Procès des attentats de Bruxelles: Osama Krayem est identifié en croisant photos, empreintes et renseignements suédois
Le suspect qui est vu en train de parler à Khalid El Bakraoui, kamikaze de Maelbeek, est finalement identifié début avril 2016 comme étant l’accusé Osama Krayem, ont exposé les chefs d’enquête, mercredi après-midi devant la cour d’assises de Bruxelles, au procès des attentats du 22 mars 2016.
Les policiers ont croisé plusieurs données pour l’identifier: les images de l’individu – qui porte lui aussi un gros sac à dos – discutant avec Khalid El Bakraoui peu avant l’attentat, des empreintes digitales relevées dans la planque de la rue Max Roos à Schaerbeek – qui correspondent à un dénommé Naïm Al Ahmed – et des informations des services de renseignement suédois.
Les enquêteurs ont pu extraire des images relativement nettes du suspect filmé à la station de métro Pétillon, semblant discuter brièvement avec le kamikaze Khalid El Bakraoui avant que ce dernier ne descende dans la station. Ce suspect portait le même grand sac à dos que celui qu’El Bakraoui a utilisé pour transporter sa bombe artisanale. L’individu quitte Pétillon à 08h49 le 22 mars 2016 et El Bakraoui déclenchera sa bombe à 09h10, dans la deuxième voiture d’une rame de métro qui quittait la station Maelbeek.
Les enquêteurs ont aussi obtenu des images de l’homme qui a acheté les deux sacs à dos en question, dans un magasin d’articles de sport de la galerie commerciale City 2 à Bruxelles, la veille des attentats. Ils constatent alors que cet homme et le suspect de la station Pétillon sont probablement le même individu.
« Le 24 mars, on a une correspondance entre des empreintes relevées dans l’appartement conspiratif de la rue Max Roos [découvert rapidement après l’attentat à l’aéroport, NDLR] et un dénommé Naïm Al Ahmed, syrien », a poursuivi la seconde cheffe d’enquête. « Fin mars, on demande d’avoir accès au dossier des attentats à Paris. Il faut savoir que certains membres des commandos de Paris ont été enregistrés parmi des migrants à des ‘check points’, en quittant la Syrie. On se concentre sur l’arrivée des protagonistes en Europe. »
C’est ainsi que les enquêteurs obtiennent une photo du dénommé Naïm Al Ahmed, lors de son passage à l’un de ces points de contrôle, sur l’île grecque de Leros. Le service des portraitistes de la police fédérale compare alors les trois clichés (à Leros, City 2 et Pétillon) et confirme qu’il s’agit « plus que vraisemblablement » de la même personne.
Enfin, les enquêteurs reçoivent des informations des services de renseignement suédois. Celles-ci révèlent que ces clichés pourraient correspondre à une personne disparue en Suède en août 2014, Osama Krayem. L’accusé serait ainsi entré en Europe sous la fausse identité de Naïm Al Ahmed.