Tentative d’enlèvement de Vincent Van Quickenborne: retour sur une affaire rocambolesque
La Belgique a évité le pire… par hasard! La fouille d’un véhicule aura permis de déjouer le plan d’enlèvement du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Kalachnikov, gilet pare-balles, bouteille de gaz… Les suspects semblaient bien préparés.
Ceci n’est pas une fiction: le ministre de la justice Vincent Van Quickenborne a été placé sous haute surveillance après des menaces d’enlèvement à son encontre. Depuis lors, quatre hommes ont été interpellés. Le milieu de la drogue est dans le viseur des autorités…
L’affaire a débuté jeudi dernier: lors d’un contrôle de routine effectué par une patrouille de la zone de police de Courtrai, quatre hommes à bord d’un véhicule immatriculé aux Pays-Bas sont interpellés par les forces de l’ordre aux abords de la villa occupée par le ministre et sa famille. Fouille de la voiture, contrôle d’identité… Rien d’anormal. Les quatre hommes peuvent repartir. Plaque d’immatriculation, noms, prénoms et origine des individus seront toutefois enregistrés dans les fichiers de la police belge.
Dans l’après-midi, alors que Vincent Van Quickenborne rentre de New-York après avoir participé à l’Assemblée générale de l’ONU, il reçoit un appel du procureur fédéral Frédéric Van Leeuw. « Il m’a averti d’un projet d’enlèvement visant ma personne », a déclaré Vincent Van Quickenborne samedi dans un message vidéo. La police avait déployé ses forces dans le quartier résidentiel où vit l’homme politique, et sa famille et lui-même avaient été immédiatemment placés sous sécurité renforcée dans une safe house, un lieu tenu secret.
« Une enquête a été immédiatement ouverte et confiée à un juge d’instruction de l’arrondissement judiciaire de Flandre occidentale », a confirmé le parquet fédéral. « Les premiers éléments de l’enquête ont rapidement indiqué que cette menace devait être prise au sérieux. »
Deuxième voiture suspecte: la menace confirmée
Vendredi, le hasard fait une nouvelle fois bien les choses: l’appel d’un habitant du quartier met les forces de police sur la piste des potentiels ravisseurs. Ce matin-là, une voisine du ministre contacte en effet la zone de police VLAS (Courtrai, Kuurne, Lendelede) pour signaler la présence d’un véhicule vide garé devant la porte de son garage et bloquant ainsi le passage. Il s’agit d’une Renault Megane avec une plaque d’immatriculation néerlandaise.
En vérifiant la plaque d’immatriculation, les policiers se rendent compte qu’il s’agit d’une voiture volée aux Pays-Bas peu de temps auparavant. Immédiatement, les enquêteurs procèdent à une fouille minutieuse du véhicule et y trouvent une kalachnikov, un gilet pare-balles, des sangles, un bidon d’essence, du ruban d’adhésif et une bouteille de gaz…
« C’est du déjà-vu dans des tentatives d’enlèvement: le groupe arrive sur place avec deux véhicules, un non-suspect, l’autre volé. Le volé servira à l’enlèvement proprement dit, avant d’être brûlé plus loin pour effacer les traces. D’où la présence d’un bidon d’essence », révèle une source judiciaire au Soir.
Quatre suspects rapidement interpellés
Grâce aux informations récupérées la veille lors du premier contrôle, une chasse à l’homme est lancée. L’itinéraire de la voiture suspecte de la veille est retracée grâce aux caméras ANPR (Automatic Number Plate Recognition) présentes en Belgique: elle roule vers la Haye. Samedi matin, vers 11h, le parquet fédéral signale que trois personnes ont été privées de liberté aux Pays-Bas la nuit précédente: il s’agit de trois hommes âgés de 20, 29 et 48 ans originaires de La Haye. La quatrième suspect est quant à lui appréhendé dimanche après-midi. Les quatre suspects néerlandais restent détenus ce lundi soir, a tranché le procureur du Roi d’Amsterdam. Ils ont par contre tous les quatre refusé la procédure accélérée de remise à la Belgique. Le tribunal d’Amsterdam devra donc se prononcer dans les 60 jours sur une remise éventuelle.
Reste à connaître leur mobile. Le milieu de la drogue serait directement impliqué dans l’affaire, selon plusieurs sources. Le ministre lui-même n’a pas exclu cette idée. Et pour cause: le 9 décembre 2021, Van Quickenborne et Frédéric Van Leeuw ont signé un accord d’extradition et un traité d’entraide judiciaire avec les Émirats arabes unis afin de traquer plusieurs figures clés impliqués dans l’enquête sur Sky-ECC qui se cachent à Dubaï. Ce réseau de télécommunication crypté est utilisé par de nombreux narcotrafiquants, notamment la mafia de la drogue présente à Anvers.
La situation « me conforte dans ma conviction qu’il faut continuer à lutter. Les criminels se sentent acculés, et c’est légitime. Car nous continuerons de combattre le crime organisé, avec plus d’effectifs et de moyens qu’auparavant », a encore précisé le ministre dans sa vidéo samedi. Et d’ajouter : « Dans notre État de droit démocratique, nous ne céderons jamais à la violence. Jamais. »
La séance de la commission de la Justice de la Chambre est annulée
La réunion de la commission de la Justice de la Chambre prévue lundi a été annulée en raison de la sécurité renforcée dont le ministre en charge, Vincent van Quickenborne, fait l’objet. La commission aurait normalement dû procéder à un échange de vues avec le ministre Open VLD sur la violence liée à la drogue, mais après les événements du week-end, l’agenda du ministre a été modifié.
Le ministre a déjà annoncé qu’il ne pourra pas participer à certaines activités prévues dans les prochains jours, par mesure de précaution. Le porte-parole du ministre Van Quickenborne a précisé -qu’aucun autre détail ne sera communiqué sur l’agenda du ministre, mais qu’il participera aux activités et aux réunions par voie digitale, dans la mesure du possible.
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