars) et de la garantie (1.300 euros), via un compte technique de la poste. « Un procédé classique du milieu criminel », selon la juge d’instruction Bernardo Mendez.
Pour conclure le bail, Ibrahim El Bakraoui fournit de fausses fiches de paye « grossières » au propriétaire. Sur celles-ci, il est nommé « Miguel Do Sonto », tandis que son identité sur le contrat de bail est « Dos Santos Miguelerjan », et sur sa fausse carte d’identité « Miguel Dos Santos ». « Il s’agit d’une forme de négligence », estiment les enquêteurs.
Le bail débute le 1 février, les premiers occupants de l’appartement arrivent vers le milieu du mois. Quatre matelas ont été retrouvés dans le séjour de l’immeuble lors de la perquisition du 22 mars, mais le propriétaire dit n’avoir été en contact qu’avec « Miguel Dos Santos ».
Selon l’enquête, I. El Bakraoui, Abrini, Laachraoui et Krayem ont vécu à Max Roos
Il ressort de l’enquête qu’Ibrahim El Bakraoui, Najim Laachraoui, Mohamed Abrini et Osama Krayem ont vécu dans l’appartement de la rue Max Roos, a exposé mardi matin le commissaire Thibault Bauwin devant la cour d’assises de Bruxelles. L’appartement était loué depuis le 1er février, mais les premiers emménagements n’auraient eu lieu qu’à la fin du mois.
Pour arriver à cette conclusion, les enquêteurs se sont basés sur les traces ADN et empreintes des quatre hommes retrouvées sur des objets de la vie quotidienne, mais aussi sur les déclarations d’accusés en audition.
Responsable de la location de l’appartement, Ibrahim El Bakraoui aurait également été le leader de cette cellule, selon les enquêteurs. Il aurait coordonné la préparation du TATP et les achats nécessaires, il aurait aussi donné des directives à Osama Krayem pour l’achat de deux sacs de randonnée.
Selon l’enquête, Najim Laachraoui aurait été l’artificier du groupe. « Il semble maîtriser la confection de TATP« , d’après l’enquêteur, une hypothèse qui est confirmée par des enregistrements retrouvés dans le PC de la rue Max Roos. Il a également effectué des achats liés à la fabrication des bombes.
Mohamed Abrini a vécu « un mois, un mois et demi » dans l’appartement, comme il l’a reconfirmé ce mardi devant la cour. Il dit avoir passé deux nuits chez Hervé Bayingana Murhiwa, mais les dates qu’il avance fluctuent.
Les empreintes et le profil ADN d’Osama Krayem permettent également d’affirmer qu’il a vécu dans l’appartement où ont été fabriquées les bombes. Lors d’une audition, il confirmera avoir vécu une quinzaine de jours à Schaerbeek, avant de passer une nuit chez Hervé Bayingana Murhiwa et puis de passer les derniers jours avant les attentats dans l’appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek.
Les relevés de traces et empreintes permettent aux enquêteurs d’affirmer que Khalid El Bakraoui, Ali El Haddad Asufi et Bilal El Makhoukhi sont tous les trois passés à l’appartement, ne serait-ce qu’une fois. Ce qu’ils ne nient pas.
Aucun élément tangible ne permet par contre d’affirmer que Hervé Bayingana Muhirwa et Sofien Ayari soient passés par l’appartement. Ils le contestent d’ailleurs et aucun accusé ne dit qu’ils y sont allés. Interrogé par la présidente, Sofien Ayari a réaffirmé ne pas connaître l’adresse, sous-entendant que si cela avait été le cas, il n’aurait peut-être pas été « arrêté dans la cave de quelqu’un » qu’il ne « connaissait pas » après sa fuite de la rue du Dries.