« Julie serait encore en vie si chacun au sein du monde judiciaire avait pris ses responsabilités »
Les parents de Julie Van Espen, assassinée en mai 2019, appellent le monde judiciaire à prendre ses responsabilités.
Les parents et la famille de Julie Van Espen, cette étudiante anversoise assassinée par Steve Bakelmans en mai 2019, ont adressé vendredi une lettre ouverte à l’ensemble des ministres compétents et des présidents de parti dans laquelle ils dressent un bilan de la situation quatre ans après l’assassinat de la jeune femme par un homme déjà condamné à deux reprises pour viol.
Les proches de la victime demandent en premier lieu que chacun prenne ses responsabilités car, constatent ces derniers, « Julie serait encore en vie si chacun au sein du monde judiciaire avait pris ses responsabilités ». Les parents plaident dès lors en faveur d’un allongement de la période pendant laquelle on peut déposer plainte ainsi qu’une évaluation des chefs de corps au sein des parquets et des tribunaux. Ce dernier point nécessiterait toutefois un amendement de la Constitution.
Le travail en matière de suivi des auteurs de violences sexuelles demeure important selon les parents de Julie Van Espen. « La plupart des délinquants sexuels semblent simplement purger leur peine afin de ne pas être soignés. L’assassin de Julie ne voulait pas non plus être soigné et a simplement purgé sa peine infligée à l’occasion d’une condamnation antérieure. » C’est pourquoi les parents réclament des centres psychiatriques médico-légaux supplémentaires ainsi qu’un accompagnement au sein des prisons.
Les parents de la jeune étudiante notent également un certain nombre de développements positifs comme la création de cinq centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) au cours des trois dernières années ainsi que le début de la digitalisation de la Justice. Les proches de la jeune femme se réjouissent également de la sensibilisation accrue aux comportements sexuellement transgressifs, notamment l’extension de l’extrait de casier judiciaire pour ceux qui travaillent avec des mineurs, même s’ils s’interrogent sur le fait que le secteur de la jeunesse semble être une exception.
Les parents de la victime réitèrent par ailleurs leur demande que les délits sexuels soient par définition traités à huis clos. « Nous comprenons évidemment l’importance de la publicité, mais dans le cas précis des affaires d’agressions sexuelles (et sur la base de notre propre expérience), nous pensons que la vie privée de la victime prime sur celle de la publicité des débats« , expliquent les parents. « On s’interroge en outre sur l’intérêt de rapporter chaque fait d’un procès d’assises dans les médias. Le ‘blog quotidien’ de divers sites d’information peut aussi dissuader les victimes de témoigner dans les affaires de moeurs. »
Les parents de Julie Van Espen saluent, enfin, la réforme en profondeur de la loi pénale sexuelle. « Sur la base des quatre dernières années, nous avons pu constater que des progrès ont enfin réalisés par la Justice », soulignent-ils. « Dans certains domaines, nous avons déjà parcouru un long chemin, dans d’autres, il reste encore une montagne de travail à faire. » Les proches de la jeune femme espèrent que le travail pourra se poursuivre encore cette année et ce en dépit de l’approche des élections de 2024.