Eric Snoeck

« La lutte contre le crime organisé débute en Équateur et se termine au Peterbos »

La police judiciaire fédérale (PJF) s’est plus que jamais concentrée en 2023 sur la lutte contre la criminalité organisée, dont fait partie celle liée aux trafics de stupéfiants.

C’est ce qui ressort du rapport annuel présenté par le commissaire général ad interim de la police fédérale, Eric Snoeck. « Il ne s’agit pas d’un exercice d’autosatisfaction, mais d’un souci de transparence pour sensibiliser le public », a-t-il commenté.

Le bilan de l’année 2023 montre que la police judiciaire fédérale « n’a jamais arrêté autant de personnes » liées à des organisations criminelles. Des personnes se situant « à des postes de plus en plus importants », a ajouté le commissaire général. 

Au total, 4.087 nouvelles enquêtes ont été ouvertes en 2023, menant à la saisie de plus de 213 millions d’euros. Un quart de la capacité d’enquête de la PJF (24,6%) a été consacré l’an dernier à des affaires liées à la criminalité autour des trafics de stupéfiants, a précisé Eric Snoeck.

Cela a mené à la découverte de 135 caches de stupéfiants dans des véhicules, dissimulant notamment plus de 2,3 tonnes de cocaïne. Par ailleurs, les chiens renifleurs de la police fédérale ont détecté plus d’une tonne de cocaïne et 13 kilos d’héroïne, ainsi que près d’un million d’euros en espèces. La police de la navigation a également participé à cette lutte contre les organisations criminelles, notamment par la création d’un corps de sécurisation portuaire au sein du port d’Anvers.

Plus de 150 arrestations liées à la drogue ont été enregistrées aux ports d’Anvers et de Gand. La police de la route et celle des chemins de fer ont par ailleurs réalisé plusieurs actions de contrôle pour lutter contre les réseaux de distribution de drogue sur la route et à bord des trains.

L’an dernier, 4.707 années d’emprisonnement ont été prononcées à la suite d’enquêtes menées par la PJF, dont 2.130 années pour des délits liés à la drogue. Plusieurs affaires ont débuté en 2021 après le décryptage des messageries Encrochat et Sky ECC.

La coopération internationale a également été cruciale en 2023. « La lutte contre le crime organisé débute en Équateur et se termine au Peterbos (quartier d’Anderlecht, NDLR), à Borgerhout ou Herstal. En tant que police fédérale, nous devons investir partout », a confié Eric Snoeck. Un nouvel officier de liaison, compétent pour plusieurs pays d’Amérique du Sud, a ainsi été installé en Équateur.

Des accords de coopération internationale ont en prime été signés avec l’Équateur et l’Argentine pour favoriser l’échange d’informations et les demandes d’entraide judiciaire internationale.  Plus de 570.000 messages sont par ailleurs échangés chaque année avec les autorités étrangères.

« La police fédérale enquête sur des réseaux criminels qui, par définition, opèrent au niveau international. Si nous regardons ce qui se passe à Bruxelles, nous pouvons dire qu’il s’agit d’un problème qui doit être combattu au niveau international », a estimé le ministre fédéral de la Justice Paul Van Tigchelt (Open Vld). Il y a par exemple des indications que la mafia marseillaise, en France, tente de s’approprier le marché des stupéfiants à Bruxelles, notamment au Peterbos.

Les enquêtes autour de Sky ECC ont par ailleurs montré que la mafia albanaise s’est installée dans la capitale et y importe de la cocaïne via son port. « Nous poursuivons cette bataille et nous la menons avec succès, même si cela ne signifie pas que les problèmes seront résolus du jour au lendemain », a assuré le ministre de la Justice.

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