Votre commune fait-elle partie des plus cambriolées en Wallonie et à Bruxelles ? (carte interactive)

Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

A Bruxelles et en Wallonie, ces dix dernières années, le nombre de cambriolages a diminué de plus de 45%. Mais les voleurs n’ont pas disparu : ils se sont probablement plutôt reconvertis. Votre commune fait-elle partie des rares où les vols ont augmenté ?

Où sont passés les cambrioleurs ? Certes, en 2022, ils ont repris un peu plus intensivement du service : 39 934 faits ont été enregistrés en Belgique, soit une hausse de 16% par rapport à l’année précédente… influencée par le Covid. Mais ce regain est l’exception qui confirme la tendance à la baisse depuis une dizaine d’années. En Wallonie et à Bruxelles, entre 2013 et 2022 (date des dernières statistiques policières disponibles), la diminution s’élève à 45,6%.

Alors, où sont désormais les voleurs ? Ils n’ont pas disparu. La criminalité suit le principe des vases communicants : si l’une de ses « filières » faiblit, c’est qu’une autre a pris le relais. Les délinquants se trouvent aujourd’hui probablement derrière un ordinateur. « On pense qu’il y a eu un déplacement de la délinquance matérielle concrète vers une délinquance informatique », explique Vincent Francis, professeur de criminologie à l’UCLouvain. « La fraude informatique est en constante augmentation ces dernières années, et est surtout liée aux nouvelles pratiques des bandes itinérantes », abonde David Quinaux, porte-parole de la zone de police de Charleroi, où les cambriolages ont diminué de 59% ces dix dernières années.

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A moins que les cambrioleurs se soient reconvertis en dealers. « On a de fortes raisons de penser qu’une bonne partie d’entre eux se sont tournés vers une activité qui ne demande pas plus de compétences, mais tout autant de cran : le trafic de stupéfiants », poursuit Vincent Francis. Prudemment : des études doivent encore le prouver. « Mais ce type de criminalité génère des avantages patrimoniaux beaucoup plus importants que les atteintes contre la propriété », avance le criminologue.

Dissuasion efficace

D’autant que les propriétaires ont tendance à compliquer de plus en plus la tâche aux intrus. « Les biens sont davantage protégés, on le voit au niveau des habitations mais aussi dans le domaine automobile », affirme Vincent Francis. Si les alarmes ne sont pas toujours dissuasives, « elles permettent néanmoins une réaction plus rapide en cas d’effraction. Sur base de la littérature étrangère, il semblerait que les discours de protection des biens aient un réel impact sur la sécurité des propriétés privées. » Des observations qui doivent encore être confirmées en terres belges.

De nombreuses zones de police ont toutefois augmenté leurs services de techno-prévention. « Ceux-ci offrent aux habitants la possibilité de mieux sécuriser leur maison en faisant appel à un conseiller qui va dresser un bilan de faiblesses de l’habitation », explique Audrey Dereymaeker, porte-parole de la zone de police Bruxelles Nord.

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Sur l’ensemble des 19 communes bruxelloises et des 262 wallonnes, les cambriolages ont seulement augmenté cette dernière décennie dans 7 entités, comme l’indique l’infographie ci-dessus (Uccle, Waterloo, Wavre, Mont-Saint-Guibert, Chièvre, Herbeumont et Tintigny).

Néanmoins, les arrondissements de Liège et de Charleroi restent ceux enregistrant les taux les plus hauts. Le Brabant wallon est lui aussi particulièrement concerné. Pourquoi telles zones sont-elles plus sensibles que d’autres ?

« Il est compliqué de comprendre pourquoi une commune est plus cambriolée qu’une autre, répondait André Lemaître, criminologue émérite à l’ULiège, au Vif en 2023. Le vol dans les habitations ne peut pas être englobé dans un seul phénomène. Il faut notamment faire la différence entre une bande organisée – qu’elle soit belge ou active à l’étranger –, qui va sévir dans des communes frontalières, et un cambrioleur opportuniste« . 

Les bandes organisées transfrontalières compliquent souvent le travail des enquêteurs, malgré une coopération croissante. Mais lorsqu’une d’entre elles est débusquée, l’impact sur les statistiques d’une zone est assez visible et rapide.

Plus globalement, certains paramètres permettent de comprendre la répartition géographique des cambriolages. Selon André Lemaître, les voleurs agissent en fonction de trois principaux critères :

  • La facilité d’accès,
  • l’absence de surveillance (organisée via du gardiennage ou informelle, via les voisins par exemple)
  • et l’importance du butin. « Un ordinateur, il y a vingt ans, coûtait bien plus qu’aujourd’hui. Il y a souvent moins de biens de valeurs à voler et donc à revendre. »

Ces trois paramètres expliquent la vulnérabilité des grandes villes. « Elles sont plus anonymes. Leur situation socio-économique est souvent moins favorable donc les habitants ont moins les moyens de se protéger. Les axes de circulation vont avoir moins d’importance, pour arriver et surtout partir facilement ; c’est le même principe avec les maisons isolées », énumère le criminologue de l’Uliège.

Enfin, une maison qui a déjà été cambriolée a… plus de « chances » de l’être à nouveau, dans les semaines ou les mois qui suivent. « Pour deux raisons, conclut André Lemaître. Parce que le bouche à oreille entre cambrioleurs fonctionne et parce que les biens volés ont, en principe, été renouvelés grâce aux assurances. »

Aurore Wion

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