Julien Moinil, procureur du Roi de Bruxelles. © Belga

« Cela fait des années que nous avons ce problème de fusillades et de drogue »: l’avertissement du procureur du Roi de Bruxelles

Julien Moinil, procureur du Roi de Bruxelles depuis janvier, était invité en commission de la Chambre, mardi. Il s’est exprimé sur les fusillades à répétition dans la capitale.

Le procureur du Roi de Bruxelles Julien Moinil a demandé d’accélérer la cartographie des groupes criminels actifs dans le trafic de drogue, a-t-il indiqué mardi en commission de la Chambre, après les incidents de tirs à l’arme à feu qui se sont multipliés ces derniers temps en Région bruxelloise, notamment à Anderlecht et Forest.

Le magistrat salue l’arrivée d’agents supplémentaires à la PJF de Bruxelles, décidée en urgence par le gouvernement fédéral, mais il met en garde: ce n’est pas suffisant. Les cadres de la magistrature et du personnel judiciaire doivent être remplis, a-t-il martelé, tandis que les autres maillons de la chaîne ont aussi urgemment besoin de renforcement, de l’aide à la jeunesse au SPF Justice, en passant par les polices locales et fédérale.

En fonction depuis janvier, et très rapidement confronté à ces fusillades qui font la Une des journaux, le procureur du Roi avait rassemblé la police fédérale et les zones de police bruxelloises pour demander « une image complète » des groupes qui se livrent une guerre pour le contrôle de lieux de deal. Histoire de savoir « contre qui on doit se battre ». Il a raccourci le délai et attend cette analyse complète « pour la fin du mois », a-t-il indiqué, en faisant l’état des lieux de la lutte contre les violences liées au trafic de drogue dans la capitale.

Julien Moinil avait déjà longuement exposé sa vision des choses le 18 février… au Parlement bruxellois. Une invitation un peu « surprenante », a-t-il répété mardi, car l’essentiel des compétences en la matière se situe bien au niveau fédéral, pas régional. Ce jour-là, le procureur du Roi ne s’était pas privé de critiquer avec force le désinvestissement du fédéral en la police et la justice, résultant en un manque de moyens et de personnel qui handicapent fortement la Justice dans sa lutte contre les narcotrafiquants.

« Si j’ai parfois eu des mots durs envers le politique, c’est parce que ça fait des années que nous avons ce problème de fusillades et de drogue« , a-t-il exposé devant les commissions Intérieur et Justice rassemblées. Après la succession d’incidents violents à l’arme à feu en février, « j’ai eu immédiatement 25 personnes supplémentaires à la PJF de Bruxelles, ce qui est une bouffée d’oxygène pour mener ces enquêtes », constate-t-il. « Mais c’est insuffisant. J’espère que les efforts de capacité se poursuivront ».

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