Procès des attentats de Bruxelles: la présidente commencera par entendre les enquêteurs
La présidente de la cour d’assises de Bruxelles a décidé, mardi matin, de modifier le planning des audiences et de commencer, mercredi, non pas par l’interrogatoire des accusés comme prévu mais pas l’audition des juges d’instruction, du chef d’enquête et des enquêteurs.
La présidente, Laurence Massart, a expliqué avoir pris cette décision compte tenu du fait que plusieurs accusés ont déclaré, lundi, qu’ils attendraient la décision du juge des référés, au sujet de leurs conditions de transfert, avant de répondre éventuellement aux questions qui leur seront posées.
« Tout le monde sera entendu. Les victimes ont toute leur place dans ce procès d’assises », a-t-elle voulu rassurer les avocats de la partie civile. « Tous les accusés nous disent qu’ils ont envie de s’expliquer et de parler au jury. Mon souhait est qu’ils s’expliquent effectivement et que les jurés les entendent. Vous pouvez contester ma décision, mais on ne va pas y passer la journée. C’est la présidente qui est en charge de l’horaire », a-t-elle fermement déclaré.
La présidente a ainsi clos la discussion au sujet de la modification du planning des audiences, refusant de donner la parole à Me Guillaume Lys, l’un des conseils de l’association de victimes V-Europe, après avoir permis tout d’abord à un autre conseil de la partie civile, Me Nicolas Estienne, de s’exprimer.
« Certaines parties civiles ont déjà pris leurs billets d’avion, madame la présidente – certaines viennent des États-Unis – pour assister au procès en fonction de l’horaire qui nous a été communiqué », a réagi Me Estienne, mécontent de ce changement de dernière minute. « On tient compte du transfert des détenus, mais est-ce qu’on tient compte du transfert des victimes, gravement atteintes, de leur fauteuil roulant vers leurs voitures, chaque jour pour venir au procès? Je suis consterné de voir que certains des accusés font ce que j’appelle un chantage, ce qui fait très mal aux victimes », s’est-il exprimé.
En commençant par l’audition de toute l’équipe d’enquête, ce qui devrait occuper la cour un mois environ, la présidente s’assure, comme elle l’a expliqué, que la question des conditions de transfert sera balayée avant de commencer à interroger les accusés, y compris en cas d’un éventuel appel de la décision qui sera rendue par le juge des référés.
Les débats au sujet des conditions de transfert des accusés détenus se tiendront vendredi matin devant le tribunal civil de Bruxelles, siégeant en référé, au Justitia à Haren. Six des sept accusés qui sont sous mandat d’arrêt ont assigné, via leurs avocats, l’État belge afin qu’il soit contraint de procéder aux transferts de la prison vers le palais de justice dans des conditions respectueuses des droits de l’homme.
Depuis plusieurs jours, les accusés détenus affirment subir des traitements inhumains et dégradants de la part des policiers qui assurent leur transfert, en les soumettant à des fouilles corporelles très intimes, ainsi qu’en leur brouillant la vue et l’ouïe.
Tous les accusés détenus sont présents dans le box, à l’exception de Salah Abdeslam
Les sept accusés détenus au procès des attentats du 22 mars 2016, à la cour d’assises de Bruxelles, sont présents dans le box mardi, à l’exception de Salah Abdeslam. Ce dernier est absent au procès depuis plusieurs jours. Un certificat médical a été remis lundi à la cour le concernant.
La cour a acté 111 nouvelles constitutions de partie civile mardi
La cour d’assises de Bruxelles a acté, mardi, 111 nouvelles constitutions de partie civile au procès des attentats du 22 mars 2016, qui s’ajoutent aux 957 autres déjà actées. Parmi ces dernières personnes qui ont sauté le pas de se constituer partie civile dans ce procès hors-normes figurent des victimes directes de l’attentat dans la station de métro Maelbeek ou de l’attentat dans le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles-National à Zaventem, ainsi que des proches de ces victimes.
Ces personnes ont également précisé, mardi, si elles désirent témoigner devant la cour ou non. Les décisions sont très partagées. Parmi ces nouvelles constitutions figurent notamment la Stib, la société de transports en commun bruxellois, qui était déjà constituée comme « personne lésée ». Quatre de ses agents, présents lors de l’attentat à Maelbeek, se sont aussi constitués partie civile.