Joseph Junker
Jusqu’à quand les syndicats abuseront-ils de notre patience ?
J’ai toujours eu le plus grand respect pour la concertation sociale. Mais le 19 octobre, par ses actions irresponsables, la FGTB vient de me convaincre qu’elle est la meilleure des réclames contre le droit de grève.
J’ai toujours eu le plus grand respect pour la concertation sociale. Une telle expression du pouvoir laissé à l’échelon le plus bas, un tel signe de la responsabilité dont sont capables employeurs et employés est une chose bien trop précieuse que pour la laisser se perdre.
Dans un monde qui chaque jour se technocratise un peu plus, qu’il fait du bien de voir cela ! Aussi ai-je toujours entouré du manteau de la bienveillance un certain nombre d’anomalies et d’écarts qui sont monnaie courante dans le monde syndical. L’opacité, le manque de transparence, les actions borderlines , les slogans délicieusement désuets,… toutes choses qui ne valent pas le bénéfice de disposer d’une représentation performante du personnel. De même, le besoin de cacher le ‘trésor de guerre’ et celui d’éviter de régler trop souvent devant le juge des conflits sociaux m’apparaissaient jusqu’à présent comme la nécessaire zone grise qui justifiait l’absence de personnalité juridique. En fait, j’ai toujours vu cette dernière comme l’outil dont saurait user sagement toute représentation syndicale animée par la recherche du bien commun.
Mais ça, c’était avant. Et tout a une fin, même la patience d’un bon petit belge.
Le devoir de se taire et le droit de prendre en otage
On ne peut en effet indéfiniment réclamer de tous le devoir de se taire, tout en s’arrogeant le droit de se comporter en voyou, d’immobiliser un pays entier au service de son opinion, d’annexer comme porte-voix géant un des axes routiers les plus fréquentés d’Europe, de casser la figure des automobilistes qui ont le mauvais goût de ne pas apprécier, d’harceler des responsables politiques jusqu’à leur domicile, de compter des émeutiers dans ses rangs, de dégrader sciemment la propriété de l’état (donc de tous), de commettre des actes de sabotage sur des voies de chemin de fer, d’entraver le libre accès à leur travail des employés d’autres syndicats (ou tout simplement d’un autre point de vue), d’intimider violemment des gérants de magasins en vue de les forcer à la grève, voire parfois de séquestrer des membres de la direction !
Comment seriez-vous traité comme citoyen, si vous n’effectuiez ne fût-ce qu’une seule de ces actions ? Combien de minutes s’écoulerait-il avant que vous ne soyez proprement embastillé, quand bien-même vos actes auraient-ils été dictés par la plus noble des causes ?
La FGTB est la meilleure des réclames contre le droit de grève
Oh, n’allez pas croire que toute ma sympathie va au tax shift à la suédoise du gouvernement. J’appartiens au contraire à la classe moyenne normale, cette catégorie de citoyen qui trop souvent fait office de vache à lait de tous les gouvernements tout en restant dans l’angle mort des syndicats. Trop riche pour être aidé, trop pauvre pour amasser.
Mais considérons le lamentable spectacle de ce jour : que doit donc penser le père de famille moyen que je suis qui s’inquiète pour l’avenir de ses enfants ? Dois-je donc m’identifier à ce quarteron de sans-culottes qui prétend se battre pour la jeunesse et semble ne penser qu’à sa pension ? Croit-on vraiment que je puisse ne fût-ce qu’un instant désirer que mes enfants vivent dans un monde où le dernier mot irait à une bande de gamins gâtés et mal élevés prêts à tout casser pour qu’on tienne compte de leur opinion ? Dois-je vraiment me convaincre que c’est en se battant pour des privilèges du passé qu’un avenir meilleur sera assuré à ma progéniture ?
Il est temps que chaque citoyen puisse répondre de ses actes
Que du contraire. Par ses actions irresponsables de ce 19 octobre, la FGTB vient de me convaincre qu’il est plus que temps que nous vivions dans un monde où chacun peut être tenu responsable de ses actes et que les syndicats reçoivent donc la personnalité juridique. L’opposition à un gouvernement certes tranché, mais démocratiquement élu ne peut indéfiniment tout se permettre dans la plus parfaite impunité. Ce n’est plus justifiable auprès du citoyen de la classe moyenne qui travaille dur, ce n’est plus justifiable auprès des familles qui préparent l’avenir, et de toutes les autres catégories qui sont trop souvent oubliées tant par le gouvernement que par les syndicats.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici