Procès des attentats de Bruxelles: l’appartement de la rue Max Roos décrit comme « conspiratif » par l’enquête
L’audience de mardi devant la cour d’assises de Bruxelles chargée des attentats du 22 mars 2016 a été consacrée exclusivement à l’appartement de la rue Max Roos. Le commissaire Bauwin est longuement revenu sur les résultats des perquisitions et les conclusions qu’ont pu en tirer les enquêteurs de l’époque.
Après s’être épanché sur les démarches entreprises par Ibrahim El Bakraoui pour louer le bien, sous la fausse identité de Miguel Dos Santos, il a refait une brève chronologie des événements. Le bail, signé le 21 janvier, entrait en vigueur pour une durée d’un an le 1er février. Ce n’est cependant qu’à la fin du mois que les occupants s’y sont installés : d’abord Ibrahim El Bakraoui, Mohamed Abrini et Najim Laachraoui, et puis Osama Krayem le 1er mars.
D’après l’exposé, il ressort des analyses d’empreintes et ADN que ces quatre hommes y ont vécu – Osama Krayem quittant la rue Max Roos vers le milieu du mois pour aller vivre avenue des Casernes après un passage d’une nuit chez Hervé Bayingana Murhiwa avec Mohamed Abrini. Des traces de la présence de Khalid El Bakraoui, Bilal El Makhoukhi et Ali El Haddad Asufi sont également relevées.
Il n’y a par contre pas d’élément tangible pour affirmer qu’Hervé Bayingana Muhirwa et Sofien Ayari sont passés par l’appartement. Ils le contestent d’ailleurs et aucun accusé ne dit qu’ils y sont allés. Selon l’enquête, Ibrahim El Bakraoui aurait été le leader de la cellule et Najim Laachraoui l’artificier du groupe.
Après la pause de midi, le commissaire Bauwin est revenu sur la fabrication des bombes, qui auraient toutes – celles utilisées à Zaventem comme à Maelbeek – été conçues dans l’appartement de Schaerbeek. En se basant sur les achats effectués par les membres de la cellule, listés en matinée, les enquêteurs estiment que la confection des bombes a débuté le 5 mars. Elles auraient été terminées le 21 mars, soit la veille des attaques, et Osama Krayem se serait chargé de convoyer les deux bombes destinées au métro jusqu’à l’appartement de l’avenue des Casernes ce jour-là.
L’ancien enquêteur de la DR3 est aussi brièvement revenu sur la perquisition, donc la fusillade la rue du Dries du 15 mars 2016, qui a provoqué la fuite de Salah Abdeslam et Sofien Ayari. Selon Mohamed Abrini, cette situation a « profondément bouleversé Ibrahim El Bakraoui ». C’est aussi à la suite de cet événement que Mohamed Abrini et Osama Krayem ont été brièvement envoyés chez Hervé Bayingana Murhiwa. Abrini rentrera à la rue Max Roos, pas Osama Krayem, qui évoquera lors d’une audition une volonté de « ceux qui étaient Max Roos » de les « séparer ».
Le commissaire Bauwin a ensuite évoqué l‘enquête de voisinage effectuée après des autres habitants de l’immeuble de la rue Max Roos avant de s’étendre plus longuement sur le caractère conspiratif de l’appartement. Pour les enquêteurs, il est évident que l’appartement était d’une importance particulière pour la cellule : « c’est un lieu qui a été choisi expressément pour la préparation des attentats, où vivent des membres de la cellule et où ils se réunissent », a-t-on exposé.
« C’est un lieu qui n’est pas nécessairement connu de tous les membres, un lieu utilisé pour confectionner les bombes et depuis lequel des produits en lien avec les bombes ont été achetés. C’est un lieu lié à l’organisation État islamique, qui a servi pour la détention de multiples armes à feu et qui a été le lieu de départ des suspects pour la commission des attentats. »
L’audience s’est conclue par une intervention du coordinateur du procès, M. Moitroux, et d’une juge d’instruction, évoquant les analyses des vidéos de la Stib qui ont permis de retracer les trajets des suspects les semaines avant les attentats et ont donc permis de retrouver certains lieux d’achats des précurseurs, produits utilisés pour la confection d’explosifs.
Au final, l’enquête sur la provenance de ces substances n’a permis de retrouver que l’origine de l’acide sulfurique, acheté dans le magasin Midi Brico 2000 dans le quartier Lemmonier. La provenance de l’acétone et du peroxyde d’hydrogène reste un mystère.
Elle a été levée peu après 17h30 et reprendra mercredi à 09h00 pour se pencher sur les premiers devoirs d’enquête concernant l’attaque dans la station de métro Maelbeek.