L’avocat Marc Uyttendaele visé par une plainte pour agression sexuelle (info Le Vif)
Le 8 mai dernier, l’avocat pénaliste Marc Uyttendaele a fait l’objet d’une plainte pour atteinte à l’intégrité sexuelle. Les faits dénoncés par la victime supposée (une ancienne collaboratrice) remonteraient à 2022. L’intéressé dément formellement.
Son nom figure en bonne place, parmi une petite centaine de signataires désireux d’apporter leur soutien au Conseil des femmes francophones de Belgique, association féministe en proie à des problèmes de financement. Le 27 mai dernier, lorsque ce communiqué est diffusé à la presse, Marc Uyttendaele l’ignore encore, mais il est visé, depuis une vingtaine de jours, par une plainte. Pour atteinte à l’intégrité sexuelle, déposée auprès du procureur du Roi de Bruxelles.
C’est notamment cette implication de l’avocat pénaliste dans la défense du droit des femmes qui a poussé Sarah (1) à porter l’affaire en justice, écrit-elle dans sa plainte, dont Le Vif a pu prendre connaissance. «Lors d’un 8 mars, ou à l’occasion d’un article de presse, il se rappelait à mon souvenir […] Je voulais laisser cela derrière moi [mais] cette impunité suscitait de la colère en moi.»
Quels gestes ont été posés, l’après-midi du mercredi 6 avril 2022, dans les bureaux d’UGKA (Uyttendaele Gerard Kennes et Associés) ? Celui qui officie également comme professeur à l’ULB fume la pipe, Sarah boit un verre: sur ce point, selon les informations que Le Vif a pu récolter, les récits des deux parties convergent. Comme sur la genèse de la rencontre et le déroulé de leur brève relation professionnelle.
En février 2022, Sarah vient de quitter son job de juriste et passe un entretien d’embauche au cabinet UGKA. Qu’elle connaît bien, pour avoir longtemps travaillé avec l’une de ses collaboratrices et, à l’occasion, avec Marc Uyttendaele lui-même. Elle décroche le job et doit débuter en avril ; parce qu’il s’agit du début d’un trimestre, mais aussi car elle a planifié en mars des vacances à l’étranger.
Séjour durant lequel ils s’échangent plusieurs messages sur WhatsApp. Qui dépassent le cadre strictement professionnel: suggestions de livres à découvrir au soleil, citations d’auteurs, photos de plage, invitation à une soirée d’anniversaire… «Une relation amicale s’est nouée», résume-t-elle dans sa plainte. Le 4 avril 2022, lorsque la jeune femme prête serment au Barreau de Bruxelles, Marc Uyttendaele invite au restaurant les amis et les membres de la famille présents pour l’occasion.
Du 1er au 6 avril 2022, l’avocat et sa nouvelle recrue (il est son maître de stage) travaillent ensemble. Et prennent l’habitude de discuter, en fin de journée, ce 6 avril comme les autres jours.
« Mon client est abasourdi et conteste totalement toutes ces accusations mensongères. Il s’interroge sur les motivations et le moment de cette plainte »
Jean-Pierre Buyle, avocat de Marc Uyttendaele
Cette fin d’après-midi-là, Sarah décrit une progressive entreprise de déboutonnage de son manteau, des contacts tactiles «par à-coups». «Je finis par lui dire que je suis mal à l’aise», précise-t-elle dans sa plainte. Mais la main de l’avocat serait in fine passée sous sa robe, ses collants, «pour arriver sur [sa] culotte» puis dans son soutien-gorge, pour toucher sa poitrine. «Je n’arrive toujours pas à bouger et je me souviens que je continue de lui demander d’arrêter.»
Marc Uyttendaele ne souhaite pas rendre publique sa version des faits. Son avocat, maître Jean-Pierre Buyle, indique toutefois que son client est «abasourdi et qu’il conteste totalement toutes ces accusations mensongères. Il s’interroge sur les motivations et le moment de cette plainte».
Quoi qu’il se soit passé dans ce bureau, le 6 avril 2022, cela aura conduit à la démission de Sarah deux jours plus tard, le 8. Ensemble, les deux conviendront dans la foulée d’une version à raconter – une incompréhension quant aux conditions de rémunération – à ceux qui s’étonneraient que cette collaboration n’ait duré qu’une semaine. C’est cette explication, d’ailleurs, que Marc Uyttendaele avancera la toute première fois qu’il fut contacté par Le Vif.
Dans sa plainte, Sarah explique avoir mis du temps à oser porter l’affaire en justice. Notamment par crainte d’éventuelles représailles professionnelles. Et par honte.
Jean-Pierre Buyle indique qu’il prendra «toutes les actions qui visent à prouver l’honorabilité» de son client et démontrer l’absence de toute atteinte à l’intégrité sexuelle (nouvelle appellation de l’attentat à la pudeur depuis la réforme du Code pénal en 2022 ; cette dénomination recouvrant les agressions sexuelles qui n’impliquent pas de pénétration).
L’avocat n’a pas été entendu ni été convoqué par la justice. Le parquet de Bruxelles confirme être en contact avec l’avocat de la plaignante mais ne souhaite « pas communiquer à ce stade ».
(1) Le prénom a été modifié
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